Lénine (1870 - 1924)

Profession : révolutionnaire

L'ombre de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, a dominé la plus grande partie du XXe siècle.

Agitateur russe, adepte de la philosophie marxiste, il s'empare du pouvoir avec ses militants en profitant du délitement de la démocratie issue de la Révolution de Février (1917), pendant la Première Guerre mondiale.

Un révolutionnaire de l'exil

Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine (Simbirsk -aujourd'hui Oulianovsk-, 22 avril 1870 ; Vichnie Gorki -aujourd'hui Gorki-, 21 janvier 1924), tableau de SerovVladimir Ilitch Oulianov naît dans la famille d'un fonctionnaire anobli par le tsar. Son frère aîné est pendu néanmoins en 1887 pour avoir comploté contre la vie du souverain.

Vladimir découvre la doctrine marxiste avec sa compagne, Nadejda Kroupskaia, d'origine bourgeoise comme lui. Condamné à la relégation (l'exil en Sibérie), le couple s'établit au bord de la Léna (d'où le surnom Lénine).

En 1900, Lénine part avec sa femme en Suisse. Deux ans plus tard, il publie un opuscule : Que faire ? où il affiche sa différence avec la doctrine marxiste qui voyait le communisme comme l'aboutissement inéluctable des luttes ouvrières.

Lénine fait valoir la nécessité de créer une avant-garde révolutionnaire qui montrera la voie aux ouvriers et les guidera vers des lendemains radieux, au besoin par la dictature.

Le 30 juillet 1903, à Bruxelles, au cours du congrès du Parti Ouvrier Social-Démocrate Russe (POSDR), se produit la scission entre les partisans de Lénine et les partisans de Martov. Les partisans de Lénine s'octroient l'épithète de bolcheviks ou bolchéviques (majoritaires en russe) et qualifient leurs rivaux de mencheviks (minoritaires).

Pendant la première révolution russe, en 1905, Lénine reste prudemment en exil.

Les Thèses d'Avril

Lénine profite de la chute du tsarisme et de l'avènement de la démocratie en Russie pour revenir le 16 avril 1917 à Petrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg).

Il publie le programme d'action de son parti : paix immédiate, le pouvoir aux soviets, les usines aux ouvriers, la terre aux paysans. Ces thèses d'Avril troublent les bolcheviques par leur radicalisme mais elles rencontrent l'adhésion des soldats et des paysans, excédés par une guerre sans issue qui a déjà coûté la vie à 2,5 millions de Russes.

La situation se corse pour Lénine. Le nouveau Premier ministre, le socialiste Alexandre Kerenski, ordonne son arrestation et il doit s'enfuir sans attendre en Finlande.

Révolution et terreur

Devant l'affaiblissement du gouvernement russe, Lénine, toujours en Finlande, juge enfin la situation mûre pour intervenir. Ce sera le coup d'État du 6 novembre 1917, aussi appelé Révolution d'Octobre.

Sans attendre, Lénine met en place les instruments de la dictature. Le 30 août 1918, au cours de la visite d'une usine, il est victime d'un attentat. L'auteur en est une militante socialiste-révolutionnaire (gauche démocratique) : Dora Kaplan. Grièvement blessé, Lénine se rétablit de façon quasi-miraculeuse et intensifie la répression.

La terreur de masse est institutionnalisée par le décret « Sur la terreur rouge », daté du 5 septembre 1918. La suite est une longue descente aux enfers : guerre civile, famines, camps de travail, exécutions sommaires....

L'horizon s'éclaircit en mars 1921, avec l'institution de la Nouvelle Politique Economique (NEP) qui insuffle un peu de liberté dans l'économie et la société russes.

Une succession très disputée

Lénine doit progressivement lâcher les commandes quelques mois plus tard, après une première attaque d'apoplexie en mai 1922. Il meurt dans sa maison de Gorki le 21 janvier 1924, à 53 ans.

