Le cheval

Au travail !

Costaud et endurant, le cheval ne pouvait échapper au travail. Sur les routes, dans les champs et même sur les plages, le voilà contraint pour gagner son foin de donner un coup de main aux hommes. Touchés par son charme et son adresse, ils vont le remercier en l’associant également à leurs loisirs.

Isabelle Grégor

Walter Crane, Les Chevaux de Neptune, 1892, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Neue Pinakothek, Munich.

Travailler pour vivre...

Ce n'est pas la fête pour tous les chevaux, loin de là ! Longtemps resté l'apanage des riches, le cheval n'arrive dans les champs qu'après 1750. Il faut dire que la bête mange essentiellement de l'avoine et qu'il faut donc réserver des bouts de terrain à son seul usage. Ne dit-on pas que nourrir un cheval équivaut à entretenir huit hommes ? Et puis, l'âne et le bœuf font très bien l'affaire !

Apparu au Xe siècle, le collier d'épaules ne va que dans une faible mesure mettre le cheval au travail, à part dans le domaine du transport. Marco Polo aurait-il pu atteindre la Chine, les Européens auraient-ils pu conquérir l'Amérique sans l'aide du cheval ?

Mais ce n'est paradoxalement qu'au XIXe siècle, à l'époque où les progrès de la mécanisation semblent devoir le remplacer par la machine, que le cheval se fait omniprésent. Il devient même un acteur majeur de la modernisation agricole en apportant sa force de traction. Le voilà qui envahit la campagne sous l'aspect des solides percherons ou des « colosses en marbre blanc », les boulonnais.

Compagnon des gardiens de troupeaux dans le Nouveau Monde, en Europe il prend la place des hommes (et des femmes !) qui tiraient jusque-là les péniches le long des chemins de halage, et travaille aux champs en s'échinant à faire avancer les moissonneuses qui commencent à apparaître.

Il est en effet à la pointe du progrès, notamment dans l'industrie où il participe à la naissance du chemin de fer en remplaçant quelque temps les locomotives. Il voit aussi de près le triomphe du charbon en vivant de longues années dans le fond au milieu des mineurs. La Révolution industrielle doit finalement beaucoup à cette bête de somme qui lui a permis de développer de nouvelles techniques pour mieux se passer de son aide.

Philibert-Louis Debucourt, Les Chevaux de bateau, XIXe siècle, musée Condé, Chantilly.

Les chevaux du fond

Dans Germinal, Émile Zola n'a pas oublié de rendre hommage aux chevaux qui restaient des années durant à travailler dans les galeries des mines.

Photographie illustrant le travail des chevaux dans les mines, Centre Minier de Faymoreau, Vendée et Pays de Loire, www.centreminier-vendee.fr« C'était Bataille, le doyen de la mine, un cheval blanc qui avait dix ans de fond. Depuis dix ans, il vivait dans ce trou, occupant le même coin de l'écurie, faisant la même tâche le long des galeries noires, sans avoir jamais revu le jour. Très gras, le poil luisant, l'air bonhomme, il semblait y couler une existence de sage, à l'abri des malheurs de là-haut. Du reste, dans les ténèbres, il était devenu d'une grande malignité. La voie où il travaillait avait fini par lui être si familière, qu'il poussait de la tête les portes d'aérage, et qu'il se baissait, afin de ne pas se cogner, aux endroits trop bas. Sans doute aussi il comptait ses tours, car lorsqu'il avait fait le nombre réglementaire de voyages, il refusait d'en recommencer un autre, on devait le reconduire à sa mangeoire. Maintenant, l'âge venait, ses yeux de chat se voilaient parfois d'une mélancolie. Peut-être revoyait-il vaguement, au fond de ses rêvasseries obscures, le moulin où il était né, près de Marchiennes, un moulin planté sur le bord de la Scarpe, entouré de larges verdures, toujours éventé par le vent. Quelque chose brûlait en l'air, une lampe énorme, dont le souvenir exact échappait à sa mémoire de bête. Et il restait la tête basse, tremblant sur ses vieux pieds, faisant d'inutiles efforts pour se rappeler le soleil.
[…] on descendait le [nouveau] cheval ; et c'était toujours une émotion, car il arrivait parfais que la bête, saisie d'une telle épouvante, débarquait morte. En haut, lié dans un filet, il se débattait éperdument ; puis, dès qu'il sentait le sol manquer sous lui, il restait compte pétrifié, il disparaissait, sans un frémissement de la peau, l'œil agrandi et fixe. Celui-ci étant trop gros pour passer entre les guides, on avait dû, en l'accrochant au-dessous de la cage, lui rabattre et lui attacher la tête sur le flanc. […] Bientôt, Trompette fut couché sur les dalles de fonte, comme une masse. […] Bataille s'animait, sourd aux moqueries. Il lui trouvait sans doute la bonne odeur du grand air, l'odeur oubliée du soleil dans les herbes. Et il éclata tout à coup d'un hennissement sonore, d'une musique d'allégresse, où il semblait y avoir l'attendrissement d'un sanglot.
 »
(Émile Zola, Germinal, 1885).

