Le 25 juin 841, à Fontenoy-en-Puisaye, à l'ouest d'Auxerre, en Bourgogne, les petits-fils de Charlemagne se livrent une bataille qui va décider du partage de l'héritage carolingien.
Charles le Chauve et Louis le Germanique battent leur frère aîné, Lothaire. Après quoi, les deux vainqueurs échangent à Strasbourg un serment d'assistance mutuelle en vue du partage de l'empire...
Querelles autour d'un héritage
Charlemagne n'ayant laissé à sa mort, en 814, qu'un fils légitime, celui-ci, dit Louis le Pieux, a pu recueillir son héritage dans son intégralité.
Le nouvel empereur a trois fils d'une première épouse : Lothaire, Louis et Pépin. Par un texte connu sous le nom d'Ordinatio imperii, il promet en 817 la dignité impériale et la plus grande partie de l'empire à son fils aîné Lothaire.
Là-dessus, Louis le Pieux a le mauvais goût de se remarier avec Judith de Bavière, dont il a un quatrième fils, Charles, qu'il veut doter à tout prix. Devant une assemblée de la noblesse, à Worms, en 829, il lui attribue l'Alsace, la Bourgogne et quelques autres terres. Ses autres fils n'apprécient pas la remise en cause de l'engagement de 817. Ils se révoltent contre leur père et le déposent.
Les trois compères ne tardent pas à se diviser à leur tour. Irrités par l'autoritarisme de Lothaire, Pépin et Louis se liguent contre lui et se rapprochent de leur père qui effectue un nouveau partage dont Charles, cette fois, est exclu ! Le nouvel accord ne dure pas. Le 30 juin 833, les trois aînés, provisoirement réconciliés, convoquent leur père au sud de Colmar, en un lieu plus tard nommé le « Champ du Mensonge ». Ils le déposent à nouveau, à nouveau se disputent et à nouveau, Pépin et Louis réinstallent leur père sur le trône.
Sur l'insistance de Judith, son époux l'empereur consent à rendre une part d'héritage à leur fils Charles. Et voilà que meurt Pépin en 838. Tout le partage est à refaire. Louis, mécontent des négociations, s'apprête à reprendre les armes contre son père.
Quand l'empereur Louis le Pieux meurt le 20 juin 840, rien n'est réglé et les trois frères survivants se disputent de plus belle.
Bataille fratricide
Les deux cadets Louis et Charles font cause commune contre leur frère aîné Lothaire, allié à son neveu Pépin II d'Aquitaine, fils de feu Pépin Ier.
Le 22 juin 841, Lothaire installe son camp sur les hauteurs de Fontenoy-en-Puisaye, à l'ouest d'Auxerre, en Bourgogne, avec 300 combattants à cheval et leur suite, soit un total de 1500 personnes. Il est rejoint deux jours plus tard par l'armée de Pépin II.
Il engage le combat le lendemain samedi 25 juin 841 avec Louis le Germanique et leur demi-frère Charles le Chauve. Lothaire et Pépin II sont près de l'emporter quand arrivent les troupes de Guérin, duc de Provence et allié de Louis et Charles. Il donne la victoire à ces derniers.
Un chroniqueur, Angobart, archevêque de Lyon et fidèle de Lothaire, raconte la bataille en des termes ampoulés :
« Quand l'aurore sépara une nuit affreuse des premières lueurs du matin, on vit paraître, non un jour de repos sabbatique, mais le fatal météore de Saturne (le samedi est le jour de Saturne). La paix a été rompue entre les frères : un démon sacrilège en tressaillit de joie.
« Le cri de guerre retentit, ici et là le combat terrible commence. Le frère prépare la mort à son frère, l'oncle à son neveu, et le fils à l'égard de son père n'a plus aucune pitié filiale.
« Jamais on ne vit carnage plus grand, non, sur aucun champ de bataille. Des chrétiens ont trouvé la mort dans un fleuve de sang. La troupe de génies infernaux est dans l'allégresse et Cerbère ouvre sa triple gueule... ».
Huit mois plus tard, Louis le Germanique et Charles le Chauve confirment leur alliance contre Lothaire par les serments de Strasbourg.
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Cette carte montre l'empire carolingien à la mort de Charlemagne et les grands ensembles territoriaux qui vont naître de son partage entre les trois petits-fils du grand empereur : France, Allemagne...
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