Le marquis Gilbert Motier de La Fayette (note) demeure après plus de deux siècles le principal trait d'union entre la France et les États-Unis.
Mais son rôle historique ne se résume pas à ses années de jeunesse passées à combattre aux côtés des « Insurgents » américains. Il a aussi joué un rôle moteur dans les débuts de la Révolution française et à nouveau dans la révolution des Trois Glorieuses qui vit le remplacement de Charles X par Louis-Philippe 1er à la tête de la France.
Né en Auvergne, Gilbert Motier, futur marquis de La Fayette, rencontre en secret Benjamin Franklin, venu plaider à Versailles la cause des Insurgents américains et, malgré l'opposition de sa famille, quitte l'armée et décide de rejoindre l'Amérique. Il a 19 ans quand il embarque le 17 avril 1777 sur la Victoire, une frégate affrétée à ses frais, grâce à une avance sur sa fortune.
Un an plus tôt, les Insurgents ont proclamé unilatéralement leur indépendance. Comme La Fayette, beaucoup de jeunes nobles européens ont pris fait et cause pour eux. Parmi eux le Polonais Kosciusko, le Prussien von Steuben, le Rhénan von Kalb...
La Fayette reçoit le grade de major général et devient le proche collaborateur et l'ami du commandant en chef George Washington. Il considère celui-ci comme un père. Comme les autres nobles européens, il va témoigner au combat d'une bravoure et d'un professionnalisme bien supérieurs à ceux des volontaires américains.
Au printemps 1779, il revient en France, où il plaide la cause de l'insurrection. Accédant à sa demande, le roi Louis XVI envoie un corps de 6 000 hommes outre-Atlantique sous le commandement du général de Rochambeau, avec le concours de la flotte du chef d'escadre François de Grasse.
La Fayette devance le corps expéditionnaire. Le 21 mars 1780, il embarque à Rochefort-sur-mer sur la frégate L'Hermione que lui a donnée le roi. À la tête des troupes de Virginie, il harcèle l'armée anglaise de lord Cornwallis et fait sa jonction avec les troupes de Washington et Rochambeau.
Les troupes anglaises sont bientôt coincées dans la baie de Chesapeake, dans l'impossibité de recevoir des secours par mer du fait du blocus effectué par la flotte de De Grasse. C'est ainsi que les alliés franco-américains remportent la victoire décisive de Yorktown le 17 octobre 1781.
Le noble et fortuné marquis va dès lors cultiver son aura et se mettre au service des idées les plus généreuses de son temps. Le 17 février 1788, il crée avec Brissot et l'abbé Grégoire la « Société des Amis des Noirs », pour l'abolition de la traite et de l'esclavage.
Enfin survient la Révolution. La Fayette est élu député de la noblesse de Riom aux états généraux. Le 15 juillet, il prend la tête de la garde nationale et, deux jours plus tard, invite ses troupes à arborer une cocarde tricolore. Mais lorsque les Parisiennes vont chercher le roi à Versailles le 5 octobre 1789, il se montre maladroit dans la défense du château.
Le marquis de La Fayette, surnommé « Héros des Deux Mondes », tient son heure de gloire le 14 juillet 1790, à l'occasion de la Fête de la Fédération, quand il prête serment devant le roi au nom de la garde nationale. Son étoile se ternit lorsque le roi et sa famille tentent de s'enfuir et sont rattrappés à Varennes le 21 juin 1791.
Après la chute de la monarchie, le général de La Fayette, menacé d'arrestation, prend la fuite avec une partie de son état-major. Il est incarcéré par les Autrichiens qui ne goûtent pas particulièrement sa geste révolutionnaire. Libéré cinq ans plus tard, il se tient à l'écart de la vie politique jusqu'à la chute de l'Empire, en 1814.
En 1818, sous le règne de Louis XVIII, La Fayette, encore auréolé par son passé américain et révolutionnaire malgré la soixantaine bien sonnée, se fait élire député de la Sarthe.
