11 mai 330

Naissance de la future Constantinople

Le 11 mai 330, l'empereur Constantin donne une nouvelle capitale à l'empire romain sous le nom officiel de « Nouvelle Rome ». Cette cité prendra le nom de l'empereur après la mort de celui-ci. C'est sous ce nom, Constantinopolis ou Constantinople, qu'elle restera dans l'Histoire.

Fabienne Manière

Trop vaste empire

L'empire romain avait atteint ses plus grandes dimensions au siècle précédent. Il était devenu ingouvernable et résistait mal à la pression des Barbares.

En 293, l'empereur Dioclétien déplace le siège du gouvernement dans quatre villes proches des frontières les plus exposées (Milan, Nicomédie, Sirmium et Trèves). Il instaure un gouvernement collégial pour mieux tenir les frontières mais sa tentative fait long feu.

Son successeur ConstantinIer, élimine un premier rival, Maxence, à Rome le 28 octobre 312. Puis il se retourne contre le maître de la partie orientale de l'empire, Licinius. Celui-ci est défait le 3 juillet 324 près d'Andrinople.

Ayant rétabli à son profit l'unité de l'empire, le vainqueur s'établit à Nicomédie (aujourd'hui Izmit, au fond du golfe du même nom, sur la mer de Marmara) et se met aussitôt en quête d'un site propice à une nouvelle capitale. Il jette son dévolu sur la ville de Byzance. Le périmètre de la « Nouvelle Rome » est solennellement consacré le 8 novembre 324.

Le choix est judicieux. Byzance a été fondée mille ans plus tôt, en 667 avant notre ère, par des colons venus de Mégare, sur les détroits qui séparent l'Europe de l'Asie. La ville est située sur un promontoire à l'entrée du Bosphore. Cet étroit chenal ouvre sur la mer Noire (le Pont-Euxin en grec ancien), au nord, et sur la mer de Marmara, au sud.

Cette mer fermée débouche elle-même sur la mer Égée et la Méditerranée par le détroit des Dardanelles (l'Hellespont des Grecs anciens).

La nouvelle capitale surplombe la mer de Marmara et le Bosphore.

Elle est délimitée à l'est par un estuaire étroit qui remonte vers le nord et auquel sa beauté a valu d'être appelé la Corne d'Or (aujourd'hui, les bords de l'estuaire sont devenus une zone insalubre).

Contantinople commande les passages entre l'Europe et l'Asie. Elle est également proche des frontières du Danube et de l'Euphrate. Elle est enfin située au coeur des terres de vieille civilisation hellénique.

Comme il en est allé de Rome à ses lointaines origines, le périmètre de la ville a été d'abord délimité par un sillon tracé à la charrue. Puis, des dizaines de milliers de terrassiers se sont mis à l'oeuvre.

Dédicace

L'inauguration solennelle (ou « dédicace ») est empreinte de rites païens, avec un sacrifice à la Fortune et une dédicace du philosophe néoplatonicien Sopâtros. Mais Constantinople naît à l'époque où le christianisme s'impose dans l'empire romain et, à la différence de Rome, elle est totalement dépourvue de temples païens et presque exclusivement chrétienne.

Les habitants reçoivent les mêmes privilèges que les Romains, notamment l'exemption de l'impôt et les distributions gratuites de froment. Un Sénat est constitué à l'image du Sénat romain. Des patriciens romains et grecs bénéficient de palais. Constantin lui-même réside dans la nouvelle capitale jusqu'à sa mort en 337.

Un empire de mille ans

Mêlant avec bonheur les cultures hellénique et latine, la ville se développe très vite et surpasse Rome. En 395, avec la scission de l'empire romain entre un empire d'Orient et un empire d'Occident, elle devient la capitale de l'Orient. Sa population atteint un million d'habitants à son apogée deux siècles plus tard, sous le règne de l'empereur Justinien, ce qui en fait la principale métropole de son temps.

Le 27 décembre 537, Justinien dote la ville de son joyau : la basilique Sainte Sophie (Haghia Sofia ou Sainte Sagesse comme l'appellent encore les Turcs).

Avec l'empereur Héraclius, Constantinople abandonnera ses références latines et deviendra exclusivement grecque. L'empire prendra alors l'appellation de byzantin, en référence au nom grec de la ville.

Après plus de mille ans d'existence (un record !), l'empire byzantin cède le pas à l'empire ottoman. Constantinople en devient la capitale sous le nouveau nom d'Istamboul.

De Byzance à Istamboul

Après la prise de la ville par les Turcs en 1453, la cité devient la capitale de l'empire ottoman et la résidence officielle du calife musulman. Dans l'usage courant, elle prend alors le nom d'Istanbul (ou Istamboul en français). Selon une thèse très répandue, ce serait une déformation populaire de l'expression qu'employaient les Grecs pour dire : (je vais) eis tin Polin (à la Ville).

Selon une autre thèse, ce nom viendrait d'une altération populaire progressive de « Konstinoupolis » en Konstantinopol (comme Sevastopolis est devenue Sébastopol) puis Stantinopol. Comme la phonétique turque ne peut prononcer un st sans le faire précéder d'un i (ainsi stylo devenant istilo), on a donc eu Istantinopol puis, la paresse aidant, Istantpol, Istanbul (Istamboul en français littéraire).

D'après une aimable contribution de Jean-Marc Meyer, byzantiniste

Constantinople au XVIe siècle
Publié ou mis à jour le : 2022-05-31 08:25:39
Lainé Pierre (07-05-2013 08:28:37)

D'autres sources semblent bien donner l'origine du mot "Corne d'Or" comme faisanr référence à l'extrême richesse poissonneuse du lieu où, dans l'antiquité grecque, les pêcheurs remont... Lire la suite

Houcine Bouslahi (12-10-2006 11:19:42)

En tant que professeur de français, à cheval entre deux cultures; arabe, bien évidemment, et française, autrement occidentale, je ressens de la frustration: l'expression dialogue des civilisations est tellement galvaudée qu'elle est employée à tort et à travers, et l'on se trouve être obligé de poser des questions inévitables: qui dialogue avec qui ? sur quelle base ? quelle est cette instance qui s’arroge le droit d’établir ce dialogue ? le hic est que ceux à qui on offre des tribunes à travers l’internet ou à travers les chaînes télévisées sont des religieux autoproclamés qui, étant inaptes à l’ouverture d’esprit, prêchent un Islam salafiste, une version qui ne favorise nullement le dialogue et l’entente avec autrui.
Dernièrement j’ai essayé de réfléchir sur la déclaration de Benoît XVI, lors de la conférence qu’il a donnée à Ratisbonne, et j’ai conclu que, quelle que soit l’intention du pape, derrière sa mise en garde contre un Dieu transcendé trop au dessus de la raison humaine, le musulman sont invités, maintenant plus que jamais, à revoir leur rapport à l’Histoire, au patrimoine, sinon à leur religion. Il s’agit d’un travail qui devrait être confié aux universitaires, car on ne peut pas s’autoproclamer porte-parole de la religion. L’Islam en particulier est actuellement en train d’être interprété de différentes manières, parfois même de façons contradictoires ; la preuve en est le conflit entre l’Islam Djihadiste et l’Islam piétiste. Chacun y va de son interprétation, et le Coran lui-même s’y prête parfaitement, ou à l’une ou à l’autre des versions. Pour ces raisons j’en appelle à la conscience de tout un chacun, aux musulmans en particulier, afin de revoir leur approche qu’ils font de leur religion, avant qu’ils établissent des dialogues, susceptibles de conduire à l’impasse, avec autrui.
Je vous sollicite de ne pas jouer le politiquement correct, méthode qui a pour but d’éviter de critiquer autrui, pour ne pas réveiller les antagonismes d’autrefois. Quand Benoît XVI a cité l’exemple de l’empereur de Constantinople qui a régné au XIV°s, pour montrer que Mohamed n’aura apporté que de belles conquêtes par l’épée, j’ai trouvé que cela mérite d’être mis à l’examen, et ce n’est pas un grain à moudre qu’on donne aux intégristes.
Pour terminer, je dirai que l’esprit critique est notre salut, nous tous, humains que nous sommes. C’est un risque, mais il faut être à la hauteur de notre mission, à preuve, comme dit Voltaire ; notre espèce est tellement faite que ceux qui marchent dans les sentiers battus jettent toujours des pierres à ceux qui enseignent un chemin nouveau.

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