Petit-fils d'un Premier ministre et fils d'un ministre des Affaires étrangères, Shinzō Abe (58 ans) est revenu au pouvoir le 26 décembre 2012, après une première primature décevante d'un an, en 2006-2007.
Il a dirigé le gouvernement japonais jusqu'à son retrait volontaire le 14 septembre 2020 pour cause de santé, plus longtemps qu'aucun autre Premier ministre avant lui... Il sera assassiné alors qu'il prononce un discours dans la préfecture de Nara le 8 juillet 2022.
Une politique économique ambitieuse mais vaine
Soutenu par une majorité libérale-démocrate dans les deux chambres du Parlement, affichant un programme d'inspiration nationaliste, le Premier ministre a aussitôt inauguré une série de grandes réformes destinées à sortir le Japon du marasme dans lequel il se traîne depuis 1989.
Notons tout de même que le pays, en dépit de ce marasme et de son asthénie démographique (très faible fécondité), conserve une base industrielle solide, une population bien formée et une balance commerciale équilibrée. Sa dette publique, quoique exceptionnellement élevée (250% du PIB), est entièrement souscrite par des Japonais, ce qui oblige ces derniers à faire preuve de solidarité envers l'État.
Surnommées « Abenomics », les réformes de Shinzō Abe se caractérisent en premier lieu par des injections de liquidités destinées à combattre la déflation (dico), affaiblir le yen et relancer les exportations (on peut à ce propos évoquer une « dévaluation compétitive » dans la mesure où la balance commerciale du Japon est déjà équilibrée et ne justifie pas un tel coup de pouce). Le Premier ministre a aussi injecté l'équivalent de 70 milliards d'euros en un an dans le secteur de la construction.
Cette politique a eu un début de réussite (croissance économique : + 1,1%/an) mais elle a été très vite entravée par le manque de dynamisme ambiant. Tout en douceur, le pays est peut-être en train de renouer avec la tradition de repli de l'ère Tokugawa.

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