Lorsque la révolution des Trois Glorieuses chasse Charles X du pouvoir, La Fayette retrouve à près de 73 ans le commandement de la garde nationale. Le 31 juillet 1830, il accueille à l'Hôtel de ville de Paris le duc Louis-Philippe d'Orléans, comme lui un noble libéral attaché à la Révolution. Le « Héros des Deux Mondes » convainc les insurgés parisiens de le porter sur le trône comme roi des Français en le présentant comme la « meilleure des républiques »...
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moreau patrice (20-10-2016 18:45:46)
oui il laisse beaucoup de points d’interrogation, il s'est démené pour la liberté des peuples telle qu'elle a été établie en Amérique puis reprise en France. Le problème est qu'il a été tiraillé entre sa famille (noblesse de cour)à laquelle il était assez attaché et la volonté de rendre libre et heureux le peuple ; le roi Louis XVI aurait bien voulu mais la majorité des nobles et du clergé l'en dissuadait. La dessus la Révolution a également tergiversé sur la manière de si prendre pour finir dans un bain de sang!!!En tous les cas il a réussi a traversé cette triste époque saint et sauf tout en gardant la considération des Américains. Je pense aussi qu'il aurait souhaité une monarchie constitutionnelle très libérale ??????
MOREAU Patrice (20-10-2016 14:44:47)
Madame,Monsieur; j'apprécie particulièrement vos publications historique "sur la fayette" rassemblant une documentation la plus complète possible; son histoire étant assez contreversée. J'ai notement lu sur "Historique de la Marine française" de l'Amiral Darrieus et du Capitaine Quéguiner les passages suivant:Cinq vaisseaux capturés, dont la Ville de Paris,le commandant en chef prisonnier, le marquis de Vaudreuil organisant la retraite, c'était une défaite qui concluait fâcheusement une belle série de succès franco-américains, mais il n'avait pour les Anglais, qu'une valeur relative ; avec leur réalisme habituel, ils offrirent à leur anciennes la reconnaissance de leur indépendance, et les droits qu'ils prétendaient avoir sur l'arrière pays ; la fédération des États-Unis, sans soucis de ses engagements à notre égard, signa avec le gouvernement de Londres une paix séparée en Novembre 1782. Il ne restait plus à la France qu'à négocier : des préliminaires de paix furent signés en Janvier 1783 et le 3 septembre le traité de Versailles mettait fin au conflit.NOTE de Patrice: on comprend mieux dés lors la complicité qui a toujours prévalue dans les rapports entre l'Angleterre et les États-Unis et les Français en on étés pour leurs frais : une expédition forte de 6 000 homes commandés par le comte de Rochambeau, 22 vaisseaux, 5 frégates et 1 corvette . Le 5 Aout à la tête de 28 vaisseaux, François Joseph, comte de Grasse-Tilly ' chef d'escadre, envoya la frégate l'Aigrette chercher des piastres pour payer les soldes à la Havane, et débarqua ses troupes dans la "Chesapeake"; Le 5 septembre 1781, l'amiral Graves voulu secourir Yorktown par mer mais De Grasse luis barra efficacement la route devant le cap Henry. (Une suite existe!!) Les Américains nous ont conservé néenmoins leur reconnaissance en intervenant lors des deux guerres de 14/18 et de 39/44. (On a toujours à apprendre en étudiant l'histoire, et a comprendre les tenant et aboutissant des actions menées à plusieurs siècles de là !!!!!! A VOUS LIRE.
CHOLLET-RICARD (26-05-2014 19:21:50)
La fin de la carrière de La Fayette laisse un goût d'amertume: tout ça pour finalement mettre un Orléans, fils du régicide Philippe-Egalité, sur le trône... Jamais il n'aura joué le premier rôle auquel il aurait pu prétendre. Certains l'avaient surnommé "Gilles César"!