Le point culminant de l'horreur dans la guerre de Bosnie est atteint à Srebrenica, une ville de 20 000 habitants majoritairement musulmane, enclavée dans une région orthodoxe, à l'est de la Bosnie-Herzégovine.
La prise de la ville par les Serbes débouche entre les 7 et 13 juillet 1995 sur le massacre de plusieurs milliers d'hommes et d'adolescents.
Dès le début de la guerre de Bosnie, Srebrenica a fait l'objet de nombreuses attaques de part et d'autre.
Pour assurer la sécurité des civils, l'ONU a déployé 400 à 600 Casques bleus français et néerlandais autour de la ville, sous le commandement du général français Philippe Morillon. En mars 1993, celui-ci n'hésite pas à monter sur un char et haranguer les habitants en vue de les rassurer : « Nous ne vous abandonnerons pas ! ».
Mais le général français, malgré ou à cause de cela, est extradé le 12 juillet 1993 et remplacé par le général belge Francis Briquemont.
La pression serbe sur la ville s'accroît à la mi-1995, cela en dépit des frappes aériennes de l'OTAN.
Le général Bernard Janvier, qui commande les forces de l'ONU dans l'ex-Yougoslavie (FORPRONU), considère que la ville est indéfendable et émet publiquement le voeu que ses hommes soient évacués.
Les Serbes qui assiègent Srebrenica le prennent au mot. Ils prennent en otages les Casque bleus et menacent de les exposer aux bombes de l'OTAN. Les représentants de l'ONU négocient leur libération en contrepartie de l'arrêt des frappes aériennes.
Là-dessus, le 7 juillet 1995, les Serbes prennent d'assaut la ville avec à leur tête Ratko Mladic.
Cet ancien officier yougoslave commande depuis 1993 l'armée serbe de Bosnie. Charismatique et brutal, il a déjà dirigé le siège de Sarajevo en pratiquant délibérément la terreur. Sa propre fille, Anna, une étudiante en médecine, ne l'a pas supporté et s'est donnée la mort en 1994, à 23 ans (Ce suicide et de nombreux autres illustrent le caractère pathologique des principaux acteurs de la guerre de Bosnie).
À Srebrenica, les Casques bleus néerlandais, réduits au statut d'observateurs, réclament en vain la reprise des frappes aériennes.
Sous leurs yeux, les Serbes rassemblent la population de la ville et mettent de côté les hommes de plus de 15 ans.
Les femmes et les enfants sont évacués en autocars ou à pied vers les zones à majorité musulmane.
Les hommes et les adolescents sont quant à eux entraînés vers les forêts environnantes sous prétexte d'évacuation.
Pendant les jours suivants, les Serbes vont les massacrer à l'arme lourde, au bord de fosses communes, au vu et au su de l'OTAN, qui multiplie les vols d'observation au-dessus de la région. On recensera plus tard près de 8 000 victimes.
Le 13 juillet 1995, les Casques bleus néerlandais sont à leur tour évacués. Pendant plusieurs jours, sur ordre, ils tairont les horreurs auxquelles ils ont assisté et la vérité des massacres.
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Michel Edmond (12-07-2015 15:45:27)
les Serbes sont des fauteurs de guerre, et ils adulent leurs criminels de guerre ou contre l'Humanité. Il faut espérer que la Serbie n'entrera pas demain dans l'UE. Malheureusement, le referendum que Jacques Chirac avait fait inclure dans notre constitution pour toute nouvelle adhésion d'un pays à l'UE a été supprimé à l'initiative de Sarkozy.
Yves Drappier (26-11-2006 03:44:54)
Nous avons souhaité recevoir des élèves de classe de français serbes de la ville de Uzice, en échange de séjour, considérant que les "enfants serbes" n'étaient pas responsables de la guerre en ex-Yougoslavie. Les familles d'accueil ont été enchantées d'avoir pu faire cette expérience. Lors du séjour retour à Uzice (Serbie), la prof nous a révélé son vrai visage : propos racistes aussi dur que ceux d'un homme, à l'égard des Bosniaques(musulmans) que l'on devait "jeter à la mer" disait elle - sa ville était propre, plus propre que Brive où elle avait été reçue, parce que peuplée seulement de Serbes, sans mélange de nationalités, comme chez vous, disait elle. Ce fut notre plus mauvais séjour retour en 15 ans d'échanges avec tous les pays d'Europe de l'Est. Nous sommes restés seulement en contact avec les élèves (filles) reçues en Corrèze, qui ne partageaient pas les propos tenus par leur professeur (femme) qui ne se trompait pas dans ses mots, elle parlait parfaitement le français. En juillet 2007, nous recevrons ENFIN des élèves Bosniaques en étant persuadés de ne pas nous tromper en accueillant des "Européens" avides de paix et de vraie démocratie.
