En 1380, le nouveau roi de France, Charles VI, n'a que 12 ans et il doit laisser le gouvernement à un Conseil de régence animé par ses puissants oncles. Les finances du royaume sont alors pressurées.
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La guerre de Cent Ans a débouché au prix de drames immenses sur une consolidation de l'État français et la naissance d'une conscience nationale commune des Flandres aux Pyrénées.
Le jeune roi est surnommé le Bien-Aimé par le peuple et son règne s'annonce sous de bons auspices. Il est vrai que les conditions économiques et sociales sont très favorables...
Du fait du dépeuplement consécutif à la Grande Peste de 1347, les campagnes manquent de main-d'oeuvre et les seigneurs s'efforcent par tous les moyens de retenir leurs paysans. Ils leur concèdent des allègements de charges ainsi que la pleine propriété des terres qu'ils cultivent. Le servage disparaît presque partout en France comme dans le reste de l'Europe. De la même façon, les seigneurs multiplient les franchises communales pour encourager l'activité artisanale et le commerce sur leurs terres.
Mais cette expansion suscite aussi des tensions sociales. Les paysans et les bourgeois en voie d'enrichissement supportent de moins en moins les exactions seigneuriales. Bientôt surviennent les plus graves révoltes sociales qu'ait jamais connues la France, des Jacqueries paysannes aux soulèvement des Maillotins et des Cabochiens parisiens. Les autres régions d'Europe occidentale, de l'Angleterre à la Bohême, donnent lieu à de semblables tensions.
À sa majorité, le roi Charles VI chasse ses oncles et rappelle les anciens conseillers de son père, les « marmousets ». Mais, bientôt frappé de folie, il doit abandonner le pouvoir à un Conseil présidé par sa femme, Isabeau de Bavière, et constitué de ses oncles et de son frère Louis d'Orléans.
Celui-ci est assassiné à l'instigation de son oncle, le duc de Bourgogne Jean sans Peur, qui s'allie à la bourgeoisie parisienne. La monarchie rétablit son autorité avec le concours du comte d'Armagnac, beau-père de Louis d'Orléans.
Le roi d'Angleterre profite de cette guerre civile, communément appelée « querelle des Armagnacs et des Bourguignons », pour reprendre pied sur le continent. En 1415, la bataille d'Azincourt, suivie en 1422 du traité de Troyes, permet de réunir les couronnes de France et d'Angleterre sur la tête de l'héritier anglais.
Le Dauphin Charles, fils et héritier du malheureux roi Charles VI le Fou, est dépossédé de ses droits par sa propre mère mais il tente de résister à partir de sa résidence de Bourges.
Le 21 octobre 1422, le malheureux Charles VI s'éteint dans l'indifférence. Selon les termes du traité de Troyes, le jeune roi d'Angleterre Henri VI, encore au berceau, lui succède sur le trône, la régence étant assurée par son oncle, le duc de Bedford. Mais selon la tradition capétienne, c'est à son fils le Dauphin, devenu Charles VII, que revient normalement la couronne.
L'historien Emmanuel Bourassin met en parallèle le conflit civil entre collaborateurs (qualifiés de « Français reniés »), autour du duc de Bourgogne, et résistants, autour du Dauphin (*) avec l'occupation de la France par les Allemands (1940-1944).
Notons que les « Français reniés », au service des Anglais,se recrutent surtout dans le clergé et la bourgeoisie. La noblesse reste pour l'essentiel fidèle à Charles VII, en vertu du vieux lien féodal. Cantonné entre Bourges et Orléans, l'héritier reçoit en particulier le soutien du gouverneur du Languedoc qui, après quelques hésitations, rallie le Midi à son camp.
Mais cela est loin de suffire et le « petit roi de Bourges » n'est pas loin de renoncer à ses droits quand survient Jeanne d'Arc. Orléans est délivrée et le Dauphin couronné roi à Reims selon le rituel des Capétiens. La chance sourit de nouveau aux Valois.
Après l'exécution de Jeanne d'Arc, le roi Charles VII poursuit la contre-offensive contre les Anglais. Pour commencer, il se réconcilie à Arras avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Il n'hésite pas à lui céder les comtés d'Auxerre et de Mâcon et les villes de la Somme. En contrepartie, le Bourguignon renonce à son alliance avec les Anglais. C'est l'épilogue de la fameuse querelle dite des Armagnacs et des Bourguignons.
Après le traité d'Arras, le roi retrouve sa capitale. Son capitaine Richemont reprend Paris en 1436 et l'ancien « petit roi de Bourges » y fait une entrée triomphale le 12 novembre 1437. Le roi anglais, qui prétend toujours régner sur la France, se résigne à signer une trêve à Tours le 28 mai 1444.
Tranquille pour quelques années, Charles VII peut mettre les affaires du royaume en ordre. Il est bien servi par le « Grand Argentier » Jacques Cœur, qui restaure ses finances, et par les frères Jean et Gaspard Bureau, qui réorganisent son armée et constituent pour la première fois une artillerie puissante et relativement efficace.
En 1450, près de vingt ans après la mort de Jeanne d'Arc, Charles VII remporte la victoire de Formigny sur les Anglais. L'ost royal commandé par le comte de Penthièvre descend la vallée de la Dordogne. Bergerac est conquise le 10 octobre 1450. Bordeaux se rend enfin aux Français par le traité du 12 juin 1451. Les Anglais sont alors chassés de tout le continent à l'exception de Calais. La Guerre de Cent Ans pourrait s'arrêter là.
Mais à Bordeaux et dans l'Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils rappellent les Anglais mais leur corps expéditionnaire est bientôt battu à Castillon, sur les bords de la Dordogne, le 17 juillet 1453.
Survenant quelques semaines après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue des contemporains. Elle n'en marque pas moins l'Histoire militaire par le triomphe de l'artillerie. Les Anglais sont obligés de rembarquer. Empêtrés dans un conflit dynastique, la guerre des Deux-Roses, ils renonçent à jamais à l'Aquitaine et aux possessions continentales de l'ancienne dynastie des Plantagenêt.
La France et l'Occident sortent bouleversés de la guerre de Cent Ans. Une nouvelle classe d'artisans, de marchands et de paysans libres prend son essor tandis que s'éteint la vieille chevalerie de tradition féodale. La Renaissance, en germe en Italie depuis déjà un à deux siècles, atteint la France et le cœur de l'Europe.
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