17 juin 656

L'assassinat du calife Othman secoue l'islam

Le calife Othman est assassiné à Médine par une foule de musulmans en colère le 17 juin 656 (18 Thilhajh de l'an 35 de l'Hégire). La mort de ce vieillard de plus de 80 ans est à l'origine de la plus grave crise de l'islam.

Un règne tourmenté

À la mort du prophète Mahomet, un quart de siècle plus tôt, son beau-père Abou Bekr est reconnu sans difficulté comme son remplaçant (ou calife). Son successeur, Omar, est tué en 644 par un esclave persan de confession chrétienne.

Othman ben Affan, troisième calife de l'islamAprès d'âpres disputes, les leaders musulmans choisissent Othman ben Affan (prononcer Osman) comme troisième calife pour succéder à Abou Bekr et Omar.

Le vieil homme appartient à une riche famille de La Mecque. Il a figuré parmi les premiers disciples du Prophète et a épousé deux de ses filles. Autant de titres qui justifient son élévation.

Bénéficiant de la foudroyante expansion des cavaliers musulmans au Moyen Orient et en Afrique du nord, le nouveau calife reçoit de considérables tributs qu'il met en bonne partie au service de sa famille. Il achève par ailleurs la recension de la Révélation divine, le Coran.

Othman est dépourvu d'énergie et se voit reprocher son népotisme. Il doit faire face à une opposition grandissante des gens de Médine.

Les principaux meneurs de l'opposition sont Amr ibn al-Aç, le conquérant de l'Égypte, destitué de son poste de gouverneur, et Ali, époux de Fatima, fille du Prophète et la seule qui lui ait donné une descendance, dont deux garçons, Hussein et Hassan.

Le calife appelle le gouverneur de l'Égypte à son aide, ce qui a pour effet de provoquer la colère de ses soldats. Ils envahissent sa maison et le tuent alors qu'il est en train de lire le Coran. C'est le premier d'une longue série de meurtres politiques qui vont affaiblir le califat.

L'élection controversée d'Ali

Le jour même où Othman est assassiné, Ali est proclamé calife à Médine. Mais son élection, très controversée, marque le début d'une bataille ouverte au sein de l'islam.

Ali voit se détacher de lui plusieurs de ses alliés ainsi que de pieux Médinois révoltés par le meurtre d'Othman. Il est en contrepartie rejoint par les vieux croyants fidèles à la famille du Prophète et, tandis que ses appuis à Médine et La Mecque s'étiolent, il en retrouve de plus solides en Mésopotamie (Irak actuel), dans les places fortes de Bassorah, Koufa et Fostat.

Le nouveau calife et ses partisans (chiites ou chi'ites en arabe) prônent une grande rigueur dans la mise en pratique de l'islam et l'assimilation des populations conquises. Ils recommandent aussi que le califat revienne aux descendants en ligne directe du Prophète. Ils s'opposent sur ces points aux orthodoxes ou sunnites, adeptes d'une application souple de la doctrine musulmane (la sunna).

La bataille du chameau

Afin de pouvoir affronter ses rivaux, le calife Ali quitte Médine avec ses troupes et s'établit à Koufa, en Mésopotamie. C'en est fini du rôle politique de Médine et La Mecque. Ces oasis qui ont vu la naissance de l'islam ne seront plus désormais que des villes de pèlerinage...

Le calife triomphe une première fois de ses adversaires en octobre 656 au cours de la bataille dite « du chameau ». Aisha, l'épouse préférée du Prophète, adversaire déclarée d'Ali, est faite prisonnière et renvoyée à La Mecque pour le restant de ses jours.

Mais le gouverneur musulman de Damas, Moawiya, un parent du précédent calife, prend à son tour les armes contre Ali.

Les deux armées se rencontrent à Siffin, sur les bords de l'Euphrate, et s'apprêtent à en découdre après plusieurs semaines de longues et vaines négociations.

Le Coran à la pointe des lances

Le choc a lieu le 26 juillet 657. Ali est sur le point de l'emporter quand les soldats de Moawiya dressent des feuillets du Coran, le livre sacré, à la pointe de leurs lances, sur une idée de Amr ibn al-Aç, partisan de Moawiya. Impossible dans ces conditions de les attaquer !

Ali, par défaut d'intelligence politique, accepte l'arbitrage proposé par Moawiya. Celui-ci est prononcé à Edhrod (Jordanie actuelle) en janvier 658. On n'en connaît pas la teneur exacte. L'important est qu'Ali, en l'acceptant, a renoncé à l'autorité qui lui revient en qualité de calife. Cette décision va causer sa perte...

Beaucoup de ses partisans l'abandonnent, considérant que l'arbitrage humain fait outrage à la justice divine. Ils provoquent le premier schisme de l'islam et forment la secte des kharidjites (du verbe arabe kharadja, sortir). Elle va prospérer brièvement en Mésopotamie avant de s'épanouir chez les Berbères d'Afrique du Nord, autour de Tahert (Algérie actuelle). Elle est aujourd'hui très marginale...

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2019-12-07 17:41:03
Jonas (20-06-2024 15:37:57)

Monsieur Larané , Depuis sa fondation la violence fait partie intégrante de l'islam. Je rappelle a toutes fins utiles , que trois des quatre premiers califes, nommés les bien guidés , son... Lire la suite

Erik (17-06-2016 12:13:46)

Voila un bon resume de ce que l Islam dit de lui meme.
Notons cependant que la derniere mouture du coran se fit sous Abdelmalik.

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