Moustafa Kémal (1881 - 1938)

Le « Père des Turcs »

On le connaît sous le nom de Moustafa Kémal mais ses concitoyens l'appellent plus volontiers Atatürk (le « Père des Turcs »), le patronyme qui lui a été attribué en 1934, assorti du prénom Kémal.

La Turquie, il est vrai, lui doit beaucoup. Menacée de dépeçage suite à sa défaite dans la Grande Guerre de 1914-1918, lorsqu'elle s'appelait encore empire ottoman, elle fut sauvée par cet homme d'exception que fut Moustafa Kémal (Mustapha Kemal en anglais). 

D'une énergie peu commune, noceur, grand buveur, indifférent à la religion et notoirement athée, ce stratège de talent s'est montré très vite animé par l'ambition de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l'empire multiculturel ottoman.

Mort d'un empire

Né le 19 mai 1881 à Thessalonique (aujourd'hui en Grèce), dans une famille d'origine albanaise, Moustafa décide très tôt d'entrer dans une école militaire. Selon une pratique assez fréquente, semble-t-il, il est surnommé Kémal (le « Parfait » en turc) par l'un de ses répétiteurs et s'attachera toute sa vie à ce prénom.

Moustafa Kémal (ou Mustafa Kemal ou Kémal Ataturk)  (Thessalonique 1881-Istanbul 1938) Officier d'état-major dans l'armée du sultan, il se tient à l'écart de la révolution nationaliste des « Jeunes-Turcs », en 1908, considérant les velléités pantouranistes de leur chef Enver Pacha comme de dangereuses chimères (le pantouranisme prône l'union de tous les peuples turcophones de la Chine au Bosphore).

Pendant la Grande Guerre, il s'illustre en 1915 dans la contre-offensive germano-turque qui fait échouer un débarquement franco-anglais dans le détroit des Dardanelles, près d'Istamboul, capitale de l'empire ottoman.

Sa victoire d'Anafarta, en août 1915, lui vaut la gloire mais aussi une mise à l'écart par les « Jeunes-Turcs » qui craignent pour leur pouvoir.

Peu après l'armistice de Moudros du 30 octobre 1918, Moustafa Kémal entre en dissidence et organise la résistance pour prévenir le démembrement de la Turquie programmé par le traité de Sèvres.

Il puise son inspiration dans l'action de Lénine, qu'il admire comme Mussolini, un autre nationaliste farouche qui eut à coeur de laver les affronts subis par son peuple à la fin de la Grande Guerre.

D'une énergie peu commune, noceur, grand buveur, indifférent à la religion et notoirement athée, ce stratège de talent se montre très vite animé par l'ambition de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l'empire multiculturel ottoman.

Sa victoire décisive sur les envahisseurs grecs en 1921 lui vaut de recevoir de la nouvelle Assemblée nationale le titre de Ghazi (le « Victorieux » en arabe), ordinairement réservé aux plus illustres combattants de la foi islamique.

Naissance d'une nation

Après le traité de Lausanne qui redessine en 1923 les frontières de la Turquie, Moustafa Kémal se consacre à la modernisation à marche forcée de son pays. Il ne craint pas d'abolir le califat, symbole de l'universalisme musulman.

Fort de son charisme, de ses victoires et d'une autorité quasi-illimitée, il installe la capitale à Ankara, au coeur de l'Anatolie, supprime par voie d'autorité tous les symboles du passé ottoman, multiculturel et islamique, inscrit la laïcité dans la Constitution... et développe une idéologie ultranationaliste fondée sur la race.

Moustafa Kémal s'est marié civilement en 1923 avec une jeune femme de la bourgeoisie, Latifé, mais le couple a divorcé dix-huit mois plus tard sans avoir eu d'enfant. Plus tard, dans une intention purement politique, le Ghazi a adopté pas moins de huit jeunes femmes adultes, reflets de la diversité turque.

Il meurt en pleine gloire, à 57 ans, victime d'une cirrhose du foie, rançon de son goût avéré pour les nuits d'orgies très arrosées au raki (l'alcool national turc). Son mausolée, à Ankara, et son oeuvre immense, au service du nationalisme turc, sont gardés avec vigilance par l'armée.

Publié ou mis à jour le : 2020-02-26 11:35:52
jcb (29-05-2023 07:51:38)

Il me semble que vous avez omis de parler du changement d'écriture. La Turquie écrit en lettres latines depuis Kémal Pacha

jean (12-08-2020 17:44:50)

Le livre de Benoist-Méchin que j'ai lu il y a longtemps est très intéressant . A noter que la maison natale de Kemal Atatürk est située à (Thes)Salonique ( Grèce ) . Elle a été aménagée et elle est située dans l'emprise du consulat de Turquie dans cette ville . On peut la visiter gratuitement , ce que j'ai fait en tant que simple curieux de l'Histoire . Cela montre que malgré les vicissitudes de l'Histoire les Grecs n'ont pas détruit la maison natale de celui qui les a chassés de Turquie Orientale.

Diogene (23-08-2015 19:12:22)

décidément les messages volent avant mes ordres!
j'ignore quand mon commentaire est "parti"..J'attends donc qu'il soit édité pur le compléter!

Diogene (23-08-2015 19:10:03)

J'ajoute que je crois que KA était un génial dicta

Diogene (23-08-2015 19:10:03)

J'ajoute que je crois que KA était un génial dicta

Diogene (23-08-2015 19:10:03)

J'ajoute que je crois que KA était un génial dicta

Diogene (23-08-2015 13:16:56)

La question est non pas si Un homme Seul peut....mais QUI l'a aidé et qui a préféré céder plutôt que de tenir parole aux Grecs et aux Kurdes. Qu'un Homme galvaznise la fpoule des crétins est u... Lire la suite

Diogene (22-08-2015 09:48:07)

Je repose ma question: KA n'a pas pu agir SEUL....La complice duplicité des Occidentaux a joué pour lui après les décisions hâtives de Sèvres.....! Tout cela n'est JAMAIS expliqué bien entendu ... Lire la suite

Margane (22-08-2015 00:00:54)

Un homme un seul suffit à changer un monde. On l'attend en France avec impatience, car cette Europe et tout ce qu'elle trimballe comme idéalisme va nous liquéfier.
G M

Jacques (21-08-2015 12:15:34)

Synthèse très intéressante sur un personnage et une période qu'on a à peine survolée au lycée. Quelques réflexions: l'empire ottoman multiculturel a débouché sur de terribles épurations eth... Lire la suite

probst (19-01-2014 11:48:50)

Pourquoi ne pas rappeler son rejet absolu de Mahomet et de la religion qu'il a créée ? Avec Erdogan, hélas! nous en sommes loin...

Tramoni (04-11-2007 23:22:36)

A retenir cette phrase de Moustafa Kémal citée dans Moustafa Kémal de Benoist-Méchin (page 328, le livre de poche): "La première condition d'un esprit national est de renoncer à toute prétentio... Lire la suite

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