2 décembre 1993

Exécution du narcotrafiquant Pablo Escobar

Le 2 décembre 1993, à Medellin (Colombie), la police abat Pablo Escobar, 44 ans, qui a dominé pendant près de vingt ans le trafic de la cocaïne, une drogue extrêmement violente produite à partir de la coca.

Vingt-cinq après, avec la sortie du film Escobar (avril 2018) et le succès de la série télévisée Narcos commencée en 2015, ce baron de la drogue revient sur le devant de la scène...

Vers la mondialisation du narcotrafic

Si la Colombie est aujourd’hui connue comme le pays de la cocaïne, cela n’a pas toujours été le cas. Avant les années 1970, c’était le Chili qui occupait la première place parmi les pays exportateurs.

Mais en 1973, le président élu Salvador Allende est victime d’un coup d’État mené par le général Augusto Pinochet, lui-même aidé par les États-Unis. Une des conséquences a été la fermeture de tous les laboratoires de drogue clandestins, sous la pression américaine. Les narcotrafiquants sont alors partis au Pérou, puis en Colombie.

C’est ce dernier pays qui va devenir le centre du trafic, profitant de sa position plus septentrionale, et donc plus proche des États-Unis, pour exporter la cocaïne produite vers le continent nord-américain. La misère et le faible taux de scolarisation facilitent le développement d’activités illégales.

Pablo Escobar en prison en 1977, à 28 ansDans les années 1980, le trafic prend une plus grande ampleur, notamment autour de la figure de Pablo Escobar, « parrain » du cartel de Medellin, qui contrôle jusqu’à 80% du trafic mondial. Il exporte 70 à 80 tonnes de cocaïne vers les États-Unis chaque année.

Medellin (2 millions d’habitants), dans une vallée andine à 300 km au nord-ouest de Bogota, est la deuxième ville de Colombie et la capitale de la province d’Antioquia, où Pablo Escobar a vu le jour le 1er décembre 1949.

Grâce à sa fortune mal acquise de quelques milliards de dollars, ce dernier dote la province des infrastructures qui lui font défaut : hôpitaux, logements, écoles, terrains et équipes de foot… Aussi est-il vu comme un bienfaiteur par ses compatriotes au point d’être élu député suppléant en 1982 ! À la même époque, les trois quarts de l’économie de Medellin dépendent de ses investissements.

Guerre aux narcotrafiquants

Personnage ambigu, entre Robin des bois et hors-la-loi violent, Pablo Escobar fascine. Mais il épouvante tout autant. Les dirigeants colombiens comme américains ne vont pas longtemps tolérer que ses trafics échappent à leur contrôle. Le problème pour les États-Unis est l’argent qui sort du pays autant que la drogue qui y entre.

Le 14 septembre 1986, lors d’un discours resté célèbre, le président américain Ronald Reagan s’adresse à son pays depuis son appartement de la Maison Blanche en compagnie de sa femme : « Les drogues menacent notre société. Elles menacent nos valeurs et s’en prennent à nos institutions. Elles tuent nos enfants. »

Le président Reagan et sa femme Nancy annoncent une offensive contre les narcotrafiquants le 14 septembre 1986

Les États-Unis et la Colombie s’accordent alors sur un traité d’extradition qui permettrait de juger aux États-Unis les narcotrafiquants arrêtés en Colombie avec l’aide des forces américaines et notamment de la DEA (Drug Enforcement Administration). Jusque-là, toute arrestation par le gouvernement colombien n’était pas crédible en raison de la corruption des juges si facile pour des hommes aussi riches.

Pablo Escobar avertit : « Je préfère une tombe en Colombie que l’extradition. »

Guerre civile

Dans la bataille qu’ils s’apprêtent à livrer, les narcotrafiquants qu’on commence à appeler « narcoterroristes » offrent à leurs adversaires une alternative : plata o plomo, « l’argent ou le plomb ». Si la corruption ne permet pas d’influencer les hommes politiques et les juges, il faut les tuer. Trois des candidats aux élections présidentielles de 1989 sont ainsi assassinés par les sicarios (« hommes de main ») de Pablo Escobar. Cette milice de trois mille hommes est à l'origine de plusieurs milliers d'assassinats chaque année.

Puisque le gouvernement colombien ne veut pas renoncer au traité d’extradition, la guerre civile est lancée. D’un côté sont tous les agents de l’État, policiers, hommes politiques, juges, etc ; de l’autre sont tous les « Extraditables », c’est-à-dire les narcotrafiquants et leurs hommes, qui ont aussi le culot de soutenir financièrement les guérilleros maoïstes des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie).

En juin 1991, Pablo Escobar accepte de se rendre aux autorités colombiennes à une seule condition… il aménagera lui-même sa prison ! Si cela permet d’isoler le parrain des narcotrafiquants, cela ne l’empêche pas d’organiser son commerce depuis sa résidence. Il va même jusqu’à tuer un de ses acolytes dans sa prison.

En juillet 1992, alors qu’il doit être transféré dans un centre carcéral plus conventionnel, Pablo Escobar s’enfuit. La traque organisée par la police colombienne et la DEA américaine s’accélère, jusqu’à ce qu’il soit rattrapé et tué le 2 décembre 1993.

Publié ou mis à jour le : 2020-06-20 21:30:51
JdB (05-06-2018 12:17:20)

Comme souvent avec Pablo Escobar et la Colombie, les approximations, sinon les erreurs, abondent.
Escobar n'a fasciné que comme un malfaiteur à très grande échelle. Mais pour la très grande majorité des Colombiens il n'a jamais été qu'un ennemi à abattre, même si son pouvoir de corruption et la terreur qu'il pratiquait l'ont longtemps mis à l'abri de ses adversaires, y compris des forces de l'ordre légales.
Pour la même raison, il est abusif de parler d'une guerre civile pour désigner la traque d'un bandit.
La phrase des "extraditables" était : "plutôt une tombe en Colombie qu'une prison aux Etats-Unis". Ce qui est plus parlant que votre version.
Les élections présidentielles marquées par les assassinats d'Escobar étaient en 1990, non 1989.
Enfin, il est faux de dire qu'Escobar a financé les FARC (qui ne se sont jamais revendiquées du maoïsme, au demeurant) : si cela a pu être le cas ponctuellement dans le contexte de la violence protéiforme des années 80 et 90, cela n'a jamais été institutionnel. Au contraire, les narco-trafiquants ont financé, voire créé, des groupes paramilitaires pour protéger leurs cultures et leurs trafics de la rivalité des narco-terroristes des FARC.

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