Cyrille (16-06-2006 14:35:07)
Vous ne parlez pas des premiers bombardements des Occidentaux en 1995 ou 1996, sous l'insistance de la France et de son président Jacques Chirac. Est ce un évènement mineur ?
Kae (30-05-2006 11:04:15)
Cet article, qui est honnête, comporte cependant quelques inexactitudes :
- s'il est vrai que le Président Tudjman a bien dû rencontrer quelques anciens Oustachis parmi les opposants de la diaspora à partir du moment où il a été chassé de l'armée en 1968 pour avoir mis en cause l'exagération officielle de leurs crimes, c'est en tant que Partisan, c'est-à -dire comme leur ennemi victorieux, qu'il avait fait sa carrière de général.
- La plupart des observateurs, y compris le Président croate actuel Stipe Mesic, pensent que Tudjman était à partir du 25 mars 1991 le complice de Milosevic pour partager la Bosnie-Herzégovine. L'armée croate y est intervenue pour annexer l'Herzégovine occidentale à la Croatie, politique qui n'a pris fin qu'après la mort de Tudjman en 1999. Celui-ci ne s'est allié au gouvernement légal de Sarajevo qu'en mars 1994 sous la pression des Américains, et pour reconquérir les parties de la Croatie occupées par les Serbes.
- Aucun événement de cette guerre n'a été mieux élucidé que le massacre de Racak : c'en était bien un. Mais il n'y a aucune raison de parler de victimes "musulmanes" : du côté des Albanais, le combat est national, et non religieux Les 10 % d'Albanais catholiques (ce qui en fait aujourd'hui la plus grande communauté chrétienne, avant les "orthodoxes" serbes) y jouent le même rôle que les "musulmans" et ont subi les mêmes violences.
- Les Albanais du Kosovo demandaient l'indépendance depuis 1991 : ils l'avaient déjà votée par référendum à la fin septembre 1991, et proclamée en octobre de la même année ; ils espéraient seulement une solution pacifique à cette question après la guerre en Bosnie. Milosevic a déclenché la guerre fin à la fin de février 1998, parce que ses déboires électoraux l'avaient convaincu qu'il avait besoin d'une nouvelle guerre pour rester au pouvoir. L'UCK a commencé à faire parler d'elle par des attentats dès 1997. En 1998, la guerre a fait 2 000 morts parmi les Albanais – et 10 000 en 1999.
- Les premiers actes de violence des Serbes contre la République de Croatie ne datent pas de 1991, mais du 17 août 1990, avec l'insurrection de Knin et la prétendue "révolution des troncs d'arbre".
- La "Krajina" était le nom de l'ancienne frontière militaire des Habsbourg, abolie en 1881, à la suite de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine. Knin, qui se trouve en Dalmatie du Nord, n'en a jamais fait partie. L'appellation contemporaine de "Krajina" incluant cette région est donc une invention des Serbes en 1990.
- La Croatie était en train de gagner la guerre contre l'envahisseur à la fin de 1991, lorsque l'Union Européenne a reconnu son indépendance.
- Et cette reconnaissance des indépendances impliquait aussi que l'ancienne Yougoslavie était dissoute. L'indépendance de la Bosnie-Herzégovine n'avait donc pas pour solution alternative son maintien dans l'ancienne fédération, mais son adhésion à une nouvelle, dominée par la Serbie, et qui sera finalement formée en avril 1992 avec le seul Monténégro.
- Le nombre de victimes de la guerre en Bosnie-Herzégovine a été récemment révisé à la baisse : on parle maintenant de 70 000 morts et non plus de 200 000.
- Le Monténégro a participé à l'offensive militaire et aux pillages de 1991, dans la région de Dubrovnik. Le Premier ministre actuel, Milo Djukanovic, était déjà Premier ministre, et il a organisé cette expédition. C'est seulement à partir de 1997, tirant les leçons des élections municipales de novembre 1996, qu'il s'est retourné contre Milosevic, son ancien patron.