Des origines au XIXe siècle

Le sous-continent indien, terre de mélanges

D'une superficie comparable à l'Europe, Russie exclue, le sous-continent indien, entre l'océan du même nom et la chaîne de l'Himalaya, tire son nom du fleuve Indus qui le borde à l'ouest.

Le berceau d'une civilisation urbaine prospère

Il entre dans l'Histoire avec la civilisation de l'Indus. Fondée sur l'agriculture, elle se développe sur les terres fertiles des rives de l'Indus et de ses affluents à partir de 3500 av. J.-C. environ.

Vers 2500 av. J.-C., il existe déjà des centres urbains très développés, comprenant des blocs d'habitation réguliers et un système d'évacuation des eaux usées. Mohenjo-Daro et Harappâ sont les deux plus grandes cités de l'Indus mises à jour jusqu'à présent. La première aurait compté 50.000 habitants à son apogée.

La population de la vallée de l'Indus pratiquait la culture du blé grâce à l'irrigation et utilisait un système de poids et de mesures complexe pour commercer. De très nombreux sceaux portant des signes pictographiques ont été retrouvés mais cette forme d'écriture n'a pas pu être déchiffrée.

Des populations indo-iraniennes ou aryennes commencent à pénétrer le Nord-Ouest du sous-continent vers le milieu du IIe millénaire avant notre ère, se mêlant aux populations locales. Le Rig Veda, un des textes fondateurs de l'hindouisme, date de cette période, de même que la constitution de la société en quatre castes.

Les Indes avant l'An Mil

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Le sous-continent indien au fil de l'Histoire (cartes : Alain Houot) Voici une série de cartes qui montrent les grands courants d'invasion ainsi que les empires qui se sont succédé en Inde dans les premiers millénaires...

Invasions et innovations religieuses

Le bouddhisme apparaît au VIe siècle av. J.-C., en opposition à l'hindouisme brahmanique dont il récuse le système des castes. Né dans le Bihar actuel au sein d'une famille de kshatrias, Bouddha «l'Éveillé» prône la prise de conscience des quatre «nobles vérités» de la douleur et la victoire sur la douleur par l'élimination du désir.

Un contemporain de Bouddha, Mahavira, réforme par ailleurs le jaïnisme, une des plus anciennes religions de l'Inde. Comme Bouddha, il rejette les rites et les castes de l'hindouisme. Il est considéré par les Jaïns comme le 24e et dernier des guides vers la libération de l'âme par la non-violence.

En 326 avant JC, les troupes d'Alexandre le Grand atteignent l'Indus. Cyrus II le Grand et Darius Ier avaient précédemment étendu l'empire achéménide jusqu'au Pendjab et au Sind. Alexandre parvient à s'allier avec certains souverains indiens mais se heurte à la résistance d'autres tribus et fait demi-tour en raison d'une mutinerie de ses troupes fatiguées.

Un premier empire unifié : l'empire Maurya

De la fin du VIe siècle au IVe siècle av. J.-C., la dynastie des Nanda forge un empire dont l'extension va du Bengale au Pendjab, avec une administration évoluée, comprenant un système de collectes de taxes efficace.

Il ne survit néanmoins pas à la charge de Chandragupta Maurya, qui renverse le dernier Nanda à la fin du IVe siècle, après avoir chassé les dernières troupes macédoniennes. À la tête d'une armée de 600.000 hommes selon Plutarque, le conquérant étend son empire jusqu'au Karnataka, au Sud. Cet empire Maurya est organisé de façon décentralisée. Sa langue officielle est le sanskrit.

L'empire Maurya connaît son apogée sous le règne d'Ashoka (on écrit aussi Açoka) qui accède au pouvoir vers 270. Après avoir vaincu dans le sang le royaume de Kalinga (l'Orissa actuel), l'empereur se convertit au bouddhisme et renonce à la guerre. Il fait graver dans la pierre, dans tout l'empire, des édits, où il interdit le sacrifice d'animaux, invite ses sujets à se convertir au bouddhisme ou encore ordonne de prendre soin des nécessiteux. On connaît aujourd'hui quatorze de ces inscriptions, dont certaines en grec et en araméen.

L'empire Maurya s'effondre au début du IIe siècle avant JC tandis que le brahmanisme regagne du terrain.

L'Inde «classique» (300-750)

À partir du milieu du IIIe siècle après J.-C., le Nord de l'Inde est dominé par la dynastie des Gupta, qui règne de la mer d'Oman au Bengale occidental. Les souverains attirent poètes et artistes à la cour. La littérature en sanskrit connaît un véritable âge d'or. De nombreux textes sont consacrés à Shiva, Krishna et Vishnou (on écrit aussi Vishnu), mais aussi à la description des devoirs de castes et des rites.

L'époque des Gupta est donc celle de la rigidification de l'organisation du social et du regain d'influence du brahmanisme par rapport au bouddhisme et au jaïnisme. Les mathématiques, la médecine et l'astronomie fleurissent également.

Entre 375 et 415 environ règne Vikramadytia, un empereur surnommé aujourd'hui «le Louis XIV des Gupta» car littérature et architecture indiennes classiques atteignent alors leur apogée.

Au Ve siècle, l'empire doit faire face à une nouvelle menace : celle des Huns, venus d'Asie centrale, qui mènent des raids en Europe à la même époque. Les guerres contre les Huns et des révoltes dans diverses provinces de l'empire conduisent à sa désagrégation. L'empire se divise en plusieurs dynasties régionales. Les Rajpoutes asseoient par exemple leur pouvoir au Rajasthan.

