Georges Clemenceau

Les bons mots du « Tigre »

Dès son élection comme député de Paris en 1876, au début de la IIIe République, Georges Clemenceau siège à la gauche de la Chambre des députés. Il se fait rapidement remarquer par son art de la répartie, qui s'appuie sur une vaste culture.

Races inférieures ?

Georges Clemenceau jeuneIl anime le petit groupe radical par son charisme et son talent oratoire mais il est le seul député de la gauche républicaine à rejoindre les droites nationaliste, libérale et royaliste dans leur opposition aux conquêtes coloniales.

C'est dans ces conditions qu'il s'en prend le 31 juillet 1885 au député Jules Ferry, ancien ministre et président du Conseil, qui avait exalté trois jours plus tôt à la tribune de la Chambre des députés le rôle civilisateur de la France à l'égard des « races inférieures » :

« Races supérieures ? Races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand... »

« La Révolution est un bloc » [on ne peut dissocier les excès présumés de la Terreur des réalisations bénéfiques], dit Clemenceau, plus sérieusement, lors d'une polémique provoquée à la Chambre des députés par la représentation d'une pièce de Victorien Sardou, Thermidor, le 23 janvier 1891.

Mais sa plus grande trouvaille tient en deux mots. C'est le titre donné à l'article d'Émile Zola en faveur du capitaine Dreyfus dans son journal L'Aurore, le 13 janvier 1898 : J'Accuse !.

Bons mots

Esprit caustique, Clemenceau n'a jamais été avare de bons mots dont furent victimes maintes personnalités de son époque.

Georges Clemenceau, photo qui servit à Édouard Manet pour son célèbre portrait en pied du musée d'Orsay (1879) « Il est mort comme il a vécu, en sous-lieutenant », dit-il du général Boulanger, qui se suicide en 1891 sur la tombe de sa maîtresse.

À son propos, il lança aussi en 1886 : « La guerre ! C'est une chose bien trop grave pour la confier à des militaires ! ». Il est vrai qu'à ce moment-là, il devait regretter d'avoir soutenu la nomination du général au ministère de la Guerre... Sa boutade redeviendra d'actualité trente ans plus tard quand, par sa soumission au général Joffre, le pouvoir politique en viendra à ne plus savoir comment sortir de la Grande Guerre... et fera appel au « Tigre » en désespoir de cause.

« Ci-gît Marcellin Berthelot. C'est la seule place qu'il n'ait jamais sollicitée », aurait-il proposé comme épitaphe pour Marcellin Berthelot, à la mort de l'illustre savant (1827-1907). Ne fut-il pas professeur au Collège de France, académicien, sénateur, ministre de l'Éducation publique puis des Affaires étrangères... avant de finir au Panthéon avec son épouse, morte une heure avant lui ?

Soupçonné par ses adversaires de s'être enrichi dans l’affaire de Panama, Clemenceau se défend en tentant de recouvrer son siège de député du Var. Lors d'un fameux discours dans le village de Salernes (Var), le 7 août 1893, il fait le bilan de sa vie politique au service de la République et interroge... 

Publié ou mis à jour le : 2020-03-10 18:26:21
PG Desrousseaux (12-06-2018 07:32:22)

Le personnage central du film d'Henri Verneuil "Le Président" interprété magistralement par Jean Gabin s'inspire largement de l'esprit et de la vie de Georges Clémenceau

claude Demeter (27-02-2018 14:57:43)

C'est bien que quelqu'un rappelle qu'il a peut-être prolongé la guerre et contribué à la naissance de l'esprit revanchard de l'Allemagne qui nous a conduits à la guerre de 39-45. Le bouddhisme n'étant pas une religion, il peut continuer à être catalogué comme athée et anticlérical. Si je l'avais cotoyé, j'aurrais tout fait pour le séduire . Tout me plaît chez lui, je le trouve très beau ( Marcel Bozzufi, un peu non ?), j'adore son esprit, son panache, son élégance ses qualités d'"homme de cheval", de bretteur . Voilà, je suis venue trop tard, dans un monde trop vieux ... (Qui a dit ça ?)

Patrice Bocquet (19-11-2017 09:30:42)

Article très intéressant et bien documenté, mais ... pourquoi ne mentionne-t-on jamais le rôle que l'esprit vengeur de Clemenceau aura sur la rédaction du "Traité" de Versailles. Comment oublier que, par son idée fixe ("le boche paiera"), il influencera grandement la rédaction d'un document qui porte en lui une partie des germes de la Seconde Guerre Mondiale... En particulier en insistant pour que l'Allemagne soit déclarée seule responsable du conflit, alors que celui-ci était attendu - voire souhaité - aussi bien à Berlin qu'à Paris, à Saint-Petersbourg, voire à Londres ...

Horatio (16-11-2017 11:20:35)

Le "perd la victoire" très bonne remarque. Pendant les négociations du Traité de Versailles, par son intransigeance et contre l'avis des autres puissances (Angleterre, USA), il fit le lit des "revanchards" allemands. On connaît la suite.
De toutes façons, la plupart des exigences du Traité devinrent vite désuètes : indemnités impayables, occupation de la Ruhr...
"Ce qui est excessif devient insignifiant"

JEAN MUNIER (16-11-2017 07:11:04)

et à cause du traité de Versailles le "canard enchaîné" l'a surnommé "le perd la victoire"

JPP (15-11-2017 23:52:15)

A Saint Vincent sur Jard/Vendée, on raconte que Clemenceau avait un appétit de Tigre pour autre chose que des intellectuelles :-)

LOUIS LAPIERRE (10-11-2017 07:03:38)

Le Tigre ? Sans doute mais aussi une preuve de plus que ce félin aimait bien la chair fraîche puisque son antichristianisme militant lui fit repousser toute avance de pourparlers faite par l'Empereur d'Auriche,ne pouvant admettre l'idée de contribuer au maintien d'un empire chrétien au coeur de l'Europe et... prolongeant ainsi de deux ans la Grande Guerre...

Romain (28-04-2017 18:38:25)

Superbe cet article sur Clemenceau encore plus s.v.p ca fait beaucoup plaisir de lire enfin la vrai France

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