Ier millénaire av. J.-C.

L'esclavage dans l'Antiquité

L'esclavage caractérise le fait de priver un être humain de ses droits et de le réduire au statut d'un bien mobilier que l'on peut acheter et vendre.

Il semble avoir été ignoré des sociétés primitives de chasseurs et de cueilleurs mais est apparu avec la sédentarisation des humains dans les villes et le développement de l'agriculture et de l'élevage.

Les guerres pour l'appropriation des terres et des troupeaux procurent des captifs que l'on affecte aux travaux des champs et aux tâches domestiques pour ne pas avoir à les tuer ou les nourrir sans profit.

Esclaves nubiens, détail d'un bas-relief du tombeau du pharaon Horemheb, XIVe-XIIIe siècles av. J.-C. (Paris, musée du Louvre)

L'esclavage à l'aube de notre ère

Au cours du dernier millénaire avant JC, on peut noter toutefois de grandes différences dans l'application de l'esclavage selon les régions.

La Crète et l'Étrurie (la région de Florence, en Italie) limitent, semble-t-il, l'esclavage aux captifs de guerre et aux travailleurs des mines. L'Égypte, dans les premiers temps de sa longue Histoire, relève d'une situation comparable.

Par contre, chez les Hébreux comme chez les autres peuples du Moyen-Orient, l'esclavage va de soi. Le Lévitique, le livre de la Bible qui regroupe les principales lois hébraïques, autorise sans réserve l'esclavage des non-juifs et limite à sept ans la durée pendant laquelle un juif peut être tenu en esclavage.

Bien qu'ils aient inventé la démocratie, les Grecs de l'époque classique ne voient aucun inconvénient à la pratique massive de l'esclavage, dans des conditions généralement odieuses. C'est sur les esclaves que repose l'économie, qu'il s'agisse de l'artisanant urbain, des travaux domestiques ou encore des exploitations minières du Laurion.

Si le philosophe Platon considère que tous les êtres humains - hommes et femmes - sont d'une même essence, il n'en va pas de même de son élève Aristote qui justifie l'esclavage ainsi que les inégalités qui s'attachent au statut comme au sexe : «Il est évident qu'il y a par nature des hommes qui sont libres et d'autres qui sont esclaves, et que pour ceux-ci, la condition servile est à la fois avantageuse et juste» (La Politique).

À Rome, où les esclaves représentent jusqu'à un tiers de la population urbaine, leurs conditions de vie sont généralement impitoyables. Le souvenir de Spartacus, esclave révolté au premier siècle avant notre ère, est dans toutes les mémoires.

Christianisme et esclavage

Le développement de la philanthropie païenne et du christianisme aux premiers siècles de notre ère contribue à améliorer la condition des esclaves mais ne remet pas en question le principe même de l'institution.

Saint Paul lui-même se garde de réclamer son abolition (en qualité de chrétien, il ne veut pas s'immiscer dans les questions temporelles) mais il ouvre une brèche dans le consensus en proclamant l'égalité de tous les êtres humains en Jésus-Christ : «Il n'y a ni hommes ni femmes, ni Juifs ni Grecs, ni hommes libres ni esclaves, vous êtes tous un en Jésus-Christ » (Épître aux Galates).

Prisonnier à Rome, il renvoie à son ami Philémon son esclave fugitif, Onésime, après que celui-ci se soit converti, avec la recommandation de le recevoir «non plus comme un esclave mais comme bien mieux qu'un esclave : un frère bien-aimé» (Épître à Philémon). Notons que les quatre évangiles canoniques ne font aucune allusion à l'esclavage.

À son image, l'Église primitive prescrit aux maîtres de ne pas maltraiter inutilement les leurs et à ceux-ci d'obéir dans l'attente d'une récompense au ciel. Elle-même possède ses propres esclaves. Comme la plupart de ses autres biens, ils lui viennent de legs de personnes pieuses.

Publié ou mis à jour le : 2023-05-15 14:26:37
Mikel (16-09-2019 12:37:03)

J'ai eu un choc en écoutant Bruno Dumezil expliquant que la crise du IIIème siècle de l'empire romain voit le prix de l'esclave multiplié par vingt. Pour les fermes romaines utilisant des centaines d'esclaves, c'est une catastrophe. L'esclave est en effet le "pétrole" de l'antiquité. Quand on dit "les Romains ont construit ceci ou cela, ce sont des esclaves capturés par des razzias des troupes romaines qui ont construit les routes, les ponts et autres aqueducs. Il faut expliquer comment un "homme libre " peut être réduit en esclavage pour une dette non payée. Mais aussi les bagaudes, l'origine de ces révoltes qui vont accélérer l'écroulement de l'empire. Et beaucoup d'autres conséquences qu'on ne veut pas dire et qui couvrent les siècles suivants.

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