Franc-maçonnerie

Petite histoire d'un Ordre méconnu

Symboles maçonniquesLa franc-maçonnerie moderne est née en Grande-Bretagne dans les premières années du XVIIIe siècle. Elle s'est très vite diffusée dans l'ensemble du monde occidental, accompagnant partout la démocratie et la tolérance religieuse.

Elle a pris diverses colorations au fil de ses migrations, plutôt spéculative en France et plutôt bienfaitrice aux États-Unis, sans jamais renier les idéaux reçus de ses « géniteurs » anglais.

Elle se définit comme un « Ordre initiatique », avec une notion de « sacré » qui va au-delà de la simple religiosité. Son goût du secret et ses engagements libéraux ont nourri à son encontre mythes et calomnies...

Origine anglaise et références bibliques

En juin 1717, quatre loges maçonniques londoniennes qui n’avaient d’autre objectif que celui de pratiquer une entraide mutuelle entre leurs membres se fondent dans une « Grande Loge de Londres ». C’est l’acte fondateur de la franc-maçonnerie moderne.

Tablier sur sole, dit vase aux serpents (XVIIIe siècle), Musée de la franc-maçonnerie (Paris), DRNée dans un milieu protestant, la franc-maçonnerie puise dans l’Ancien Testament son enseignement moral. Considérant qu’elle a pour vocation de construire un temple idéal, elle adopte pour modèle le Temple du roi Salomon.

L’architecture sacrée joue un rôle prépondérant dans la vie maçonnique : Dieu est appelé par les francs-maçons « Le Grand Architecte de l’Univers ».

Très rapidement, la franc-maçonnerie accueille en son sein des représentants de la haute société anglaise (exclusivement des hommes) et essaime sur le Continent, à commencer par la France.

Une vocation libérale

Une première loge maçonnique voit le jour à Paris en 1725. Elle est suivie de nombreuses autres loges dans toutes les grandes villes de France,où se pressent les élites cultivées  du « Siècle des Lumières ». Les membres de la haute aristocratie, les bourgeois de qualité, certains membres du haut clergé et tous ceux qui se piquent de « philosophie » envahissent ces loges qui deviennent un lieu privilégié d’échanges intellectuels.

Le reste de l'Europe ne tarde pas à connaître le même engouement pour la franc-maçonnerie et, à Prague, en 1791, le divin Mozart, lui-même initié, lui offre un chef-d'oeuvre, La Flûte enchantée... 

Vers la démocratie

René Viviani (Sidi-bel-Abbès, 8 décembre 1863 - Le Plessis-Robinson, 7 septembre 1925)La Révolution divise les maçons français, partagés entre monarchistes et libéraux. Napoléon réconcilie tout le monde. Au demeurant, les maçons se montrent successivement bonapartistes et napoléoniens et l’on voit même des loges prendre pour nom distinctif : Saint-Napoléon (!). Ce qui n’empêche pas l'empereur de les faire étroitement surveiller par sa police. Et, pour encore mieux les tenir en laisse, il nomme en 1804 son frère Joseph Grand Maître du Grand Orient de France.

Sous la Restauration et le Second Empire, les loges changent peu à peu de visage. La Constitution du Grand Orient de France proclame que « la franc-maçonnerie est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ».

Les citoyens des classes nobiliaire et bourgeoise, qui, jusque-là, avaient occupé une place prépondérante dans les loges, se serrent pour accueillir – fait nouveau – des petits fonctionnaires, des artisans et des commerçants.

Cependant, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle apparaît comme une société de notables et demeure imperméable à la classe ouvrière et au prolétariat… Il en est encore de même de nos jours, à quelques exceptions près.

La franc-maçonnerie et l’Anti-France

Quand éclate l’affaire Dreyfus, le Grand Orient de France (alors la plus importante des obédiences maçonniques françaises en effectifs comme en influence) prend position en faveur du capitaine et demande une révision du procès. C’est à l’occasion de cette affaire qu’est créée la « Ligue des Droits de l’Homme », laquelle compte de nombreux maçons.

Par ailleurs, l’affaire des fiches éclate en 1901 quand le général André, ministre de la Guerre, prend l’initiative de mettre en fiches les officiers en raison de leurs convictions catholiques. Il se trouve que ce ministre-général est franc-maçon…

Dans la première moitié du XXe siècle, ces deux affaires indisposent les adversaires de l’Ordre qui prennent pour cibles quatre ennemis accusés de tous les malheurs réels ou supposés du pays : la République, les juifs, les communistes et les francs-maçons.

Pendant l’Occupation (1940-1944), l’Ordre est interdit, tout comme dans l’Allemagne hitlérienne, avant tout en raison de son internationalisme. Nombreux sont les maçons qui s’impliquent dans la Résistance. Fin 1943, à Alger, le général de Gaulle abroge les lois antimaçonniques de Vichy et affirme « que la franc-maçonnerie n’avait jamais cessé d’exister ».

Blessée, humiliée, pillée, la franc-maçonnerie française renaissant de ses cendres au lendemain de la Libération, se reconstitue non sans mal et sans retrouver l’influence qu’elle avait sous la IIIe République.

Publié ou mis à jour le : 2023-01-01 14:15:27
Marco Polo (22-02-2018 11:26:21)

Pour le G.O.D.F. je ne vois pas la Laïcité et la séparation des Eglises et de l'Etat par la loi 9/12/1905.Ensuite je ne distingue pas le changement de l'article 1er de la constitution du G.O.D.F.par le convent de 1877. A savoir : « La franc-maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts, et la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité ».L'acronyme G.A.D.L.U. a disparu de cet article mais peut-être évoqué librement.

oldpuzzle (15-08-2017 10:54:57)

Laisser à chaque Loge le choix d'initier ou non des femmes n'est pas un manque de courage mais la liberté donnée aux Frères de décider de la mixité ou pas au sein de leur Loge.
"Un Maçon libre au sein d'une Loge libre" n'est pas qu'un simple formule.

GM (21-07-2017 07:17:27)

Une des motivations à la création des loges maçonniques était aussi de créer un espace où nobles et bourgeois pouvaient se parler à égalité (tous les maçons portaient l'épée). Il en était de même pour les loges militaires qui suivaient les armées en campagne, au sein desquelles un lieutenant pouvait tutoyer le général. Au delà des grades, l'égalité est un élément essentiel du fonctionnement de la franc-maçonnnerie. Enfin, en ce qui concerne les femmes, un certain nombre d'obédiences mixtes ou féminines plus confidentielles ont vu le jour, au Grand Orient, la question fut posée depuis des années à chaque convent sans trouver de majorité jusqu'à ce que récemment un frère devienne une soeur... L'attitude de l'obédience n'a pas été bien courageuse: plutôt que de décréter la mixité pour toutes les loges du Grand Orient, il fut choisi de laisser cette question à la décision de chaque loge. ll existe donc au sein du Grand Orient de France des loges qui initient les femmes et d'autres qui le refusent encore.

Pathieu (16-01-2017 00:03:35)

C'est la grande loge nationale française (GLNF) qui a 26 000 membres.

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