11 mars 2011

Séisme de Sendai et accident nucléaire de Fukushima

Le 11 mars 2011, à 14h26, un tremblement de terre d'une magnitude 9 sur l'échelle de Richter a lieu au large de Sendai, au nord-est de l'île de Honshu (Japon). Elle provoque des dégâts considérables et fait plusieurs milliers de victimes dans la préfecture de Fukushima. 

La catastrophe est amplifiée par un impressionnant tsunami qui balaye les côtes dix minutes seulement après les premières secousses. Il s'agit d'une vague provoquée par la secousse tellurique. D'une hauteur de 23 mètres à son maximum, elle endommage gravement plusieurs villes comme Ishinomaki, Natori ou encore Okuma.

La vague noie aussi la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Il ne va en résulter aucune victime mais un effroi planétaire qui se soldera pas l'arrêt du nucléaire civil dans quelques pays, dont l'Allemagne et le Japon.    

André Larané

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi après l'accident du 11 mars 2011 (photo : wikimedia)

Accident nucléaire : plus de peur que de mal

À Fukushima, le risque nucléaire s'ajoute à la désolation du fait de la présence de la centrale atomique, construite au bord de la mer. La centrale est balayée par le raz-de-marée.

La vague submerge la digue, haute de seulement sept mètres, et met hors circuit les circuits de refroidissements de plusieurs réacteurs, provoquant la fusion partielle des coeurs de réacteurs. Il s'ensuit l'émission de vapeur d'eau et d'hydrogène dans l'enceinte de confinement. L'hydrogène explose et souffle les toits des bâtiments.

Des fuites radioactives sont constatées (iode 131, césium 137) et un nuage se propage dans l'atmosphère, provoquant un début de panique dans la population. Fort heureusement, la plupart des rejets vont être emportés par les vents et se disperser dans l'océan Pacifique.

Vue du port de Sendai.Cette double catastrophe, qui associe la Nature et l'Homme, est sans doute la plus grave qu'ait jamais connue le Japon, justifiant une intervention exceptionnelle de l'empereur Akihito dans les médias dès le mercredi 16 mars 2011. Le Premier ministre Naoto Kan et son administration se voient reprocher l'opacité de l'information et la lenteur de leurs réactions cependant que les responsables de Tokyo Electric Power Company (Tepco), l'exploitant de la centrale, sont accusés de coupables négligences.

De fait, les enquêtes ultérieures vont montrer que l'accident a été rendu possible par des erreurs humaines et une culture de la sécurité insuffisante chez l'exploitant, tout comme d'ailleurs dans les précédents accidents nucléaires, à Three Miles Island (États-Unis, 1979) et Tchernobyl (URSS, 1986).

Le bilan immédiat du tsunami se solde par 18 000 victimes dans la région de Tōhoku ainsi que 2500 disparus. Pas moins de 340 000 personnes ont dû aussi être déplacées dont 160 000 pour échapper aux retombées radioactives qui ont affecté une surface d'environ 30 000 km2 (l'équivalent de la Belgique). L'évacuation a entraîné le décès prématuré de deux mille personnes âgées ou malades, ainsi que des suicides et des dépressions.

Toutefois, soulignons-le, dix ans après, aucune victime n'est à déplorer du fait de l'accident nucléaire et l'on a recensé une personne qui serait morte des suites des rayonnements. Une surveillance attentive de la population pendant les dix ans qui ont suivi n'a pas diagnostiqué plus de cancers qu'ailleurs. Sur les vingt mille personnes qui ont été amenées à intervenir sur le lieu du sinistre, seules six ont in fine présenté une radioactivité supérieure au seuil d'alerte.

Par précaution, les autorités japonaises ont néanmoins entrepris de décontaminer les sols avant d'autoriser le retour des habitants. Si elles n'entendent pas réouvrir la centrale de Fukushima Daiichi, elles n'ont pas encore tout à fait renoncé à leurs autres centrales nucléaires...