Le temps du crottin citadin

Au XIXe siècle, le cheval est surtout utilisé pour le transport des voyageurs. À Paris, en 1860, la Compagnie des Omnibus en emploie pas moins de 7 000 pour tirer ses voitures à étage de 40 places qui se mêlent aux charrettes, fiacres et autres cavaliers.

On imagine aujourd'hui difficilement la place et le personnel nécessaires pour s’occuper des 85 000 chevaux et de leurs millions de bottes de paille qui engorgeaient et parfumaient les rues de la capitale en 1880. D'ailleurs Alphonse Allais ne manqua pas de remarquer que « La première chose qui frappe l'odorat du voyageur arrivant à Venise, c'est l'absence totale de parfum de crottin de cheval ». Il aurait pu ajouter : Et quel silence !

Car les grandes villes résonnent en permanence des chocs des fers sur les pavés et des cris de ceux qui n'hésitent pas à « jurer comme un charretier ». Les accidents y sont monnaie courante et les journaux s'insurgent régulièrement contre les violences envers les animaux et le comportement malotru des cochers.

C'est d'ailleurs à cette époque que l'on commence à réfléchir à un code de bonne conduite pour fluidifier la circulation. Les « conducteurs » vont devoir s'habituer à ne plus stationner n'importe où et à respecter le bâton blanc du gardien de la paix !

Aux encombrements de la journée succédent ceux du soir du côté des Grands Boulevards et de l'Opéra, où l'élite se doit d'aller parader en fiacre ou sur les plus belles montures après avoir passé des heures à s'afficher lors de promenades équestres à Boulogne ou Vincennes.

Le cheval reste en effet un symbole de prestige et l'on n'hésite pas à dépenser des fortunes pour construire et entretenir des écuries privées. Cette invasion, qui fit vivre des milliers de personnes, du simple cocher jusqu'au sellier Hermès, a été remplacée par une autre au début du XXe siècle, celle des chevaux-vapeurs.

Le pavé des Lumières teinté de sang

« Gare ! Gare ! Gare les voitures ! Je vois passer dans un carrosse le médecin en habit noir, le maître à danser dans un cabriolet, le maître en fait d'armes dans un diable ; et le prince court à six chevaux ventre à terre, comme s'il était en rase campagne.
L'humble vinaigrette [chaise à porteurs] se glisse entre deux carrosses, et échappe comme par miracle : elle traîne une femme à vapeurs, qui s’évanouirait dans la hauteur d'un carrosse. Des jeunes gens à cheval gagnent impatiemment les remparts, et sont de mauvaise humeur quand la foule pressée, qu'ils éclaboussent, retarde un peu leur marche précipitée. Les voitures et les cavalcades causent nombre d'accidents, pour lesquels la police témoigne la plus parfaite indifférence. J'ai vu la catastrophe du 28 mai 1770, occasionnée par la foule des voitures qui obstruèrent la rue, unique passage ouvert à l'affluence prodigieuse du peuple qui se portait en foule à la triste illumination des boulevards. J'ai manqué d'y perdre la vie. Douze à quinze cents personnes ont péri, ou le même jour, ou des suites de cette presse effroyable. J'ai été renversé trois fois sur le pavé à différentes époques, et sur le point d'être roué tout vif. J'ai donc un peu le droit d'accuser le luxe barbare des voitures.
Il n'a reçu aucun frein, malgré les réclamations journalières. Les roues menaçantes qui portent orgueilleusement le riche, n'en volent pas moins rapidement sur un pavé teint du sang des malheureuses victimes qui expirent dans d'effroyables tortures, en attendant la réforme qui n'arrivera pas, parce que tous ceux qui participent à l'administration roulent carrosse, et dédaignent conséquemment les plaintes de l'infanterie. Le défaut de trottoirs rend presque toutes les rues périlleuses : quand un homme qui a un peu de crédit est malade, on répand du fumier devant sa porte, pour rompre le bruit des carrosses […].
Que faire ? Bien écouter quand on crie, gare ! Gare ! Mais nos jeunes phaétons font crier leurs domestiques de derrière le cabriolet. Le maître vous renverse, puis le valet s'égosille, et se ramasse qui peut.
 »
(Sébastien Mercier, Le Tableau de Paris, 1781).

