8 juin 793

Le 8 juin 793, pour la première fois dans la chrétienté occidentale, un vénérable monastère est sauvagement pillé. Il s'agit du monastère de la petite île côtière de Lindisfarne (aujourd'hui Holy Island) dans le Northumberland, entre Newcastle et Edimbourg. Il a été fondé en 635 par le moine irlandais saint Aidan.

En quelques heures, des marins arrivés sur de longs bateaux pillent le lieu et remplissent leurs bateaux d'un riche butin : objets d'art, métaux précieux, esclaves, etc. Leur brève incursion suscite l'épouvante jusqu'à la cour du roi des Francs, le futur Charlemagne. « Jamais on n'avait vu une telle atrocité », s'exclame Alcuin, conseiller du roi.

Il est vrai que ces Normands ou vikings venus de Scandinavie n'ont pas fait les choses à moitié. Peu nombreux, ils sont tombés sur leur proie par surprise puis ont pillé et tué avec des raffinements de cruauté, selon une tactique appelée à un grand succès. En mutilant horriblement leurs victimes, en incendiant tout sur leur passage, ils entretiennent autour d'eux une réputation de violence qui enlève à quiconque l'envie de leur résister autrement que par la fuite.

Malgré son succès, le raid de Lindisfarne restera longtemps sans suite. Il est vrai qu'au même moment, les Francs exercent à l'Est une forte pression sur les Saxons, entre le Rhin et l'Elbe, et menacent même les Danois de la péninsule du Jutland, obligeant le roi Godfrid à renforcer le danevirk, ou danewerk, une palissade qui traverse le Schleswig et est censée protéger le royaume contre les incursions franques, saxonnes et slaves.

C'est seulement après la mort de l'empereur Charlemagne, en 814, que, profitant de la division des Francs, les vikings vont multiplier leurs incursions en Occident. Ils en viendront à occuper une moitié de l'Irlande et envahiront l'Angleterre en 865.