Le Japon comptait 54 réacteurs en 2011 ; il en compte encore 33 en 2022 et envisage d'en réouvrir de nouveaux. Pour le reste, les États-Unis comptent 99 réacteurs en 2022 (20% du mix électrique) ; la France, en deuxième position avec 56 réacteurs (71% du mix électrique), est talonnée par la Chine. Ensuite vient la Russie avec 37 réacteurs (18% du mix électrique)... L'Allemagne est en définitive le seul pays qui ait décidé d'arrêter le nucléaire civil suite à l'accident de Fukushima, quitte à devoir réouvrir des centrales au charbon ou au lignite pour ses besoins en électricité !

Publié ou mis à jour le : 2024-03-11 18:38:27
Michel (10-03-2024 13:34:09)

Curieux que les pro-nucléaires impénitents ne s’attardent ni sur l’impasse actuelle non résolue des déchets (nucléaires) ni sur la question pourtant geopolitiquement brûlante de l’enrichissement de l’uranium ( des noms de Pays, des noms…!?)

Liger (14-03-2021 17:13:32)

Une fois de plus, voici de l'information factuelle et honnête, ce qui est rare dès qu'il s'agit de nucléaire.

On pourrait dire que cet accident constitue une sorte de " preuve par le drame " du caractère réduit du " danger nucléaire ", puisqu'il n'y eut pas de mort causé par cette énergie à Fukushima, sauf dans les cas où le mépris de l'environnement et de la sécurité (en URSS) ont eu des conséquences tragiques.

Mais les escrologistes en retirèrent un fantastique bénéfice : passés maîtres dans l'intoxication, l'incantation apocalyptique et mensongère et la manipulation, face à des médias en général ignares et disposés à suivre la dernière mode, à des populations apeurés parce qu'ignorantes et à des politiciens épouvantés à l'idée de perdre le pouvoir, les escrologistes réussirent à imposer une cascade de mesures allant de la sottise à la catastrophe, notamment :
- des dépenses colossales dans l'éolien et le solaire, énergies intermittentes au prix de revient faramineux et qui nécessitent la construction de centrales à gaz, voire au charbon ou au lignite pour prendre le relai ; la note s'élève déjà à des dizaines de milliards d'euros… pour le plus grand bonheur de la Chine qui nous vend les panneaux solaires incorporant des matériaux rares et des néo-bétonneurs qui parsèment nos paysages d'éoliennes aux monstrueux socles en béton… et j'en passe ;
- arrêt, voire démantèlement de centrales nucléaires sûres et amorties : dans le cas de Fessenheim, on a mis 6 milliards d'euros à la poubelle ;
- réduction ou abandon de l'énergie nucléaire, source d'énergie propre (cf. par exemple la qualité de l'air en France comparée à celle en Allemagne) et sûre (combien de morts dus au nucléaire civil depuis 1945 par comparaison aux autres sources d'énergie, surtout par rapport à la puissance produite ?) Quant aux déchets, de volume limité et de dangerosité généralement peu importante, c'est une question maîtrisée et sur laquelle progressent, lentement mais régulièrement, les pays qui poursuivent une politique nucléaire ambitieuse : ainsi, on pourra recycler ou " brûler " une partie de ces déchets dans les centrales de nouvelle génération ;
- perte d'indépendance car on trouve de l'uranium dans de nombreux pays, y compris à régime stable et démocratique comme le Canada ; la situation est bien moins favorables pour les carburants fossiles ; en outre, il y a des pays qui ne se sont pas soumis aux lubies escrologistes, comme l'Inde, la Chine ou la Corée, qui nous ont rattrapés, voire dépassés, en ce qui concerne les nouvelles générations de centrales : si nous continuons ainsi, nous finirons par leur acheter piteusement et à prix fort des licences alors que la France était en pointe dans les années 1980-1990.

La victoire de ces idées escrologistes donnera un jour lieu à la rédaction de thèses dans lesquelles on analysera les causes de la réussite de cette monstrueuse imposture : en quelque sorte, cela rappelle à bien plus grande échelle le succès de mouvements aberrants qui réussirent à hypnotiser des nations entières, tel Savonarole qui instaura une dictature théocratique de Florence de 1494 à 1498.

Il est grand temps de se réveiller et de mettre au panier ces idées stupides qui nous ruinent et dont les générations futures devront payer le très lourd prix.

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