Albert Adam, Coupé, XIXe siècle, musée Carnavalet, Paris.

À table !

On ne sait pas si Attila glissait vraiment sa viande sous sa selle pour l’attendrir, mais il est certain que le cheval n’a pas seulement servi de garde-manger puisqu’il passa lui-même souvent à la casserole.

Hippophagie pendant le siège de Paris en 1870, illustration in Bernadette Lizet, La bête noire : à la recherche du cheval parfait, 1870Gibier de choix pour nos ancêtres préhistoriques, la chair équine est restée sur les tables des pays du Nord pendant toute l’antiquité tandis que Grecs et Romains le réservaient aux banquets religieux et que les Juifs rejetaient cet animal impur, au sabot non fendu.

Au VIIIe siècle, le pape Grégoire III règle le problème en interdisant sa consommation, certainement pour rompre avec des pratiques trop païennes.

Pour les hommes du Moyen Âge, aucun dilemme : on ne mange pas son fidèle compagnon !

Le tabou reste vivace pendant des siècles jusqu’à ce que les hygiénistes du XIXe siècle, à la suite du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, mettent en avant ses bienfaits sur la santé : fer, protéines, tout ce qu’il faut pour que le monde ouvrier prenne des forces !

S’en rendent bien compte les soldats de Napoléon souffrant de famine en Russie puis les Parisiens victimes du siège de 1870 qui, les uns et les autres, par nécessité, se résignent à manger de la viande chevaline.

En 1866, les premières boutiques ouvrent en France avec la bénédiction de la Société Protectrice des Animaux qui y voit une façon de lutter contre les mauvais traitements : invités à vendre leurs vieux canassons à l’abattoir, les maîtres tyranniques n’ont plus la tentation de les faire travailler jusqu’à l’épuisement.

Notre société de loisirs a changé l’image du cheval : il est passé du statut d’outil de travail à celui d’animal domestique. L’hippophagie et le commerce de la viande chevaline sont en nette baisse, la consommation de ce produit ne représentant plus que 0,4 % de la viande cuisinée, soit à peine 300 grammes par an pour chaque habitant.

Cette tendance ne semble pas prête à s’inverser si l’on en croit l’émotion née du scandale de 2012, lorsqu’on découvrit que du cheval avait été ajouté à des plats industriels de lasagnes.

Chevaux de la basilique Saint-Marc, Venise  (photo : Gérard Grégor)

À la recherche de la « bonne main »

« Un cheval qui se dresse est quelque chose de si beau, de si frappant, de si magnifique, qu’il fixe les regards de tous ceux qui le voient, jeunes ou vieux. On ne peut ni le quitter, ni se lasser de le considérer, quand il se montre ainsi dans tout son éclat. » (Traité de l'Éducation, IVe siècle av. J.-C.).

Atteindre cette perfection tant vantée par Xénophon n'a pas toujours été la priorité des amateurs de chevaux. Si l'Antiquité s'est attachée à développer l'art du dressage, le Moyen Âge a préféré une maîtrise de l'animal par la contrainte. L'heure est au cheval de guerre ou de tournoi, il doit être avant tout solide dans le combat.

Mais au XVIe siècle, sous l'influence arabe remontant du sud de l'Europe, l'art équestre retrouve ses lettres de noblesse notamment grâce à deux Italiens : Federico Grisone, qui emploie une méthode parfois brutale à coups de cravache, et Cesare Fiaschi qui préfère inciter le cheval à danser en musique, ouvrant la voie aux ballets équestres.

De l'autre côté des Pyrénées, Salomon de La Broue crée l'École française en faisant la promotion de la douceur, sans pour autant oublier que la domination du cheval symbolise toujours, pour le noble, la future maîtrise de ses troupes.

L'art équestre reste en effet un art militaire encouragé par les souverains comme Louis XIV qui ordonne la création d'un manège à Versailles et l'organisation de spectacles grandioses.

