Le 30 octobre 749, dans la mosquée de Koufa, en Irak, un chef musulman est proclamé calife par ses lieutenants... cependant que règne encore à Damas le calife légitime, Marwan II, héritier de la dynastie omeyyade.
Le calife dissident s'appelle Abdullah Abou-el-Abbas (30 ans). Il descend d'Abbas, un oncle du prophète Mahomet, d'où le nom d'Abbassides donné à ses partisans. Lui-même et ses successeurs vont renouveler le monde musulman.
Un chef habile
En juin 747, sous le règne du calife Marwan II, une révolte avait éclaté dans le Khorassan perse, à l'instigation d'un meneur iranien du nom d'Abou Mouslim qu'indignait le laxisme du califat.
La révolte avait été aussitôt récupérée par le chef arabe Abdullah Abou-el-Abbas.
Ses troupes arborent la bannière noire de la révolte et défont une première fois à Koufa les troupes du calife, qui arborent, elles, une bannière blanche. C'est ainsi qu'Abdullah Abou-el-Abbas se fait proclamer « calife à la place du calife » (comme un vizir de notre connaissance:-).
La revanche des chiites
L'année suivante, le 25 janvier 750, les troupes omeyyades sont une nouvelle fois défaites sur le Grand Zab par celles d'Abou-el-Abbas.
Quelques mois plus tard enfin, Abdullah Abou-el-Abbas s'empare de Damas. Le 25 juin 750, toute la famille du calife omeyyade est massacrée. Un prince, un seul, échappe à la tuerie. Il s'enfuit en Espagne où il fonde l'émirat omeyyade dissident de Cordoue. Marwan II est tué en Égypte à la tête de ses derniers fidèles le 5 août 750.
Le vainqueur, Abdullah Abou-el-Abbas, gagne dans l'opération le surnom de Saffah (en arabe, le Sanguinaire). Il déporte la capitale de l'empire arabe en Mésopotamie.
La « Ville ronde »
Quelques années plus tard, en 762, son frère et successeur, le calife al-Mansour (ou Al Mansur) crée une capitale de toutes pièces, au coeur de l'ancienne Mésopotamie et au confluent des civilisations hellénistique et persane, non loin de l'antique Babylone, sur la rive ouest du Tigre.
La nouvelle capitale de l'empire arabe est baptisée Bagdad (en persan, Don de Dieu). La ville est aussi surnommée en arabe Dar as Salam (la Cité de la Paix). Elle est édifiée avec les pierres tirées des ruines de l'ancienne Ctésiphon, capitale des Parthes et ennemie de Rome, selon un plan strictement circulaire qui lui vaudra aussi le surnom de « Ville ronde ».
Le centre abrite uniquement le palais du calife et la grande mosquée d'al-Mansour. Autour sont établies les garnisons fidèles au régime. 112 tours se hérissent sur la première ceinture de remparts, percée de quatre portes : porte de Syrie, porte de Khorassan, porte de Koufa et porte de Bassorah. Dans la couronne extérieure se tiennent les marchés et les habitations. L'ensemble urbain est entouré d'un fossé de vingt mètres de large, creusés au pied des remparts extérieurs.
Très vite, sous le règne d'al-Mansour lui-même et de ses successeurs, la ville va dévier de ce plan circulaire...
Al-Mansour lui-même entame l'édification d'un nouveau palais hors de l'enceinte originelle. C'est là que vont régner ses successeurs, dont le calife Haroun al-Rachid. Puis, sous le règne de son fils al-Amin, une guerre civile entraîne en 813 la destruction de la « Ville ronde ».
Il n'empêche que Bagdad poursuit sa croissance avec insolence et s'affirme comme la métropole de tout le monde arabo-persan, avec des liens étroits avec l'Occident comme avec la Chine. La ville est abandonnée provisoirement en 836 par le calife al-Mutasim au profit d'une nouvelle capitale, Samarra. Mais Bagdad retrouve son statut de capitale en 892.
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