Le 5 février 789, un prince arabe chassé de Bagdad par des querelles de palais se fait reconnaître comme roi par des Berbères de la région de Fès, sous le nom d'Idriss Ier.
L'histoire officielle voit dans cet événement la naissance du Maroc, deuxième État musulman après l'Andalousie à s'émanciper du califat de Bagdad. Depuis cette date, il est vrai, le pays n'a jamais totalement perdu son indépendance. Il a préservé jusqu'à nos jours son identité nationale.
Naissance d'une nation
Les disciples du prophète Mahomet s'étaient emparés de l'Afrique du Nord en quelques années. Mais les tribus berbères des montagnes n'avaient eu de cesse de se révolter contre les envahisseurs arabes. Une demi-douzaine de royaumes se partageaient le territoire, avec des souverains musulmans de confession sunnite ou kharidjite, une branche du chiisme (dico). Mais dans la population, les minorités chrétiennes et juives demeuraient encore très importantes. Les communautés israélites étaient nombreuses en particulier sur les routes commerciales du sud, où de nombreux Juifs de la diaspora (dico) s'étaient installés et avaient converti leurs voisins berbères.
Fuyant les combats entre factions musulmanes, un prince arabe (on dit aussi chérif) se réfugie dans le Moyen Atlas. Il s'appelle Idriss et n'est autre qu'un petit-fils d'Ali et de Fatima, la fille de Mahomet. Soulignons qu'il est de confession zaïdite, le zaïdisme ou zaydisme étant une branche du chiisme encore très présente au Yémen ! C'est plus tard seulement que sa descendance ralliera le sunnisme, confession majoritaire de l'islam...
En attendant, Idriss est accueilli par la tribu berbère des Aouraba, qui vit autour de Volubilis (Oualila en berbère), une ville créée par les Romains au coeur de la Maurétanie Tingitane, sur de riches plateaux céréaliers (près de l'actuelle Meknès. Reconnu comme roi, le nouveau venu rejette l'autorité du calife abbasside de Bagdad. Il épouse la fille du chef des Aouraba et prend le nom d'Idriss Ier.
Après trois ans de règne, il est assassiné par un agent du calife Haroun al-Rachid. Mais sa femme étant enceinte, elle donne le jour à un fils qui règnera plus tard sous le nom d'Idriss II.
Le nouveau roi unifie le nord du Maroc autour de sa dynastie, les Idrissides. Il quitte Oualila et transfère sa capitale à soixante kilomètres de là, à Fès, dans la magnifique plaine du Saïs, au pied du Moyen Atlas. La ville devient ainsi le premier foyer de la culture marocaine.
Le royaume va vivre dans une farouche indépendance, non sans développer des relations étroites et parfois violentes avec l'émirat arabe de Cordoue, en Espagne, et, plus tard, avec les monarchies catholiques de la péninsule comme avec la Turquie ottomane.
Adossé aux premiers versants du massif du Zehroun, au-dessus de la plaine fertile de Meknès, le village de Moulay Idriss entoure de ses maisons blanches la tombe du premier roi du Maroc. À quelques kilomètres de ce haut lieu de pèlerinage, on peut aussi flâner dans les ruines émouvantes de la cité romaine de Volubilis.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
Aeromaniak (05-02-2018 14:46:57)
Peut-on développer la rencontre entre Idriss 1er et les berbères Aouara ? Je croyais que les berbères étaient plutôt ennemis des dynasties de Mahomet ?
Colette Lassner (21-02-2008 22:32:39)
Je suis une française née à Fès pendant le protectorat. J'y retourne de plus en plus souvent...La semaine prochaine je vais y animer un stage d'aquarelle...Vos pages me sont bien utiles pour parle... Lire la suite
messaoud asma (11-10-2006 04:15:48)
Merci pour cette page. Née en France, je connais très peu l'histoire de mon pays. Cet article est une richesse pour toutes les générations marocaines désirant connaître mieux son pays et l'his... Lire la suite