De plus en plus éloignée des contextes guerriers, l'équitation savante est critiquée au XIXe siècle pour sa proximité avec le cirque jusqu'à ce que la création à Saumur d'une école d'équitation et de son Cadre noir vienne lui rendre le prestige perdu.

« En avant, calme, droit » : comme dans les écoles de Vienne ou Jerez de la Frontera, c’est avant tout l'harmonie entre homme et animal qui est recherchée. On n'est cependant pas loin du ballet, notion que ne renierait pas Bartabas qui, depuis 1985 avec sa troupe Zingaro, a donné un nouveau souffle à l'art du dressage.

Johann Georg de Hamilton, Le Cheval pie Cehero ruant, début XVIIIe siècle, coll. part.

Le Cadre noir, « l’école des Troupes à cheval »

« Il n’y a rien de plus beau que frégate à la voile, cheval au galop et femme qui danse » (Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1842). Eugène de Rastignac aurait pu ajouter : « que le cheval qui danse ».

Courbette à la main exécutée par un écuyer du Cadre noir, photographie Alain Laurioux, 2007, DR.Il suffit pour s’en convaincre d’assister à une des représentations du célèbre Cadre noir dont le nom est intimement lié à la ville de Saumur. C’est en effet là que Henri IV choisit de fonder une Université protestante comportant une académie d’équitation qui acquiert vite une belle réputation.

Au XVIIe siècle, au moment même où la cavalerie de Louis XIV se montre peu efficace sur les champs de bataille, monter à cheval devient un véritable art.

Saumur finit par prendre le dessus sur les écoles rivales et à imposer ses méthodes.

Mais c’est au XIXe, avec la nécessité de former une nouvelle génération d’officiers de cavalerie, décimés par les guerres napoléoniennes, que la structure prend son envol grâce à la venue de formateurs civils.

Le Cadre noir de Saumur (photo : Gérard Grégor)Cela ne se fait pas sans querelles, notamment entre les deux grands écuyers le vicomte d’Aure et François Baucher. Pour l’un, il faut privilégier l’instinct et jouer sur le naturel du cheval, si possible en extérieur, pour obtenir des résultats rapides ; pour l’autre, on doit appréhender le dressage avec rationalité et privilégier l’observation scientifique dans un but artistique.

Leur successeur le général Alexis L’Hotte choisira finalement de faire la synthèse des deux doctrines, permettant ainsi à l’équitation, passée d’une activité militaire à une activité sportive et esthétique, de changer de statut.

L’excellence de cette école est aujourd’hui reconnue dans le monde entier comme le prouve l’inscription en 2011, par l’UNESCO, de l'Équitation de Tradition Française au patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité.

Albert Brenet, Cadre noir, Saumur, XXe siècle, musée de l’Armée, Paris.

Paul Morand, « Milady »

Vieil écuyer du Cadre noir, le commandant Gardefort va devoir se séparer de sa jument adorée, Milady :
« Dans la cour vide, un cheval et un homme tournaient sans bruit, rasant les murs, et au pas, ce qui ajoutait au côté funèbre de cette promenade de prisonnier. Le cavalier raidi, contracté, se tenait droit, comme s’il se présentait devant Dieu. Sa monture, elle, baissait la tête, ayant complètement abdiqué, ayant remis sa volonté à une force supérieure. Le mouvement, d’abord large et d’un beau dessin, les actions au commencement soutenues, s’étaient détendues, et si la main restait moelleuse, l’habitude seule en était cause, car les jambes relâchaient leur étreinte. On eût dit qu’un même malheur les touchait, tant l’âme du cavalier semblait avoir passé dans le corps de l’animal.
Le commandant Gardefort montait Milady pour la dernière fois.
Il avait vendu la compagne de sa vie.
Milady avait compris. Pour la première fois, elle se laissait monter sans entrer en défense, sans garder pour elle aucune de ses forces. Elle s’abandonnait »
.

Raoul Dufy, Ascot, vers 1930, musée d'Art moderne, Troyes.

Quelle bête de scène !

À la fois élégant et discipliné, le cheval ne pouvait échapper aux feux de la rampe. Habitué des parades en tous genres, il a aussi montré ses talents dans des spectacles simulant des actions plus guerrières : courses de char, joutes médiévales, fantasias ou encore bouzkachi (sorte de polo) afghan.

Il permet aux meilleurs cowboys américains de faire admirer leur habilité lors des rodéos tandis que les cavaliers portugais ont à cœur de faire preuve de leur supériorité sur le taureau dans d'impressionnantes corridas en costumes XVIIIe siècle.

