3100 à 30 av. J.-C.

L'Égypte... un don du Nil

L'Égypte des pharaons doit en bonne partie sa longévité et sa grandeur à son environnement géographique : une vallée fertile isolée par le désert et dont la vie était rythmée par les crues annuelles du Nil. Le voyageur grec Hérodote, découvrant le royaume des pharaons sur son déclin, a pu écrire avec justesse : « L'Égypte est un don du Nil ».

Un défunt devant Osiris (Le Livre des Morts, 1400 avant JC, British Museum)

« L'Égypte est un don du Nil »

Vers 6500 av. J.-C., le Sahara précédemment fertile se transforme en désert. Ses habitants cherchent leur survie en se regroupant sur les bords du Nil.

Né au sud, dans les montagnes d'Éthiopie, le fleuve coule vers la Méditerranée, au nord, en traversant le désert sur plus de mille kilomètres. Tous les ans, en septembre, gonflé par la fonte des neiges d'Éthiopie, il sort de son lit et inonde sa vallée. En se retirant, au mois de décembre, il laisse dans la vallée un limon très fertile. Il s'agit de la terre arrachée aux hauts plateaux d'Éthiopie.

Les paysans de la vallée arrivent très vite à tirer le meilleur parti des crues du fleuve. Grâce au limon, ils obtiennent en un temps record d'abondantes récoltes de céréales. Ces résultats sont rendus possibles grâce à une mise en commun des efforts de tous et à des règles strictes pour le partage des terres et l'entretien des canaux d'irrigation et de drainage.

Papyrus du scribe Ahmès, vers 1650 av. J.-C., découvert par alexander Rhind,  Londres, British MuseumLe roi du pays (désigné sous le terme de pharaon) devient le garant de l'ordre social et s'avère indispensable à la gestion des crues périodiques. Il est assisté par de nombreux fonctionnaires et des scribes sélectionnés pour leur maîtrise de l'écriture.

Certains archéologues émettent l'hypothèse que les besoins administratifs sont à l'origine de l'écriture égyptienne, à base d'hiéroglyphes (idéogrammes), à peu près contemporaine de l'écriture cunéiforme de Mésopotamie (ou même antérieure).

Pendant la crue du fleuve, quand il est impossible de travailler dans la vallée, les paysans se mettent au service de l'administration royale et construisent des canaux d'irrigation, des digues mais aussi des temples, des palais et des tombeaux. Ainsi naît le premier État de l'Histoire. Le voyageur grec Hérodote, découvrant le royaume des pharaons sur son déclin, a pu écrire avec justesse :  « L'Égypte est un don du Nil ».

L'Égypte des pharaons

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L'Égypte, premier État historique, est né du regroupement des hommes sur les bords du Nil, à l'abri du désert environnant et de la nécessité de gérer collectivement les crues du fleuve pour en tirer le meilleur parti...

La religion, ciment social

Le ciment de l'Égypte ancienne est la religion. Hérodote l'a bien compris en présentant les Égyptiens comme « les plus religieux de tous les hommes ». À l'origine, chaque cité avait ses propres divinités, souvent des dieux à corps humain et tête d'animal.

Avec l'émergence d'un État centralisé, ces divinités sont réunies dans une cosmogonie commune. Tous les habitants partagent la même vision de la création du monde, avec une place privilégiée pour Rê (plus tard appelé Amon).

C'est le dieu-Soleil, qui dispense la vie sur la Terre. Sa domination sur les autres dieux du panthéon égyptien fait dire à certains historiens que la religion des pharaons était somme toute plus proche du monothéisme que du polythéisme.

Sous l'Ancien Empire, les Égyptiens tendent à penser que seuls les pharaons et leur entourage méritent d'être momifiés et d'accéder à la vie éternelle. D'où les énormes tombeaux en pierre que se font construire les premiers pharaons dans l'espoir que leur cadavre y soit conservé à l'abri des pillages et de la putréfaction. Au fil des siècles, ils accèdent à l'idée plus réconfortante que la résurrection est accessible à tout un chacun.

Publié ou mis à jour le : 2023-05-30 07:45:43
PLB69400 (15-03-2024 17:48:13)

Je trouve Kam bien péremptoire. A-t-il oublié Léon ?
Et que dit la génétique ?

