Aux alentours de 1500, la chrétienté occidentale est en pleine ébullition. Les conditions de vie s'améliorent, surtout dans les villes où les échanges commerciaux et l'artisanat favorisent l'émergence d'une bourgeoisie riche et relativement instruite.
L'invention de l'imprimerie met la lecture à la portée du plus grand nombre et l'on prend goût à lire dans le texte et commenter les écrits évangéliques sur lesquels se fonde l'enseignement de la religion chrétienne.
Lorsque, le 31 octobre 1517, un moine allemand, Martin Luther, affiche sur la porte de l'église du château de Wittenberg, en Saxe, 95 thèses où il dénonce les scandales de l'Église de son temps, son geste a un profond retentissement en Allemagne. Pas plus que ses prédécesseurs Jan Hus et John Wycliff, Luther n'entend se séparer de l'Église catholique. Il voudrait seulement la ramener dans le droit chemin.
Il n'empêche que l'enchaînement des passions va entraîner une scission sans précédent dans l'Église catholique et la constitution d'Églises rivales de Rome, les Églises dites protestantes ou réformées.
Le Saint-Siège et les princes allemands tardent à condamner les 95 thèses de Luther, ne voulant pas se mettre à dos la population avant l'élection impériale qui doit se tenir en 1519. De son côté, Martin Luther fait preuve dans un premier temps d'une sincère volonté de conciliation.
Tout en se plaçant sous la protection de l'Électeur de Saxe, justement nommé Frédéric III le Sage, il dialogue avec les théologiens romains mais doit bientôt se rendre à l'évidence : les thèses des deux bords sont inconciliables.
Au début de l'année 1520, Luther entre résolument en dissidence contre Rome qu'il présente comme la « rouge prostituée de Babylone ». Il dénie à l'Église le pouvoir d'effacer les peines dans l'au-delà et formule une doctrine de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique. Il attaque les sacrements, à l'exception du baptême et de l'eucharistie (la communion).
Considérant que les chrétiens n'ont pas besoin d'intermédiation pour aimer Dieu, il condamne la fonction cléricale et la vie monastique. Des pasteurs mariés peuvent suffire pour guider le peuple dans la lecture des Saintes Écritures.
Par un « Appel à la noblesse chrétienne de la Nation allemande », le prédicateur consolide son emprise sur l'Allemagne. Ses idées se répandent comme une traînée de poudre dans le peuple et l'élite de l'Allemagne. Les prêtres se marient, les moines et les religieuses abandonnent leur couvent. On voit émerger des sectes comme les anabaptistes.
Très vite, la noblesse pauvre de haute Allemagne est attirée par la prédication de Luther. Elle voit dans sa Réforme la possibilité de s'enrichir à bon compte en s'emparant des biens d'Église.
Le premier à saisir l'avantage de la Réforme est le grand maître de l'Ordre Teutonique, Albert de Brandebourg. Sur une suggestion de Luther lui-même, il sécularise en 1525 l'État de Prusse administré par son ordre et le transforme en un duché héréditaire dont il est le premier titulaire. Son exemple est suivi par de nombreux évêques d'Allemagne du nord !
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Luther, à l'origine, ne voulait pas se séparer de l'Église catholique mais seulement la ramener dans le droit chemin.
Il n'empêche que l'enchaînement des passions va entraîner une scission religieuse sans précédent en Europe et la constitution d'Églises rivales de Rome, les Églises dites protestantes ou réformées, avec au bout du compte de cruelles guerres civiles et religieuses...
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Anonyme (30-10-2017 12:41:15)
"Il n'empêche que l'enchaînement des passions va entraîner une scission religieuse sans précédent en Europe et la constitution d'Églises rivales de Rome, les Églises dites protestantes ou réformées, avec au bout du compte de cruelles guerres civiles et religieuses..."
Je ne sais si je suis naïf, mais la cruauté et la roublardise a plutôt été dans le camp catholique. St-Barthélémy, inquisition...
Je ne veux pas jeter le blâme d'un côté plus que de l'autre, mais le passé est pas mal lourd d'un côté.
Anonyme (30-10-2017 12:37:32)
On écrit: "Sans s'en douter, Martin Luther, ce faisant, va briser l'unité de l'Église catholique et jeter les bases du protestantisme."
ne devrait-on pas écrire que ce n'était pas Luther qui voulait briser l'unité de l'église catholique romaine, mais l'intransigeance sur des principes indéfendables de l'église catholique romaine de l'époque, qui a provoqué les schismes.
Défendre les indulgences contre vents et marées comme si le paradis était à acheter.
Anonyme (02-01-2014 15:47:12)
Etonnement à la lecture de cet article intitulé "Réforme et contre-réforme". Je viens de m'inscrire. Il est dommage de trouver des articles incomplets.