Parallèlement à ces spectacles traditionnels, c'est surtout sur les champs de courses que le cheval a trouvé sa place dans le monde sportif où il ne se contente pas de briller aux Jeux Olympiques dès les premières épreuves, en 776 av. J.-C.

Charles Lévy, Hippodrome, affiche publicitaire, XIXe siècle, MuCEM, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille.Délaissées au Moyen Âge où l'on préfère tournois et chasses à courre, ces compétitions ont été remises à la mode par Jacques Ier d'Angleterre, au XVIIe siècle.

D'abord courses de clochers, elles ne cessent de gagner en popularité au point de rapidement nécessiter la création de races particulières, de règles et de lieux dédiées.

En France, les hippodromes de Chantilly, Longchamp puis Vincennes ouvrent leurs portes au XIXe siècle, profitant de l'engouement des classes dirigeantes qui aiment s'y afficher.

Aujourd'hui largement démocratisée, la passion pour les courses est aussi la base de toute une économie reposant sur l'élevage et les paris.

Ayant désormais perdu dans une large mesure sa fonction « utilitaire », le cheval risque d'être cantonné au rôle d'accessoire de loisir, d'artiste de cirque voire d'animal de compagnie avec l'apparition des races naines. Mais cet intérêt pour le « dada », transmis d'une génération à l'autre, devrait permettre de faire mentir Jules Renard qui affirmait que « Bientôt le cheval sera sur la terre quelque chose d'aussi étrange que la girafe » (Journal, 1925).

Pierre Jonquères d'Oriola aux Jeux Olympiques de Tokyo (1964)

De la race des champions

Entre le cheval et les Jeux Olympiques, c’est une histoire d’amour millénaire puisque dès la création des premières épreuves, il est présent lors de différentes courses où quadriges, chars à deux chevaux et cavaliers seuls se confrontent.

Oubliée lors de la renaissance des jeux en 1896, à Athènes, l’équitation réapparaît brièvement à Paris en 1900 avant une nouvelle éclipse jusqu’en 1912. Ce sont alors les militaires qui vont triompher pendant près de 40 ans puisque les épreuves n’ont été ouvertes aux civils (et donc aux femmes) qu’en 1952.

En individuel ou en équipe, chacun peut tester son habilité au saut d’obstacles, inspiré de la chasse au renard, au dressage hérité de la Renaissance et au concours complet, qui ajoute à ces premières difficultés un parcours de cross.

Ourasi au Prix d’Amérique 1998, photo Stefan Melander, DR.Sport d’équipe par excellence, où homme et monture ne forment plus qu’un, l’équitation a permis par exepl de collecter une douzaine de médailles d’or et de faire connaître de grands champions.

Pierre Jonquères d'Oriola obtient avec le saut d'obstacles la seule médaille d'or française des Jeux Olympiques de Tokyo, en 1964 ! Cet exploit inespéré survenu à la dernière épreuve des Jeux va valoir à l'équitation, en France, un regain de popularité et lui obtenir ses lettres de démocratie. 

On se souvient aussi de la victoire de Pierre Durand et Jappeloup en 1988. Des gagnants, on en trouve également sur les pelouses des hippodromes où les cracks d’aujourd’hui continuent à courir dans les traces d’Ourasi, « le roi fainéant », dont la décontraction apparente ne doit pas cacher les efforts physiques incroyables dont sont capables ces bêtes de concours.

Pierre Durand et Jappeloup (DR)

« La complainte du petit cheval blanc »

Ce texte fut mis en musique par Georges Brassens sous le titre « Le Petit cheval » (La Mauvaise réputation, 1952).

Misère du Cheval (couverture pour L'Assiette au Beurre, 10 juin 1905, numéro illustré par Nadar, Steilen et Roubille), 10 juin 1905, BnF, Paris.Le petit cheval dans le mauvais temps, 
Qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière tous derrière,
C'était un petit cheval blanc,
Tous derrière lui devant.

Il n'y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage,
Il n'y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni derrière.
Il n'y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni devant.

Mais toujours il était content,
Menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière tous derrière,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière lui devant...

(Ballades du beau hasard - Lieds, complaintes, élégies, 1910).

Bibliographie

Jean-Pierre Digard, Le Cheval, force de l'homme, éd. Gallimard (« Découvertes » n °232), 1994.
Les Cahiers de Science et vie n°141, novembre 2013.

Publié ou mis à jour le : 2023-03-04 21:35:38

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