Jacques Bainville (1879 - 1936)

Historien et journaliste visionnaire

D'une immense curiosité intellectuelle, l'historien et journaliste Jacques Bainville est très tôt séduit par Charles Maurras, champion de la cause monarchiste et fondateur de l'Action française.

Jusqu'à sa mort, il accompagne le mouvement monarchiste et écrit dans son journal, L'Action française, partageant pendant plus de vingt ans son bureau avec Léon Daudet, fils de l'auteur du Petit chose. Cette sédentarité ne l'empêche pas de développer des vues prophétiques sur l'Europe.

Michel Psellos

L'Histoire pour éclairer le présent

Jacques Bainville (9 février 1879, Vincennes - 9 février 1936, Paris)Écrivain fécond, Jacques Bainville livre chaque jour des chroniques et des éditoriaux à différents journaux. Bien que n'ayant fait que des études de droit, il enchaîne aussi les livres d'Histoire.

Le premier, publié à vingt ans, est une biographie de Louis II de Bavière.

Son Histoire de France (1924), son Napoléon (1931) et son Histoire de la Troisième République (1935), constamment réédités, demeurent des références historiographiques.

En 1920, à l'issue de la Grande Guerre, en réplique à l'opuscule de l'économiste John Maynard Keynes sur les Conséquences économiques de la paix, Bainville publie un lumineux essai : Les conséquences politiques de la paix à propos du traité de Versailles.

Il démontre avec brio que les clauses politiques du traité de Versailles contiennent les germes d'un autre conflit et résume la paix de Versailles dans une formule cinglante et juste : « Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur et trop dure pour ce qu'elle a de doux ».

Ses principaux travaux journalistiques ont été réédités sous le titre : La monarchie des lettres (Bouquins, 2011).

Un purgatoire immérité

Observateur clairvoyant et lucide de son temps, Bainville eut mérité de faire partie des grands auteurs toujours lus ; styliste élégant, ses meilleurs extraits mériteraient de figurer au programme des cours de français. Il n'en est malheureusement rien, car la fidélité de Bainville à Charles Maurras, fondateur de l'Action française, a voilé son œuvre d'une tache indélébile qui occulte encore la qualité de ses vues en politique étrangère.

Il n'est pas jusqu'à son enterrement qui n'ait contribué à cette impression : le hasard a voulu que la voiture de Léon Blum soit bloquée dans son cortège mortuaire et que le leader socialiste fût proche d'être lynché par les Camelots du Roi, de sorte que le nom de Bainville reste associé à cet incident malheureux dont il ne pouvait être responsable.

Son discrédit pour cause d'engagement monarchiste est comparable à celui dont souffre aujourd'hui un autre remarquable écrivain français pour cause d'engagement communiste, le poète et romancier Louis Aragon.

En laissant ainsi Bainville au purgatoire, la culture française perd beaucoup, depuis des citations historiques devenues politiquement incorrectes comme la réponse en deux mots de Philippe le Bel à un ultimatum de l'empereur germanique Adolphe de Nassau (« Trop allemand »), jusqu'à la fabuleuse référence à un dialogue de Sophocle dans le passage de son discours de réception à l'Académie française sur les rangs clairsemés des défenseurs de la monarchie (« Où est Ajax ? Mort. Où est Achille ? Mort. Où est Patrocle ? Mort aussi »).

Publié ou mis à jour le : 2019-07-05 16:12:06
Heraklius (22-05-2022 13:04:32)

Sur " l'attentat" contre Blum, il y avait deux versions : Celle de Blum et de ses amis et celle des amis de Bainville, notre démocratie étant un modèle d'équité, on a érigé l'une en symbole ina... Lire la suite

Percy (09-02-2017 19:01:52)

Vous connaissez sans doute la loi de Godwin : "Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1."Je co... Lire la suite

BEAUCLAIR (10-02-2016 22:42:46)

Merci pour cet article intéressant.

Pourriez vous faire un article sur Augustin COCHIN, mort pour la France en 1916, ancien élève de l'Ecole des Chartes
et qui a écrit des choses intéressantes sur la Révolution (comme l'a rappelé en son temps M. FURET)

Cordialement

BEAUCLAIR (10-02-2016 22:41:16)

Merci pour cet article intéressant. Pourriez vous faire un article sur Augustin COCHIN, mort pour la France en 1916, ancien élève de l'Ecole des Chartes et qui a écrit des choses intéressantes s... Lire la suite

JPL (09-02-2016 00:37:06)

L'auteur de l'article, Michel Psellos me semble être d'un rare parti pris en faveur de Bainville : un "opuscule" de Keynes mais un "lumineux essai" de Bainville. Je ne connais Maurras que de réputat... Lire la suite

LANQUETIN (07-02-2016 16:05:45)

C'est un peu court de dire que Léon Blum avait été attaqué par des Camelots. Il a été reconnu comme juif et à ce titre faillit mourir si Georges Fourneret, un passant, n'avait pas aidé des ouv... Lire la suite

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