2 juillet 2008

Libération d'Ingrid Betancourt

Le 2 juillet 2008, le monde apprend avec soulagement la libération de 15 otages dont trois citoyens américains et la sénatrice franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue dans la jungle colombienne depuis le 27 février 2002, soit plus de 2000 jours.

Soixante ans de violence

Les prises d'otages sont une illustration parmi d'autres de la violence endémique qu'a subie la Colombie, deuxième pays sud-américain après le Brésil, pendant six décennies. Cette violence n'a pratiquement pas cessé depuis le « Bogotazo » (« coup de Bogotá ») du 9 avril 1948, par lequel a été assassiné le populaire leader Jorge Eliécer Gaitán.

En 1953, après cinq années d'une « Violencia » d'une cruauté inouïe (300 000 morts accompagnés de tortures, mutilations, viols....), le général Gustavo Rojas Pinilla s'empare du pouvoir. Il convainc les deux grands partis du pays - libéraux et conservateurs - de mettre fin à leurs querelles et de gouverner en alternance ! Mais cet accord de Front national, qui va durer de 1958 à 1974, ne va pas suffire à ramener la paix dans les campagnes.

C'est que beaucoup d'agitateurs de l'époque de la « Violencia » se sont reconvertis dans les années 1960 dans des guerillas vaguement castristes. Dans les années 1980, l'explosion du marché de la drogue aux États-Unis a aussi suscité le développement de la culture de la marijuana puis de la coca dans la région de Medellín. Cette économie parallèle dirigée en toute illégalité par des narcotrafiquants tel le fameux Pablo Escobar contribue à affaiblir un peu plus l'autorité de l'État.

Dans les années 1990, les Colombiens souffrent triplement de la guerilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), très active dans l'enlèvement contre rançon et dans le trafic de la cocaïne, des narcotrafiquants de Medellín et des paramilitaires, miliciens chargés de combattre les guerilleros mais devenus incontrôlables...

Une éclaircie bienvenue

L'élection d'Alvaro Uribe (49 ans), candidat de la droite, en 2002, marque, semble-t-il, un tournant. Par sa détermination, le nouveau président réduit aux abois les FARC, qui ne sévissent plus guère que sur 15% du territoire national. Il rend le sourire à ses concitoyens et, conséquence du retour à la sécurité, le pays jouit d'un taux de croissance économique appréciable. Plus de la moitié des Colombiens se rangent désormais dans les classes moyennes et le revenu annuel par habitant, de l'ordre de 8.000 dollars par an (2007), rattrappe celui du Brésil ou de l'Amérique latine dans son ensemble.

La libération d'Ingrid Betancourt consacre le triomphe du président Uribe, qui est resté fidèle à sa ligne politique : pas de concessions aux FARC, malgré les injonctions acerbes de ses voisins, les chefs populistes Hugo Chavez (Venezuela) et Rafaelo Correa (Équateur), et des dirigeants français Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy qui ne voient pas d'inconvénient à ce qu'il négocie la liberté de l'otage contre la cession d'un territoire aux guerilleros !

« Pour l'immense majorité de ses compatriotes, il [Alvaro Uribe] est "le meilleur président que la Colombie ait jamais eu". À Quito et à Caracas, le son de cloche est différent : le fidèle allié de George Bush est perçu dans les capitales équatorienne et vénézuélienne comme "un pion de l'empire", "un danger pour la région", voire "un mafioso" et "un allié des paramilitaires ". La France, elle, comprend mal l'intransigeance du président colombien face aux guérilleros qui ont pris Ingrid Betancourt en otage (...). Ni cocktails ni yacht pour ce président qui a su se forger une image d'homme pieux, austère et travailleur. Au cours d'une de ses innombrables visites officielles à Washington, il a été surpris en train de déjeuner dans un fast-food ». (Le Monde, 6 juillet 2008).

Tandis que les narcotrafiquants de Medellin et leur chef Pablo Escobar (1949-1993) entrent dans la légende noire, les FARC ne cessent plus de reculer. Leur chef « Timochenko » se résout à signer un traité de paix avec le nouveau président colombien Juan Manuel Santos, le 26 septembre 2016. Bien que rejeté par la population consultée par référendum, ce traité met fin à cinq ans de guerre civile, avec au bilan 260 000 morts et sept millions de personnes déplacées. Tandis que le président colombien reçoit le Prix Nobel de la Paix, on peut souhaiter que la Colombie échappe enfin au cycle infernal de la violence pour devenir un pays émergent.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
HuGo (10-07-2018 03:36:26)

Bonjour,
Il n'a pas que des déƒauts, certes. Mais il y a ((((((généralement)))))) des limites à ce que le "maintien de l'ordre" peut justiƒier. L'Ami du Président u.s. a-t-il eu vraiment raison d'inonder les surƒaces de culture de la coca avec de l'AGENT ORANGE?
Qu'offre-t-il à son peuple?
Sans se polariser sur les assassinats massiƒs de rebelles ayant rendu-les-armes, il ƒaut quand même examiner les projets d'avenir de ses disciples :
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Subventions aux exploitants de caƒé en difficulté •))°!°((• Or, la presse locale se tord les mains en dénonçant continuellement la ƒaiblesse des cours. Comparez simplement le 1,8% du prix d'une tasse de caƒé chez Starbugs reversé aux Caƒeteros........ avec le cas du Champagne : £a part des vignerons représente en moyenne les 2/3 du prix (hors taxe) du prix de chaque bouteille.
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Diversiƒication? £e "Plan" consiste à développer la culture du bananier!!! Or, ici, en France, où l'on subventionne les plantations des Antilles, on sait bien que c'est un trou sans ƒond. Autrement dit, sur-production. En plus, la "Maladie de Panamà" (une saloperie de champignon ultra-résistant) va nécessiter de plus en plus de soins coûteux (comme le phylloxéra dans nos vignes).
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Eradiquer la pauvreté pour ramener la Paix sociale?
Ils ƒeraient bien de s'occuper D'ABORD de BIEN VENDRE. Des Canadiens vendent A PRIX D'OR du caƒé Thai baptisé "Ivoire Noir", récupéré dans des bouses d'éléphants nourris spécialement pour cela (((d'autres Canadiens cultivent des arbres aux propriétés anti-cancéreuses impressionnantes))). £e caƒé INDONESIEN a multiplié sa valeur marchande depuis les livres et ƒilms "FILOSOFI KOPI" de Dewi £estari : Des recettes et cours d'excellence (y compris la gestion culturelle des débits-de-boisson), sélection impitoyable des récoltes, emballages raffinés, pédagogie botanique, dégustations de prestige avec la participation ƒestive des plus hautes autorités de l'Etat......
(et qu'on n'aille pas raconter que c'est ƒacile, que l'Indonésie n'aurait connu aucun conƒlit)

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