Les premières compétitions sportives sur la neige ou la glace remontent à la fin du XIXe siècle mais l'usage d'instruments pour faciliter les déplacements sur la glace ou la neige n'a rien d'une nouveauté : des gravures néolithiques représentent des hommes qui chaussés de ski, et le musée de du ski d'Umea conserve des planches utilisées il y a plus de 5 000 ans.
Premiers sports de neige et de glace
Les Scandinaves utilisent les skis primitifs de manière continue pour leurs déplacements, aussi bien commerciaux que militaires. Les patins à glace remontent eux aussi à la nuit des temps : à l'origine en os de bovidés, ils reçoivent à partir du XVIIe siècle une lame en métal et connaissent une grande vogue aux Pays-Bas, en Angleterre et en Écosse, où des clubs sont fondés et des compétitions organisées. La première patinoire artificielle est construite à Londres en 1876 et fait rapidement des petites.
Pour des raisons de commodité, la pratique sportive du ski se développe pour sa part plus lentement : les premières compétitions apparaissent dans la seconde moitié du XIXe siècle dans cette région, plus précisément en Norvège. Ailleurs, la montagne rebute longtemps, elle est le lieu de tous les dangers, le cas échéant des exploits militaires, d'Hannibal à Napoléon, pas celui des plaisirs. C'est le XVIIIe siècle qui, sous l'influence de Rousseau, découvre la majesté de ses paysages illustrée par des artistes comme Caspar David Friedrich.
Durant les décennies qui suivent, le tourisme se développe, et nombre de Britanniques enrichis par la révolution industrielle viennent en été. En 1864, à Saint-Moritz (Suisse), l'hôtelier Johannes Badrutt propose à ses hôtes de revenir en hiver à ses frais : le bouche-à-oreille fait le reste et lance la station et, par extension, les sports d'hiver.
Les sports d'hiver... aux Jeux Olympiques d'été
Entre les années 1890 et 1914, les sports d'hiver connaissent un rapide essor : le matériel se développe, les premiers remonte-pentes font leur apparition, et des compétitions internationales voient le jour.
En 1893 a lieu le premier championnat du monde de patinage de vitesse à Scheveningen, aux Pays-Bas. En 1896, c'est au tour du patinage artistique, à Saint-Pétersbourg : quatre concurrents (masculins) s'affrontent. En ski, la première compétition internationale a lieu à Montgenèvre (Hautes-Alpes), en février 1907. Elle comprend des épreuves de ski de fond, de ski de descente, et de saut à ski.
L'année suivante, en 1908, le patinage devient épreuve olympique mais dans le cadre des Jeux Olympiques d'été de Londres. Après une éclipse en 1912, il fait son retour avec le hockey sur glace, à Anvers en 1920.
Naissance des Jeux Olympiques d'hiver
L'idée d'organiser des compétitions de sports d'hiver fait son chemin : il existait une Semaine internationale des sports d'hiver et, après la Première Guerre mondiale, les délégués français au Comité International Olympique suggèrent d'intégrer ces disciplines au programme olympique.
Appuyés par le baron Pierre de Coubertin, ils obtiennent gain de cause et on décide d'associer aux Jeux de Paris en 1924 la Semaine internationale des sports d'hiver, à Chamonix, avec quatorze nations participantes, seize épreuves et 258 athlètes dont onze femmes, devant dix mille spectateurs. Ce n'est qu'en 1926 qu'elle est rétroactivement rebaptisée « Jeux Olympiques d'hiver » !
Le premier champion est l'Américain Charles Jewtraw, médaille d'or en patinage de vitesse (500 mètres accomplis en 44 secondes). Notons que son compatriote Anders Haugen n'a obtenu sa médaille de bronze en saut à ski que... cinquante ans plus tard, à 83 ans : c'est le temps qu'il a fallu pour qu'on s'avise qu'une erreur avait été commise dans le calcul des notes (distance + note artistique) !
Dès lors, les JO d'hiver se déroulent tous les quatre ans, en association avec les Jeux d'été, même s'il faut parfois changer de pays : les Jeux de 1928 et 1948 ont lieu à Saint-Moritz, en Suisse, faute de station de sports d'hiver à proximité d'Amsterdam. À partir de 1956, l'association entre les Jeux d'hiver et d'été disparaît, les premiers se déroulent à Cortina d'Ampezzo, en Italie, les seconds à Melbourne.
Depuis les jeux de 1994 à Lillehammer, en Norvège, et afin de leur donner une meilleure visibilité, les JO d'hiver ont lieu en alternance avec ceux d'été, ce qui les place cependant la même année que la Coupe de Monde de football.
Comme aux JO d'été, le nombre d'épreuves et de discipline progresse avec l'introduction du ski acrobatique en 1992 et du surf des neiges en 1998. Dans l'ensemble, cependant, on note une plus grande stabilité : au ski, alpin et de fond, et au patinage artistique et de vitesse, s'ajoutent le saut à ski et le combiné nordique (ski de fond + saut à ski), le curling (discipline originaire d'Écosse), la luge, le bobsleigh et le skeleton (inventés dans les Alpes par des Britanniques). L'instabilité est plutôt météorologique ; en 1932, les jeux de Lake Placid, déjà très touchés par la crise économique qui empêcha de nombreux athlètes de participer, sont victimes d'un redoux qui impose aux organisateurs de faire venir de la neige du Canada par train. Plus près de nous, le brouillard de Nagano en 1998 est resté dans les mémoires.
Après Turin en 2006, ce fut au tour de Vancouver d'accueillir les Jeux, le 12 février 2010, avec plus de 80 nations participantes, une centaine de disciplines et près de 3 000 athlètes.
Des Jeux très politiques
L'ouverture des Jeux suivants, le 7 février 2014, à Sotchi, est un jour de gloire pour Vladimir Poutine, après quinze de domination sans partage sur la Russie. Des moyens colossaux et dispendieux ont dû être déployés pour organiser les disciplines de neige dans cette station des bords de la Mer Noire et au pied du Caucase, choisie en dépit d'un climat subtropical très doux !
Mais les nuages s'accumulent au-dessus du Kremlin. La Russie est très officiellement exclue des Jeux de Pyeongchang, en Corée du Sud, pour cause de dopage. Ceux de ses athlètes qui n'ont pas été accusés de dopage sont toutefois autorisés à concourir sous la bannière olympique (ils sont 168).
Mais à côté de cela, fait sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux Corées, séparées par la guerre froide, participent ensemble, sous le même drapeau, à la compétition !
Le 9 février 2018, pour l'ouverture officielle des Jeux, ving-deux athlètes nord-coréens défilent ainsi avec les 121 athlètes sud-coréens. C'est un fait inouï et réconfortant alors que dans le même temps, le dictateur nord-coréen et le président américain s'invectivent par médias interposés et menacent le monde d'une apocalypse nucléaire.
Comme leurs homologues d'été, les Jeux Olympiques d'hiver ont été gagnés par le virus de la politique. Ils sont devenus un enjeu géopolitique autant que sportif.
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Yves Petit (11-02-2018 20:30:04)
Je rêvais de participer aux olympiques lorsque j'étais jeune. Maintenant les jeux des drogués ne m'intéressent plus.