En dépit des divisions politiques et militaires de la péninsule, moines bouddhistes et brahmanes répandent la culture indienne en Asie. À Java et Sumatra, en Chine et au Cambodge actuel se développent des civilisations profondément marquées par l'influence indienne, tant religieuse qu'artistique.

L'arrivée de l'islam

À partir de l'empire de Ghazni, les Turcs menés par le sultan Mahmoud (on écrit aussi Mahmud) lancent des offensives, au tournant du premier et du deuxième millénaire. Ils atteignent les villes saintes de Mathura et de Somanatha, où le sanctuaire de Shiva est mis à sac.

Les luttes fratricides pour la succession de Mahmoud empêchent cependant les envahisseurs de s'implanter durablement au-delà du Penjab. Au terme de mouvements de populations importants en Asie centrale, la ville de Ghor supplante Ghazni comme capitale régionale.

Un siècle et demi après Mahmoud, Mohammed de Ghor s'avance avec ses troupes jusqu'au Gange et pille Varanasi (Bénarès). Un de ses lieutenants fonde le sultanat de Delhi, qui perdurera jusqu'au XVIe siècle, sous domination turque, arabe ou afghane. Les princes rajpoutes sont incapables de se fédérer pour lutter contre les envahisseurs musulmans mais empêchent ceux-ci de s'emparer de tout le nord. Au sud, les royaumes hindous résistent mieux.

Le long de la côte du Malabar, au Sud-Ouest, des principautés hindoues, prospères grâce au commerce des épices, intègrent des minorités musulmanes et juives. À la fin du XVe siècle, l'arrivée de Vasco de Gama vient compliquer la donne. Manuel, roi du Portugal, déclare Goa capitale de l'Inde portugaise en 1530.

L'Inde face à l'islam

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Le sous-continent indien au fil de l'Histoire (cartes : Alain Houot) Voici des cartes qui montrent l'Inde confrontée aux conquérants musulmans, du sultanat de Delhi à l'empire moghol...

L'ère moghole

Descendant de Genghis Khan, l'empereur Mohammed Babour (ou Babur) lance vers 1520 une offensive au Pendjab, après avoir étendu sa domination à l'ouest de l'Indus. En 1526, il défait les armées du sultan de Delhi au cours de la bataille de Panipat. Les troupes du sultan afghan étaient plus nombreuses et comptaient plus d'éléphants que les siennes, mais l'armée turco-moghole était équipée de canons et d'armes à feu.

Malgré cette victoire, la domination moghole n'est pas enracinée définitivement en Inde. En 1539, le fils de Babour, Humayun, doit se replier en Perse sous la pression de Sher Shah, puissant souverain afghan de l'est du pays. Il revient néanmoins à la charge et prend Delhi en 1555, avant de mourir en laissant le pouvoir à son fils Akbar le Grand.

Le fils et le petit-fils d'Akbar réussissent à maintenir l'intégrité de l'empire. Sous le règne de Shah Jahan (1627-1658), l'architecture moghole connaît son apogée, avec notamment la construction du Taj Mahal et du Fort Rouge de Delhi. Son fils Aurengzeb (on écrit aussi Aurangzeb), qui le fait incarcérer, participe en revanche au déclin de l'empire en levant de lourdes taxes. L'empire se trouve également menacé par les Marathes en Inde centrale et les Britanniques au Bengale. Si les Moghols restent au pouvoir jusqu'en 1857, leur empire n'est plus que l'ombre de lui-même.

Le chef militaire marathe Shivaji, issu d'une caste inférieure, puis son fils affrontent les troupes mogholes entre 1646 et 1680, devenant de véritables symboles de la résistance hindoue à la domination musulmane. À partir du règne du petit-fils de Shivaji, les Peshwa, sortes de premiers ministres aux fonctions héréditaires, exercent la réalité du pouvoir. L'empire marathe grignote progressivement le territoire de l'empire moghol affaibli.

Les Européens en Inde

Au XVIe siècle, les Portugais sont bien implantés à Goa, Calicut, Cochin et Diu (au Gujarat actuel). Voulant les concurrencer dans la sphère commerciale, les Anglais vainquent leur flotte devant Bombay en 1611. Progressivement, ils s'approprient le commerce des épices par le biais de l'East India Compagny (Compagnie des Indes orientales). Ils ont également raison au XVIIIe siècle de leurs concurrents français, installés sur la côte de Coromandel, autour de Pondichéry depuis 1672.

La Compagnie des Indes orientales finit par dominer tout le territoire indien, après sa victoire sur les princes de Mysore à la fin du XVIIIe siècle et sur l'empire marathe en 1803. La région qui résiste le plus longtemps aux Britanniques est le Punjab sikh, qui ne se soumet qu'après deux guerres, en 1849.

Publié ou mis à jour le : 2020-02-23 07:12:40
Amiel (20-04-2008 16:26:58)

Le jaïnisme n'est pas contemporain du bouddhisme. Mahavira est l'organisateur du jaïnisme moderne. avant lui, 23 autres Tirthankara sont vénérés par les Jaïns. Mahavira a été un contemporain de Bouddha sans plus. Ils ne se sont jamais rencontés bien que Bouddha est dit avoir pratiqué l'ascétisme jaïn avant d'adopter la voie dite du "milieu", moins rigoriste. L'origine du jaïnisme se perd dans la nuit des temps en Inde. Le premier Tirthankara de l'époque actuelle serait Rishabha ou Adinâth. D'après les Jaïns, son fils aîné Bhârata aurait donné son nom à l'Inde moderne "Bhâratavarsha" (le pays de Bhârata).

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