Le 2 mai 73, la forteresse de Massada tombe aux mains des légionnaires. C'en est fini de la première guerre juive contre la domination de Rome.
Construite au IIe siècle av. J.-C., au temps des Maccabées (ou Asmonéens), la forteresse de Massada surplombe de 400 mètres les rives sauvages de la mer Morte. C'est le dernier îlot de résistance juive à l'occupation romaine.
Des membres de la secte extrémiste des zélotes s'y réfugient après avoir fait régner la terreur dans le pays. Armés d'un poignard, ils avaient coutume d'assassiner leurs compatriotes suspectés de collaboration avec l'occupant ! On les avait surnommés pour cette raison « sicaires », du latin sica, qui signifie poignard.
Au nombre d'un millier, avec leurs femmes et leurs enfants, sous la conduite d'un chef nommé Eleazar ben Jair, ces Zélotes ou sicaires vont résister pendant trois ans aux Romains. Ces derniers vont mettre un point d'honneur à s'emparer de cette forteresse en plein désert, bien qu'elle n'ait aucun intérêt stratégique pour eux.
Pour éviter des assauts inutiles et meurtriers, le légat romain fait ériger par une armée d'esclaves une rampe artificielle depuis le pied du rocher. Sur cette rampe, il peut ainsi amener une tour d'assaut et un bélier au pied des murailles.
Le seul récit que l'on ait du siège nous vient de l'historien juif Flavius Josèphe, qui assiste le légat mais n'a pas lui-même vu l'intérieur de la forteresse. Quand les Romains y pénètrent, ils découvrent que tous les assiégés se sont suicidés...
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liwer (07-05-2022 09:56:05)
Il est indiqué que « ...rien ne vient démontrer la réalité du suicide collectif. Celui-ci relèverait sans doute d'une exagération épique propre à l'historien. »
Il est intéressant de savoir que, selon Heinrich Graetz, Flavius Josephe avait assisté en 67 au suicide de ses combattants juifs assiégés par les romains à Jotapata en Galilée. Lui-même, général commandant la défense de la Galilée, avait choisi de se rendre et l'avait conseillé à ses combattants. Ceux-ci avaient refusé préférant le suicide. Deux ans plus tard les Juifs de Massada, encore plus extrémistes, avaient toutes les raisons d'en faire autant, surtout compte tenu du sort réservé aux prisonniers. Et puis quel intérêt aurait tiré Flavius Josephe de raconter un suicide alors qu'il eut été préférable, vis à vis des Romains, qu'il raconte que les Juifs avaient été tués par les combattants romains.
jcliwer@yahoo.fr (07-05-2022 07:39:26)
Selon Heinrich Graetz, une politique antijuive a été à l'origine du développement du nouveau parti extrémiste les Sicaires. Ceux-ci exécutaient les Juifs ralliés à l'occupant romain. Mais pourrait-on dire des résistants en France pendant la seconde guerre mondiale qu'ils « avaient COUTUME d'assassiner leurs compatriotes suspectés de collaboration avec l'occupant » ? Je pense qu'on ne peut pas plus le dire des Zélotes. Ceux-ci répondaient, avec leurs moyens, (certes critiquables aujourd'hui) aux assassinats de milliers de Juifs perpétrés par les Romains et leurs assistants entre 46 et 66 (en Judée et en Egypte).
AMEIL (02-05-2021 15:01:35)
je ne suis pas certain de l'identité affichée entre les zélotes et les sicaires. j'avais en son temps entendu dire que le terme sicaire désignait plutôt une technique de l'assassinat contre l'oppresseur et les traitres à la cause et que le terme zélote désignait plutôt un partisan d'une reconquête structurée de la souveraineté juive en tere d'Israë.
les interférences entre l'une et l'autre pratique sont évidemment possibles. E
En outre les sources disponibles sont limitées et rendent difficile une restitution fidèle de la réalité vécue sur place depuis la Galilée jusqu'au sud de la mer morte.
il me semble indispensable de laisser la place à une grande complexité du monde politique hier comme aujourd'hui.