L'Assyrie émerge au IIIe millénaire avant notre ère sur les pentes montagneuses des monts Zagros, au nord de la Mésopotamie et de la vallée du Tigre.
Ses populations pauvres font d'abord allégeance aux cités-États de Sumer. Puis à l'empire de Babylone. Elles forgent leur énergie dans des combats incessants contre les puissances occidentales, les Hittites, peuple indo-européen installé en Asie mineure (Turquie actuelle) et le Mitanni, royaume de langue sémitique situé à l'ouest (Syrie actuelle).
À différentes reprises, pendant plus d'un millénaire, les Assyriens vont soumettre à leur tour une grande partie du Moyen-Orient, en inventant la « guerre totale » : attaques par surprise, supplices et massacres des prisonniers, déportations des populations vaincues.
Cliquer pour agrandir la carte
Les premiers États apparaissent dans le Croissant fertile, en Mésopotamie (Irak actuel), en Égypte ainsi qu'au Proche-Orient et en Anatolie (Turquie actuelle), au IIe millénaire avant notre ère...
L'empire du glaive
Les Assyriens ont même culture que les Babyloniens et comme eux, parlent l'akkadien, une langue sémitique. Ils envient le raffinement de leurs cousins du sud mais sont eux-mêmes plus brutaux et plus rustres. Ce sont surtout de rudes combattants qui ont révolutionné les techniques de guerre en organisant de façon rationnelle les corps d'armée (infanterie, cavalerie, génie...), en procédant à des attaques surprise et en pratiquant la terreur et la répression pour assurer leur domination.
Le premier empire assyrien se constitue vers 1875 av. J.-C. sous la direction de Sargon Ier, qui combat Babylone et étend son autorité jusqu'à la Cappadoce. Mais il ne va pas résister à l'offensive du nouveau roi de Babylone, le grand Hammourabi, un siècle plus tard.
L'Assyrie passe alors sous la domination de Babylone puis du Mitanni.
L'affaiblissement de celui-ci sous les coups des Hittites favorise le retour en force des Assyriens vers 1274 sous le règne de Salmanassar Ier. Celui-ci ravit le Mitanni aux Hittites en 1269 av. J.-C. Son successeur occupe qui plus est Babylone.
C'est alors que s'affiche la puissance assyrienne dans toute sa brutalité qui fera sa réputation jusqu'à nos jours, avec une armée des plus modernes qui conjugue l'infanterie, les chars de guerre, la cavalerie et les machines de siège.
Cette fureur guerrière connaît une éclipse à la fin du IIe millénaire. Dans le même temps, Babylone passe sous la coupe des Kassites, un peuple venu de l'Est. À partir d'environ 900 av. J.-C., les rois de Babylonie et d'Assyrie cultivent de bons rapports de voisinage et marient leurs enfants les uns avec les autres pour éviter d'avoir à se faire la guerre.
Mais l'Assyrie revient sur le devant de la scène avec le roi Assournazirpal II en 884 av. J.-C. Celui-ci commet un nouvel exploit en atteignant le mont Liban et les rivages de la mer Méditerranée, qu'il appelle la « grande mer du pays d'Amourrou ». Il impose aussi son protectorat à Babylone. Par la suite, l'illustre cité se révoltera à plusieurs reprises contre la tutelle des Assyriens et à chaque fois subira une brutale répression.
En 721 av. J.-C., le roi Sargon II envahit le royaume d'Israël.
Prenant prétexte d'une révolte, Sennachérib, fils et successeur de Sargon II, déporte les Hébreux d'Israël entre le Tigre et l'Euphrate. En 704 av. J.-C., il établit la capitale de son empire à Ninive, sur les bords du Tigre (en face de l'actuelle Mossoul).
Dans cette ville s'exprime le goût des Assyriens pour le colossal, avec une ornementation violente (scènes de chasse et de guerre), à mille lieues de l'élégance raffinée que l'on reconnaît aux monuments de Babylone.
Sennachérib n'en finit pas de réprimer des séditions. Il doit lutter en particulier contre les Chaldéens qui règnent à Babylone. Après plusieurs campagnes, il se résout à détruire la ville sainte jusqu'aux fondations en 689 av. J.-C.
Son fils Assarhaddon (en anglais Asarhaddon) lui succède en 681 av. J.-C. Tenaillé par de multiples maladies, il attribue celles-ci à une punition du ciel et, pour s'en faire pardonner, reconstruit Babylone et lui restitue une partie de sa splendeur passée. Il partage sa succession entre ses fils Shamash-Shoum-Oukim et Assourbanipal.
Assourbanipal va porter l'Assyrie à son apogée. Mais, peu après sa mort, l'Assyrie, usée par les guerres et détestée par ses sujets allogènes, ne tarde pas à se déliter sous l'effet des révoltes et des luttes de palais.
En déportant les populations vaincues d'un bout à l'autre de leur Empire, les Assyriens vont aboutir à unifier celui-ci sous la langue de l'une de ces populations, l'araméen.
L'araméen est une langue sémitique (comme l'arabe et l'hébreu) qui apparaît en Syrie au début du Ier millénaire av. J.-C., sans doute sous l'effet de migrations venues de la péninsule arabique. À la suite des déportations imposées par le roi assyrien Sargon II et ses successeurs, au VIIIe siècle av. J.-C., elle va se diffuser de la Méditerranée aux monts Zagros, aux limites de la Perse.
L'araméen va ainsi devenir la lingua franca du Moyen-Orient et la langue administrative de l'empire perse (l'équivalent de l'anglais d'aéroport). Elle va résister à la pénétration du grec avec les conquêtes d'Alexandre le Grand, le grec restant cantonné aux milieux urbains et cultivés.
Au tout début de notre ère, c'est en araméen que s'exprime usuellement Jésus-Christ. Et cette langue est encore pratiquée par quelques-unes des dernières communautés chrétiennes du Moyen-Orient, soit au total quelques centaines de milliers de locuteurs.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible