Le théâtre des origines au XVIIe siècle

Que le spectacle commence !

Superflu et indispensable, le théâtre est né du désir commun à tous les hommes de partager histoires et expériences.

Il a traversé les siècles et les continents en s'appuyant sur l'enthousiasme des auteurs, des comédiens et de la grande famille des gens de la scène.

Acte I, scène 1 : l'Antiquité

Abbé Breuil, Décalque du Dieu cornu de la grotte des Trois-Frères, découverte en 1916À quel moment est-on passé de l'autre côté du rideau ? Difficile à dire, mais on peut supposer que certains rites magiques, pendant la Préhistoire, pouvaient s'apparenter à une représentation. Dès 3.000 avant JC, en Égypte, des prêtres-acteurs se présentaient sur scène, devant les temples, pour échanger des répliques.

Mais c'est la Grèce qui peut revendiquer la naissance du théâtre : deux fois par an, les Grecs anciens se rassemblaient pour danser en l'honneur de Dionysos. Au VI siècle avant JC, un aède imaginatif du nom de Thepsis a l'idée de changer de masque pour incarner différents personnages.

L'acteur est né, sous le charmant nom de Tragikoï (le bouc) puisque, imagine-t-on, Thepsis se faisait payer avec des chèvres. Le Ve s. voit l'apothéose du théâtre grec : Eschyle, Sophocle puis Euripide font de la tragédie un art, en reprenant les intrigues des histoires mythologiques. À la même époque, Aristophane réjouit le public avec ses comédies qui ridiculisent vieillards et notables.

Le Romain, lui aussi, adore aller applaudir les pièces de théâtre. Parmi les auteurs restés célèbres, voici Plaute, boulanger et pitre devenu le plus célèbre auteur de comédies chantées bouffonnes (La Marmite, IIIe siècle avant JC). Pour donner vie à leurs personnages caricaturaux, les acteurs (toujours des esclaves ou affranchis) se griment et se cachent sous des perruques de couleur et des masques.

Le théâtre, un bâtiment à part

Le bâtiment accueillant les spectacles de théâtre a bien évolué au cours des siècles : en Grèce, par exemple à Épidaure, ils permettaient d'accueillir jusqu'à 14.000 spectateurs. Observons un peu les lieux : au centre de l'hémicycle, l'orchestra, une piste en terre battue où chanteurs et danseurs peuvent évoluer.

Toujours en contrebas, le proskénion réservé aux acteurs. Derrière eux, la skéné (scène) est une façade contenant plusieurs portes, et où étaient disposés les rares éléments de décors.

théâtre d'Épidaure (IIIe s. av. J.-C. - Grèce), photo : Isabelle Grégor

 Les acteurs, 3 au maximum, sont engoncés dans de longues robes, les visages dissimulés sous des masques qui leur servent de porte-voix ; ils se déplacent sur de hautes semelles appelées cothurnes en psalmodiant leur texte face au choeur, 15 garçons symbolisant la Cité. A noter que les rôles féminins étaient joués par des hommes.

Dessin de A. van Buchell d'après la description de J. de Witt, Intérieur du théâtre du Cygne en 1596.À Rome, le théâtre devient clos grâce à un mur de scène et s'installe au cœur de la ville.

Le Moyen Âge le réduit souvent à quelques tréteaux et un rideau disposés sur le marché. Mais comment faire payer tous les spectateurs ? Il suffit de clôturer l'endroit, à la façon des théâtres anglais élisabéthains, circulaires et à étages comme Le Globe, le théâtre de Shakespeare.

Il faut attendre la Renaissance pour que le théâtre «à l'italienne» en forme de U devienne la norme.

Au milieu du XXe siècle, certains metteurs en scène choisissent d'investir la rue ou des bâtiments riches en histoire (festivals d'Avignon).

Acte II : le Moyen Âge et la Renaissance

L'effondrement de Rome marque le début d'un long passage à vide. Il faut attendre l'an Mil pour que, sous l'impulsion de l'Église, on cherche à familiariser le public avec les histoires bibliques en les mettant en scène. Ces drames liturgiques sont peu à peu remplacés par des représentations jouées sur le parvis puis sur les grandes places : les miracles (XIVe siècle).

Relatant un épisode de la vie des saints, ils sont détrônés un siècle plus tard par les mystères (XV-XVIe siècles) qui représentent des extraits des livres sacrés. À cette même époque, sur les marchés, le théâtre devient profane et moqueur avec les soties qui ridiculisent les personnalités de l'époque, et les farces qui s'inspirent de la vie quotidienne (La Farce de maître Pathelin, 1460).

Pieter Balten, La Foire paysanne (détail), 1540-1598, Rijksmuseum, Amsterdam

 

En Angleterre, de petits convois constitués de mansions (petites scènes) tirées par des bœufs font le tour des villages à la rencontre du public. Puis on construit à partir du XVIe s. à Londres des théâtres fixes où le public, de tous milieux, réagit bruyamment aux trappes qui s'ouvrent, aux duels violents et même à l'arrivée de chevaux sur le plateau ! 

À Londres, la «maison du Diable» accueille les pièces de Christopher Marlowe (La Tragique histoire du Dr Faust, 1590), brillant provocateur mort à 29 ans d'un coup de poignard dans l'oeil. Il eut le temps, entre deux rixes, de donner ses lettres de noblesse à l'écriture théâtrale élisabéthaine, magnifiée ensuite par son ami William Shakespeare. Génie de l'écriture, celui-ci livre 37 pièces sous la forme de drames historiques (Richard III, 1591), tragédies (Roméo et Juliette, 1595, Hamlet, 1596) et comédies (Le Songe d'une nuit d'été, 1595).

Au XVIe siècle, l'Espagne est de son côté à son apogée grâce aux galions revenant d'Amérique. La soif de spectacle devient sans limite. Au cœur des corrales, espaces entre les maisons où l'on dispose la scène avec des décors sommaires, les représentations s'enchaînent : une pièce ne doit pas rester plus de huit jours «à l'affiche» ! Dans les quelque 10.000 comedias (pièces de théâtre en général) écrites en un siècle, on s'inspire de la vie quotidienne ou d'événements historiques.

Surnommé «le monstre de la nature», Lope de Vega (Le Chien du jardinier, 1618) a écrit à lui seul près de 2 400 de ces tragi-comédies comptant généralement chacune 3 000 vers. Son homologue Pedro Calderon (La Vie est un songe, 1635) ne peut en revendiquer que 500...

En Italie, c'est le temps de la Commedia dell'Arte : les comédiens sont devenus des «hommes de l'art», itinérants, montrant leur talent aussi bien dans la rue que dans les palais. L'Italie applaudit à ces spectacles caricaturaux fondés sur l'improvisation : les comédiens (et les comédiennes !) multiplient les inventions et les acrobaties pour donner vie à des personnages excessifs, toujours les mêmes. Voici Arlequin, le valet paresseux aux vêtements rapiécés ; à ses côtés, Colombine, la servante délurée, Polichinelle le bossu ou encore Pantalon, l'avare habillé de longs caleçons.

[suite : Le théâtre du XVIIe siècle à nos jours]

Pieter Jansz Quast, Farceurs Dansants, XVIIe s., Paris, Comédie Française
Publié ou mis à jour le : 2020-05-28 15:45:43
Jean-Claude PETERS (06-08-2014 22:10:23)

Article bâtard traitant du théâtre puis du Général de Gaulle. Il doit y avoir un bug dans les textes.

Amicalement.

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