À la fin de la Première Guerre mondiale, Adolf Hitler (29 ans) est démobilisé. Comme beaucoup de soldats démobilisés et sans ressources, il reste dans l'armée. Son talent d'orateur (de gesticulateur plutôt) lui vaut d'être employé comme « officier politique » par la section bavaroise de l'armée pour infiltrer et dépister à Munich les trublions révolutionnaires, communistes, anarchistes...
Indic devenu militant, il rallie l'un de ces petits partis d'extrême-droite qu'il a la charge de surveiller, le Parti ouvrier allemand, dont il devient le septième adhérent...
Hitler, dès son entrée en politique, surpasse ses adversaires par ses talents d'orateur et de tribun. Petit, agité, teigneux, au demeurant pas très beau, probablement impuissant, il envoûte néanmoins ses interlocuteurs et soulève l'enthousiasme des foules par ses phrases hâchées, sans fioritures ni nuances. Il appartient à cette race de politiciens que l'on qualifie de démagogues. Bien ancré dans son époque, il en partage les inquiétudes et sait les mettre en scène grâce à sa parfaite maîtrise des médias, des tribunes et des micros. Mais ce savoir-faire, il va le mettre au service d'une politique criminelle au-delà de toute mesure.
Churchill, le « tombeur » de Hitler, est l'exact contraire de cette race d'hommes. Aristocrate enraciné dans le siècle antérieur, d'un tempérament entier, il a un absolu respect pour les institutions de son pays et ne dégage aucune haine. Il se sert des médias avec mesure et ses paroles n'en portent que davantage. Il emploie toute son énergie à guider ses concitoyens dans le sens de ses convictions profondes.
Un orateur charismatique
Le 24 février 1920, Hitler expose en public le programme en 25 points de son parti rebaptisé NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei ou Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands), qui sera plus tard connu sous l'abréviation « nazi ». Il est rejoint par des soldats perdus, tel l'ancien aviateur Hermann Goering, héros de la Grande Guerre, ou le prestigieux général Luddendorf, qui ne s'est pas remis de l'armistice.
Il est rejoint également par Joseph Goebbels, un pied-bot intelligent et complexé qui va épanouir ses talents de propagandiste à ses côtés.
Désigné comme le Führer (ou « Guide ») de son Parti, il promet à ses auditeurs de réviser l'humiliant traité de Versailles et de restaurer la fierté de l'Allemagne, prétendument mise à mal sous l'influence des Juifs cosmopolites et sans patrie. Soulignons qu'il est loin d'être le seul à brasser ces idées... Il a de nombreux concurrents mais les brise les uns après les autres.
Comme son principal concurrent, le parti communiste, le parti nazi est nettement anticapitaliste et orienté à gauche, du côté de la classe ouvrière. Ainsi demande-t-il « la suppression des revenus obtenus sans travail et sans peine, et l'affranchissement de la servitude capitaliste » (Henri Rousso, Le grand capital a-t-il soutenu Hitler ?, Les collections de l'Histoire, 2003).
Mais il met aussi en avant l'antisémitisme au nom de considérations morales et sociales : « Si nous sommes socialistes, nous devons automatiquement être antisémites car, autrement, il n'y a que matérialisme et culte du veau d'or, contre quoi nous nous dressons résolument » (discours d'août 1920 devant le NSDAP).
D'une sincérité totale, Hitler a ainsi l'habileté de présenter une alternative nationale et allemande au communisme d'inspiration russe et internationaliste, ce qui a l'heur de séduire beaucoup d'Allemands des classes populaires ou moyennes qui ne tiennent pas les Russes et autres étrangers en grande estime.
En août 1921, il dote son parti d'un corps franc paramilitaire, les SA (abréviation de Sturm Abteilung ou Section d'Assaut), surnommés les « Chemises brunes » en vertu de leur uniforme. Ces hommes dévoués, qui paient de leus deniers leur uniforme et leur équipement, sèment la terreur chez les adversaires et combattent dans la rue leurs homologues communistes.
Revers de fortune
L'année 1923 s'avère décisive. Occupation étrangère, grèves, inflation, soulèvements révolutionnaires... L'Allemagne est sens dessus dessous. Hitler juge le contexte favorable pour s'approprier le pouvoir à l'imitation de Mussolini en Italie l'année précédente. Mais comme il n'est pas question de s'en prendre au pouvoir national, qui siège à Berlin, c'est au gouvernement du Land (État fédéral) de Bavière que s'attaque le bouillant agitateur.
Il tente de renverser le gouvernement bavarois de von Kahr mais sa démonstration de force échoue piteusement après une brève fusillade devant la Fernherrnhalle. Cet échec du « putsch de la Brasserie », le 9 novembre 1923, débouche sur son arrestation.
Il bénéficie néanmoins de la mansuétude des juges qui le condamnent le 1er avril 1924 à cinq ans de forteresse. Il n'en effectue que quelques mois dans des conditions somme toute confortables, dans la prison de Landsberg, et en profite pour rédiger son programme politique, Mein Kampf (Mon combat), avec la collaboration de son compagnon de captivité, Rudolf Hess.
Quand Hitler retrouve la liberté en décembre 1924, son parti est laminé cependant que les Allemands retrouvent un semblant d'espoir avec le retour de la prospérité sous l'égide du docteur Hjalmar Schacht, président de la Reichsbank. Qui parierait alors sur son avenir ?
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