Hervé Camier (25-09-2012 16:26:10)

Dans cette présentation, comme dans beaucoup d'autres, il est bon de tenir compte de l'oeuvre de Francoise Gange: Avant les Dieux, la Mère universelle.

kam (15-07-2006 13:16:30)

Les Egyptiens étaient-ils de race noire? Je le pense.
Comme l'affirmait déjà Hérodote témoin visuel qui, voulant prouver que les Colchidiens sont une colonie égyptienne qui s’est égarée près de la mer noire, va faire la démonstration suivante : « je soupçonne les Colchidiens d’être une colonie égyptienne d’abord parce que comme les Égyptiens ils ont la peau noire et les cheveux crépus » (Livre II). Il ne les compare pas aux Nubiens mais aux Égyptiens.

Diodore de Sicile (90 – 20 av JC) confirme cette négritude qu’il compare aussi au charbon. D’autres comme Plutarque ou Xénophane attestent que la couleur des dieux égyptiens était noir parce qu’ils sont eux-mêmes Noirs.

Aristote (384 – 322 av J.C.) également dit que «Ceux qui sont excessivement noirs sont couards. Ce sont les Égyptiens et les Éthiopiens».
Notons ici que les grecs ont 4 mots pour dire noir, sombre, brun ou ténébreux : kêlainos, eremnos, aithôn et melas. Melas est le noir physique, le plus total. C’est de cette racine que l’on tire le mot mélanine qui définit le pigment noircissant la peau des Nègres. Pour brun on dit « phaios ». C’est melas qu’utilise le savant Aristote pour désigner les Égyptiens et les Ethiopiens. Il dit en plus «excessivement noir» (agan melanes en grec).
Aristote est un témoin visuel, l’observateur le plus rigoureux de l’antiquité, le fondateur de la classification des espèces. Il ne pouvait se permettre d’être approximatif dans ce livre d’où est extrait cette citation, et qui s’intitule justement Physionomie.

Plus proche de nous, l’académicien Constantin François de Volney (1757 – 1820) écrira:
« ... lorsque ayant été visiter le Sphinx, son aspect me donna le mot de l'énigme. En voyant cette tête caractérisée nègre dans tous ses traits, je me rappelai ce passage remarquable d'Hérodote, où il dit : "Pour moi j'estime que les Colches sont une colonie des Égyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus, c'est-à-dire que les anciens Égyptiens étaient de vrais Nègres de l'espèce de tous les naturels d'Afrique [...] Quel sujet de méditation [...] de penser que cette race d'hommes noirs, aujourd'hui notre esclave et l'objet de nos mépris est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences, jusqu'à l'usage de la parole ; d'imaginer enfin, que c'est au milieu des peuples qui se disent les plus amis de la liberté et de l'humanité, que l'on a sanctionné le plus barbare des esclavages et mis en problème si les hommes noirs ont une intelligence de l'espèce de celle des hommes blancs!»" (in "Voyage en Syrie et en Egypte").

Egypte est un mot grec. Les égyptiens eux-mêmes se nommaient Km (lisible par Kam ou kem) qui signifie litteralement "noir". D'ailleurs, les tradition bibliques et coraniques ne manque d'affirmer que Kam est le fils de Noé, et ancêtre des noirs. Ses frères étant Sem ancêtre de sémites, et Japhet, l'ancêtre des blancs.

Mais, Champollion Figeac (frère de Champollion dit « Le Jeune » le déchiffreur des hiéroglyphes) voulant attaquer au XIXè siècle la négritude des Egyptiens antiques que soutien son frère, trahi ceci :
« L’opinion selon laquelle l’ancienne population égyptienne appartenait à la race nègre d’Afrique est une erreur qui a longtemps été adoptée comme une vérité. […] La peau noire et les cheveux crépus ne suffisent pas à caractériser la race nègre.» La première phrase indique clairement que jusqu’à une époque récente de Champollion (XIXè siècle) la communauté scientifique comme la mémoire collective n’émettaient aucun doute quant à l’origine raciale des Egyptiens antiques. C'était des Noirs-Nègres lippus, aux cheveux crépus et aux jambes grèles. L’aberration de la seconde préposition («la peau noire et les cheveux crépus ne suffisent pas à caractériser la race nègre ») est, curieusement, le point de départ d’une argumentation de la non négritude des Egyptiens antique et qui jusqu'en ce jour, malgré son abérration, fait autorité dans l'imaginaire collective et même auprès des scientifiques.

L'occident, après des siècles de domination sur les noirs, déploierait-elle une energie féroce pour ne pas reconnaitre à cette race le génie d'avoir initié la plus grande civilisation de l'humanité?

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