C'est finalement l'opportuniste Staline qui l'emporte grâce à sa position clé au secrétariat général du parti. Son principal opposant, Trotski, prône la poursuite de la terreur révolutionnaire. Bien qu'étant le plus populaire (et le plus intelligent) des leaders bolcheviques postulant à la succession de Lénine, il est habilement mis sur la touche par Staline et bientôt obligé de fuir.

Publié ou mis à jour le : 2019-11-22 12:53:28
Jacques Groleau (21-01-2024 16:42:31)

Lénine a été, comme Trotski et plus encore Staline et Mao, un monstre, que la France devrait avoir honte d'avoir hébergé, et les Allemands, d'avoir favorisé le retour en Russie. Devraient aussi ... Lire la suite

Liger (19-04-2020 22:52:37)

Excellent article.

Il y a encore trente ans, on ne pouvait lire souvent de tels textes, durs mais exacts, tant les pressions, directes ou sournoises, de ce qui restait du PCF et des partis d'extrême-gauche étaient puissantes... sans compter les criailleries des ci-devant « idiots utiles » (c'est du Lénine dans le texte), à savoir tous ceux qui firent preuve pendant des décennies de complaisances incroyables à l'égard de l'URSS et de maints régimes épigones en martelant des fariboles et des mensonges, comme :
- les intentions étaient nobles mais l'exécution - c'est le cas de le dire ! - fut défectueuse ;
- variante de la précédente : c'est le méchant Staline qui a perverti le communisme apporté par le gentil (grand, génial, etc.) Lénine ;
- il ne faut pas désespérer Billancourt = oui, nous savons (et admettons en privé) que l'URSS n'est pas le modèle qui fit rêver la classe ouvrière mais il ne faut pas le dire en public car ce serait un coup dur pour les ouvriers : cette attitude dénote un mépris sans limite pour lesdits ouvriers jugés incapables d'encaisser la vérité ;
- etc.

Et, pendant des décennies, tous ces esprits « progressistes » ont monopolisé la parole en nous assénant – et sur quel ton ! – des « leçons » : leurs vociférations « répondaient », entre autres, aux révélations de Viktor Kravchenko ou à l’incontestable affirmation que Katyn était un crime soviétique ; et leurs imprécations couvraient sans se poser la moindre question la voix de ceux qui périssaient dans les goulags. Faut-il aussi rappeler l’acharnement de ces tenants de l’idéologie dominante à faire taire ceux qui – comme le très regretté Simon Leys, vrai spécialiste de la Chine, auquel de minables et déshonorantes intrigues fermèrent les portes de l’Université française – contestaient la nature paradisiaque de ces régimes dits « socialistes » ?

Cyniques ou inconscients, on en vit beaucoup passant plusieurs fois de suite sans état d’âme – à moins qu’ils pleurnichassent sur leur erreur passée avant de plonger avec ardeur dans une nouvelle – d’un « Paradis socialiste » à un autre, tournant maoïstes lorsqu’il ne leur fut plus possible de louer le stalinisme puis devenant laudateurs inconditionnels du castrisme, de Sékou Touré (l’immonde bourreau de la Guinée Conakry) ou de n’importe quel régime correspondant à leur nouvelle lubie. Ce fut par exemple le parcours de l’inimitable Roger Garaudy, pas plus perspicace en politique que Sartre. Et généralement, ni ces « intellectuels progressistes » ni leurs suiveurs n’ont, aujourd’hui encore, le courage et l’honnêteté de reconnaître leurs erreurs et le mal qu’elles ont causé ! Car, pour employer une expression chérie des communistes, ils furent objectivement complices de la dissimulation et de la négation de ces crimes. Or, plus on est instruit ou intelligent, plus on est responsable : « Dans les lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilité. » (Charles DE GAULLE)

Alors, bien évidemment, le travail de désintoxication reste nécessaire : il ne s'agit pas de « régler des comptes » ni de « salir la mémoire » d'un individu mort en 1924 mais de rappeler qu'il fut le créateur d'un régime liberticide (commençant par la dissolution de la Douma, embryon de démocratie) fondé sur l'oppression et la terreur qui martyrisa le peuple russe (auquel je ne ferai pas l'insulte de l'assimiler à l'URSS) et qui créa un système économique absurde lequel finit en « socialisme rhumatisant », comme l’écrivit cruellement mais justement André Fontaine. Cette dictature sans contrôle ni contre-pouvoir (cette dernière caractéristique étant l’héritage direct du « grand » Lénine) multiplia tortures, pillages, famines et déportations avant de frôler la destruction des mains de ses complices nazis. Et il faudrait jeter pudiquement le voile de l’oubli, voire du pardon, alors qu’il existe encore des rues Lénine ? C’est hallucinant et indécent car insultant la mémoire des victimes de ce régime brutal.

Voilà pourquoi cette tâche prophylactique reste indispensable : il faut que la connaissance la plus impartiale possible – et honnêtement documentée –bde l'Histoire remplace définitivement la propagande et les nostalgies déplacées, y compris celle du « grand Lénine ». Ceci d'autant plus que, depuis un siècle, les métastases du léninisme ont été nombreuses et parfois effroyables, comme le maoïsme ou le régime des Khmers rouges, inventeurs d'un des pires autogénocides de l'Histoire, sans parler d’un certain nombre de régimes et mouvements dans le Tiers-Monde ou du régime de la Corée du Nord, toujours en place, qui a fait périr de famine 1 à 2 millions de Coréens. Oui, le ventre est encore fécond d'où sortit cette autre bête immonde...

Le 23 mai 1985, lors d’une mémorable émission de la série Apostrophes, voici ce que dit le très lucide et savant sinologue, Simon Leys, à Maria-Antonietta Macciocchci qui avait pondu en 1971 un livre inepte intitulé, en toute modestie, « De la Chine », dans lequel elle clamait à chaque ligne sa dévote admiration pour le régime de Mao Tsé Tung : « Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécillités comme les pommiers produisent des pommes ; mais je ne peux pas accepter, moi qui ai vu le fleuve Jaune charrier des cadavres chaque jour depuis mes fenêtres, cette vision idyllique de la Révolution culturelle. » Tous les thuriféraires du léninisme et de ses variantes, ainsi que leurs complices et suiveurs méritent de telles volées de bois vert.

Rendons enfin hommage à des esprits lucides, honnêtes et courageux, comme André Gide ou Raymond Aron, qui, courageusement, surent faire preuve de sens critique sans se soucier des dogmes ni des modes, alors que Jean-Paul Sartre, grand écrivain et philosophe se déshonora presque constamment dans ses prises de positions politiques.

En conclusion, dans cette affaire, je propose les deux citations suivantes comme viatique :
- « Ne rien accepter sans examen » (Kant : de temps en temps, il est lisible)
- « Je me suis trompée… [pause] Je n'avais pas le droit de mon tromper. » (Marguerite Duras que j'entendis à la radio dans les années 1980) : beaucoup de gens ont prononcé la première phrase mais très peu la seconde...

popcorn (19-04-2020 13:01:22)

Mais quand cet anticommunisme viscéral, maladif va-t-il cesser ? Lénine est mort depuis longtemps, ne crachez plus sur sa tombe ! Il a contribué (Ô combien !) à promouvoir l' idéal d' une socié... Lire la suite

pmlg (06-11-2017 01:40:28)

1. " grands écarts ... peu de clarté " ... Des précisions seraient bienvenues ! Tout dépend du côté où on se positionne par rapport à l'idéologie et son mentor. 2. Pour ceux qui ne connaisse... Lire la suite

anne sophie (24-02-2016 21:07:28)

raccourcis et grands écarts pour au final peu de matière et de clarté...

Erik (19-12-2014 11:27:31)

"Le 11 février 1900, Lénine part en exil en Suisse où il crée un journal, l'Iskra (l'étincelle)." Les gauchistes actuels ont enlevé le "S".

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