24 janvier 661

Assassinat du calife Ali

Le 24 janvier 661, le calife Ali est assassiné par des musulmans dissidents de la secte des kharidjites devant la mosquée de Koufa, en Mésopotamie.

Ali est le gendre du prophète Mahomet, époux de sa fille Fatima. Avec lui disparaît le dernier des califes (dico) dits « orthodoxes » ou « bien guidés », après Abou Bekr, Omar et Othman. 

Sur ces quatre califes qui se sont succédé dans les vingt années qui ont suivi la mort de Mahomet, trois ont été assassinés. Et le quatrième, Ali, a suscité la scission des kharidjites, aujourd'hui marginale, et celle des chiites.

André Larané
Ali et son oncle Abbas s'adressent aux fidèles, Le Miracle des Abeilles, Siyar-i Nabi, La Vie du prophète (manuscrit ottoman du XVIe siècle, Louvre)

La communauté divisée

Les kharidjites (du verbe arabe kharadja, « sortir ») avaient suivi Ali dans son combat contre les partisans du précédent calife, Othman. Mais ils lui en avaient voulu d'avoir accepté un arbitrage avec ses ennemis au lieu de les combattre et de les écraser et s'étaient retournés contre lui.

Ali avait dû les combattre sur les bords du Tigre, au nord de l'Irak. Pendant ce temps, son rival, le gouverneur de Damas, Moawiya, en avait profité pour soumettre l'Égypte, l'Irak et la péninsule arabe, soit la plus grande partie de l'empire musulman.

Avènement des Omeyyades

À la mort d'Ali, Moawiya se voit confirmé comme nouveau calife. Ce cinquième calife va gouverner en se faisant assister par la shoûrâ, un conseil qui réunit les sheikhs ou princes arabes. Mais lui-même désigne son fils Yazîd comme son successeur et fait avaliser sa décision par le conseil. Il institue de ce fait la dynastie héréditaire des Omeyyades, du nom de son aïeul Omeyya, lié à la famille du Prophète.

C'en est fini du principe électif qui avait plus ou moins présidé à la nomination des califes. Cela vaut d'ailleurs aux Omeyyades de se voir contester, par certains historiens traditionalistes, la qualité de califes pour n'être considérés que comme des rois (malik en arabe).

Grandeur et faiblesse des  Omeyyades

Moawiya a eu le loisir comme gouverneur de la Syrie, d'apprécier l'administration byzantine. Il abandonne donc les villes saintes de Médine et La Mecque, trop éloignées des riches régions conquises par les musulmans, et établit la capitale de l'empire arabe à Damas, capitale de la Syrie.

À la différence des quatre premiers califes, peu sensibles au luxe des grandes villes hellénistiques, les Omeyyades profitent pleinement des richesses qui affluent de toutes les provinces conquises par les cavaliers musulmans : tributs des vaincus et lourdes taxes payées par les chrétiens au titre de la « protection » (dhimmi en arabe) que leur assurent les musulmans.

Soucieux de préserver leurs revenus, les califes se gardent d'encourager les conversions à l'islam ! Ils se montrent ouverts à l'égard de leurs sujets chrétiens et juifs qui leur apportent leur savoir-faire et leur culture hérités de la Grèce. 

En moins d'un siècle d'existence, jusqu'à leur renversement par les Abbassides, les Omeyyades vont ainsi porter la civilisation arabe à son maximum de gloire et de prospérité en s'appuyant sur le très riche fonds culturel des univers byzantin et persan.

Il n'empêche que cette prospérité du premier empire arabo-musulman s'accompagne de guerres intestines sans fin entre les clans et les factions arabes, généralement sous des prétextes religieux.

Ainsi Abd el-Malik, qui succède à son père Marwan 1er en 685, doit-il dès son avènement lutter tout à la fois contre les Byzantins, contre les kharidjites et contre un concurrent, Abdullah ibn el-Zobeïr, reconnu calife en Irak et en Arabie.

Abd el-Malik, cinquième souverain omeyyade, impose par ailleurs l'arabe comme langue officielle de l'empire et introduit une monnaie arabe, dont le dinar d'or (« denier » en arabe) en remplacement des monnaies byantines et persanes. Il fixe les textes sacrés, à savoir le Coran, les hâdiths (les paroles du Prophète) et la Sîra (la biographie du Prophète). Enfin, il est le premier souverain musulman à recevoir le titre de calife, plus tard attribué par les chroniqueurs à tous les souverains qui ont succédé à Mahomet.

Les guerres civiles au sein du monde musulman ne s'apaisent que sous la dynastie suivante, soit deux à trois siècles après la mort du Prophète. Notons que l'Occident connaît dans le même temps les affres des guerres entre royaumes mérovingiens. 

Bibliographie

Sur les premiers siècles de l'islam, on peut se fier à un petit livre de caractère universitaire écrit par le professeur Robert Mantran : L'expansion musulmane (VIIe-XIe siècles) (PUF, Nouvelle Clio, 1969).

Publié ou mis à jour le : 2021-01-24 18:13:59
Erik (24-01-2021 09:29:32)

Boutte (25-01-2016 06:23:31):
Effectivement, on ne peut comprendre autrement cette réflexion déplacée. Pourquoi pas un état des lieux sociétal de la Chine ou de la Papouasie orientale au VIIe siècle tant qu'on y est?

Boutte (25-01-2016 06:23:31)

La dernière phrase concernant les luttes occidentales est un "hors sujet" qui tient du "politiquement correct" et non de l'Histoire .

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