9 décembre 1992

Restore Hope et Oryx en Somalie

Le ​9 décembre 1992, les forces franco-américaines débarquent en Somalie sur mandat de l'ONU pour « rendre l'espoir » aux habitants, ramener la paix civile et garantir l'acheminement de l'assistance humanitaire. C'est l'opération Restore Hope  (EU) et Oryx (France), sous commandement américain.

Le Somaliland, espoir d'un avenir meilleur pour la Somalie ?

La République fédérale de Somalie est un État très pauvre, divisé et évanescent. Situé à la Corne de l'Afrique, dans une région aride et bordée de déserts salés, elle est un peu plus vaste que la France (650 000 km2) et peuplée d'environ dix millions d'habitants (2016). Elle est née le 1er juillet 1960 de la fusion de la colonie italienne de Somalia (capitale : Mogadiscio), sur l'océan Indien, et de la colonie britannique de Somaliland (capitale : Berbera), sur le golfe d'Aden.
Cet État a été salué à sa naissance comme le seul des nouveaux États africains qui fut homogène d'un point de vue ethnique, toute la population étant de langue somalie et de religion musulmane ! La suite a montré que cette homogénéité ethnique n'était en rien une garantie de paix et de prospérité.
En 1991, le Somaliland a fait sécession d'avec la Somalia. Il s'est doté d'un gouvernement indépendant et d'une nouvelle capitale, Hargeisa, à l'intérieur des terres, mais sans pouvoir obtenir de reconnaissance internationale. Depuis lors, ce territoire de 176000 km2 et quatre millions d'habitants (2021) vit à l'écart de la « communauté internationale » et a tout lieu de s'en réjouir ! Ne bénéficiant d'aucune aide étrangère, il échappe à la corruption et aux conflits d'ego qui minent le reste de l'Afrique. Qui plus est, il maintient une vie paisible et démocratique dans une région minée par les dictatures, les guerres civiles et le terrorisme islamiste, preuve s'il en est que les pays africains auraient tout à gagner à se faire oublier des « amis qui leur veulent du bien » (note)... Notons tout de même en février 2023 un conflit local autour de la ville de Las Anod, à la frontière avec le territoire somalien autonome du Puntland, dont on peut craindre qu'il dégénère.

Luttes de clans

Le 15 octobre 1969, le général Siyad Barre prend le pouvoir à Mogadiscio selon un schéma très classique dans l'Afrique nouvellement indépendante. L'ambitieux général se lance en 1977 dans une guerre contre l'Éthiopie en vue d'annexer la province désertique de l'Ogaden qui a la particularité d'être aussi peuplée de Somalis.

La guerre se transforme en déroute. Pour faire taire les séditions internes, le général s'appuie sur les fidèles de son clan tribal. Il est malgré cela renversé le 27 janvier 1991. L'anarchie s'installe et le Somaliland ex-britannique proclame unilatéralement son indépendance le 18 mai 1991.

La guerre civile débouche sur la famine. C'est donc pour faciliter la distribution des secours d'urgence qu'interviennent les troupes américaines et françaises sous les présidences Clinton et Mitterrand.

Le premier échelon (dont une compagnie du 2ème régiment de parachutistes) débarque près de Mogadiscio sous les caméras des médias internationaux. Jusqu'à 40 000 soldats (dont 3 500 français) tenteront de rétablir la paix entre les clans armés qui dévastent le pays.

L'opération militaire bénéficie d'une forte médiatisation, avec le ministre Bernard Kouchner en première ligne, sac de riz sur l'épaule. Mais cette médiatisation va montrer son revers car les succès opérationnels du début seront rapidement effacés par la diffusion dans les foyers américains et européens d'images humiliantes, en particulier la dépouille d'un soldat américain traînée dans les rues de Mogadiscio par une populace déchaînée.

Guerre dissymétrique

Le 4 mai 1993, l'ONU prend le relais des Américains avec 28 000 Casques Bleus. Mais dès le mois suivant, le 5 juin 1993, 23 Casques Bleus pakistanais sont tués par des miliciens du général Aidid. Une semaine plus tard, un commando américain échoue dans une opération de représailles contre ladite milice. Une nouvelle opération, le 3 octobre 1993, aboutit à un terrible fiasco : deux hélicoptères américains Black Hawn (« Faucon Noir ») sont abattus par les miliciens à Mogadiscio.

En vertu de leur obligation de ne laisser aucun homme aux mains de l'ennemi, les Américains vont lancer une opération commando impressionnante pour récupérer les éventuels survivants. Au total, ils auront à déplorer dix-neuf morts... Mais l'« exploit » inspirera au cinéaste Ridley Scott un spectaculaire film d'action, La chute du faucon noir (2001), belle occasion de mettre en avant l'héroïsme des « boys » et de faire oublier l'humiliation somalienne.

Après la mort de sept nouveaux Casques Bleus - des Indiens cette fois - le 22 août 1994, les Américains rembarquent en catastrophe, abandonnant les habitants à leurs démons. Ils reviennent brièvement l'année suivante, le 28 février 1995, pour couvrir l'évacuation des derniers Casques Bleus devenus otages des milices.

Plus misérable et divisée que jamais, la Somalie, devenue un non-État de fait, va dès lors servir de base arrière aux pirates des mers et aux bandes islamistes de toutes obédiences. En 2004 se constitue un groupe djihadiste endogène, les Tribunaux islamistes, dont les miliciens sont appelés Shaabab. Ils transportent la guerre et la terreur vers le Kenya voisin.

Publié ou mis à jour le : 2023-09-18 17:58:57
Christian (07-03-2023 13:18:12)

On l'oublie souvent, mais le Somaliland a déjà été reconnu officiellement comme Etat indépendant en 1960. Il est vrai que cette indépendance ne dura que quelques jours, à savoir du 26 juin (fi... Lire la suite

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