Pendant que des empires déjà anciens dominent le Proche-Orient, la Grèce entre dans les temps homériques avec la civilisation mycénienne.
Les temps homériques
Historiquement, la Grèce a toujours été tournée vers la mer Égée. En effet, cette mer constellée d’îles est particulièrement favorable aux échanges commerciaux et culturels, notamment entre l’Anatolie, la Crète, et la Grèce continentale. La région culmine au mont Olympe à 2917 m d’altitude. Le relief entraîne l’existence de plaines étroites plutôt propices à une fragmentation politique, tandis que les échanges maritimes favorisent l’unité culturelle : cette constante restera une caractéristique forte de la Grèce pendant toute l’antiquité.
Vers 1900 av. J.-C., un peuple Indo-Européen venu du nord, les Achéens, commence à supplanter les populations locales en Grèce continentale, notamment grâce à leur maîtrise du bronze. Vers 1650 av. J.-C., des pouvoirs locaux commencent à apparaître dans le sud de la Grèce, tandis que la population s’accroît. Bien qu’autochtone, la culture est fortement influencée par la civilisation minoenne de Crète, qui est alors rayonnante.
De tradition guerrière, les populations proto-mycéniennes commencent à effectuer des raids sur la Crète vers 1450 av. J.-C.. La période de prise en main de l’île, qui s’échelonne jusqu’en -1370, est celle où la civilisation mycénienne acquiert ses traits définitifs. Les premiers palais apparaissent sur le continent, notamment à Mycènes, mais aussi à Thèbes, Pylos ou Tirynthe. Il s’agit de forteresses massives entourées de murs cyclopéens, qui attestent d’une société très militarisée où les guerres sont fréquentes. Mycènes apparaît comme la cité la plus puissante, et donnera son nom à tous les habitants de cet ensemble culturel.
C’est aussi le contact avec la Crète qui amène les Mycéniens à adopter l’écriture à cette époque : ils créent le linéaire B, qui a été déchiffré contrairement aux écritures minoennes. La langue des Mycéniens apparaît alors déjà comme une forme archaïque de grec. Les dieux de la Grèce classique sont également déjà présents.
La civilisation mycénienne gagne parallèlement les îles du sud de la mer Égée, y succédant à l’influence minoenne. Si les Mycéniens dominent politiquement et culturellement cet ensemble, en revanche les populations locales restent en place, y compris en Crète. De plus la civilisation mycénienne ne forme pas un royaume unifié, mais plutôt un ensemble de cités plus ou moins soumises à l’hégémonie du roi de Mycènes.
Les Achéens sont mentionnés en Anatolie par les Hittites dès 1420 av. J.-C.. A cette époque, c’est le royaume louvite d’Arzawa qui domine la région, avec Éphèse pour capitale. Les Mycéniens s’allient avec lui contre les Hittites, ce qui leur permet de s’implanter dans certaines cités côtières comme Milet. Cependant vers -1320, les Hittites s’emparent de l’Arzawa et la côte anatolienne se retrouve au carrefour des influences hittite et mycénienne. De même, la ville de Troie plus au nord connaît de nombreuses guerres pendant toute cette période qui témoignent de la politique expansionniste des Mycéniens. En particulier la célèbre guerre de Troie retranscrite 500 ans plus tard par Homère, qui met en jeu le roi Agamemnon de Mycènes et ses alliés, trouve probablement sa source vers -1200.
Les prétentions mycéniennes concernent ainsi toutes les rives de la mer Égée. Quant aux relations commerciales, elles s’étendent notamment jusqu’à l’île de Chypre, qui sert à la fois de relais avec le Proche-Orient et de fournisseur en cuivre.
Vers 1200 av. J.-C., la puissance des Mycéniens s’effondre assez brutalement, et même les villes les plus peuplées comme Mycènes sont abandonnées. Cela correspond à l’arrivée d’un nouveau peuple en Grèce continentale, les Doriens, qui tendent à y supplanter les Achéens. Cette irruption va avoir une conséquence dramatique pour tout le Proche-Orient : en effet, les populations refoulées vont prendre la mer pour trouver refuge plus à l’est. En Égypte, ils sont connus sous le nom de « Peuples de la mer ». Partout l’irruption de ces peuples va affaiblir les empires en présence jusqu’à leur effondrement. La fin de la civilisation mycénienne est donc le prélude au plus profond bouleversement de la haute-antiquité.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible