6 avril 1992

Bombardement de Sarajevo

Le 6 avril 1992 commence le siège de la ville de Sarajevo par l'armée serbe. Le même jour, la Communauté européenne reconnaît l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, une république de la Fédération yougoslave dont Sarajevo est la capitale.

C'est le début de la guerre de Bosnie, qui va endeuiller l'Europe et renouer avec les mauvais souvenirs des deux guerres mondiales.

La Bosnie-Herzégovine dans la tourmente

Le 15 janvier 1992, la Communauté européenne a reconnu l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie pour couper court à la guerre menée par les Serbes contre ces républiques dissidentes de la fédération yougloslave. La petite république de Macédoine, au sud de la Yougoslavie, est devenue entre-temps indépendante dans l'indifférence générale.

Chacun attend le tour de la Bosnie-Herzégovine. Cette république est une Yougoslavie en réduction, avec une population qui se partage à parts presque égales entre musulmans de langue serbo-croate, Croates catholiques et Serbes orthodoxes.

À Sarajevo même, on ne compte plus les mariages intercommunautaires et la cohabitation paraît aller de soi... jusqu'au 28 mars 1992, quand des nationalistes serbes proclament une République serbe de Bosnie-Herzégovine.

Miliciens contre militants pacifistes

Une semaine plus tard, le 6 avril 1992, la Communauté européenne reconnaît l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine. Le même jour, Sarajevo, capitale de la république, est le théâtre d'une grande manifestation pacifique. Des milliers de Bosniaques brandissent le portrait du défunt Tito et en appellent à la tolérance et à la fraternisation entre les différentes communautés bosniaques.

Mais à l'instigation d'un psychiatre ultranationaliste, Radovan Karadzic, des franc-tireurs  tirent dans la foule.

La première victime est une étudiante de 24 ans, Suada Dilberovic. Elle tombe sur le pont qui porte aujourd'hui son nom.

Alors commence le long siège de Sarajevo par l'armée serbe de Milosevic, sous les ordres d'un officier serbe charismatique et brutal, Ratko Mladic, fils d'un tchetnik (résistant à l'occupation allemande) exécuté par des oustachis (combattants croates à la solde des nazis).

« Ouvrez le feu. Tirez. Tirez. Il faut les rendre fous », telle est la consigne de Mladic à ses canonniers postés dans les hauteurs autour de la ville. Dans les trois ans qui suivent, le siège va faire 12 000 victimes parmi les 200 000 habitants de la ville et laisser des séquelles durables.

La guerre de Bosnie se traduit par des cruautés sans nom. Les Serbes ouvrent des camps de concentration et systématisent la terreur. Les Musulmans et les Croates leur rendent la pareille. On évalue à 100 000 le nombre de morts de cette guerre sur une population de quatre millions d'habitants. La moitié de la population est déplacée ou exilée.

C'est de l'ouest que surgit l'espoir avec l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République française ! Rompant avec la mansuétude de son prédécesseur à l'égard du président serbe Milosevic, le président et son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé prennent fait et cause pour les Bosniaques.

Ils proposent la constitution d'une Force de réaction rapide. Celle-ci est créée par l'ONU le 15 juin 1995 et intervient dès juillet en Bosnie contre les Serbes. L'OTAN elle-même engage des frappes aériennes brutales sur la Serbie, en représailles de l'agression.

Le 14 septembre 1995, en dépit de plusieurs sursauts et massacres, dont celui de Srebrenica (8 000 morts), les Serbes doivent reconnaître leur défaite. Sarajevo peut à nouveau respirer. Mais la ville est en bonne partie détruite et l'on déplore en particulier l'incendie de sa bibliothèque historique, réceptacle d'une très belle collection d'ouvrages anciens.

Publié ou mis à jour le : 2021-06-19 16:34:37
Chouby (29-09-2019 16:30:44)

La Fédération des Slaves du Sud est une construction aussi artificielle que la Belgique. Elle ne put subsister que sous un régime fort (Tito) et par une politique de mélanges ethniques devant conduire en principe à la tolérance généralisée. Vue de l'esprit ! Aussitôt que la poigne se desserre les différences s'exaSerbes si j'ose écrire et les dissidents s'exaspèrent. La Serbie était notre fort ancien allié, pas celui de la Germanie ! Nous l'avons perdu par la faute des USA dirigeant OTAN et ONU . Chirac fût complice de cette manœuvre qui créa en Europe une enclave mafieuse dirigée par des Islamistes convaincus.

Senec (03-04-2012 20:57:04)

J'aimerais que quelqu'un écrive la VRAIE histoire de ce conflit. Je n'ai encore vu que des racontars orientés et passionnels. Comment croire qu'il s'agissait d'un problème à sens unique ?

Yves Drappier (26-11-2006 03:44:54)

Nous avons souhaité recevoir des élèves de classe de français serbes de la ville de Uzice, en échange de séjour, considérant que les "enfants serbes" n'étaient pas responsables de la guerre en ex-Yougoslavie. Les familles d'accueil ont été enchantées d'avoir pu faire cette expérience. Lors du séjour retour à Uzice (Serbie), la prof nous a révélé son vrai visage : propos racistes aussi dur que ceux d'un homme, à l'égard des Bosniaques(musulmans) que l'on devait "jeter à la mer" disait elle - sa ville était propre, plus propre que Brive où elle avait été reçue, parce que peuplée seulement de Serbes, sans mélange de nationalités, comme chez vous, disait elle. Ce fut notre plus mauvais séjour retour en 15 ans d'échanges avec tous les pays d'Europe de l'Est. Nous sommes restés seulement en contact avec les élèves (filles) reçues en Corrèze, qui ne partageaient pas les propos tenus par leur professeur (femme) qui ne se trompait pas dans ses mots, elle parlait parfaitement le français. En juillet 2007, nous recevrons ENFIN des élèves Bosniaques en étant persuadés de ne pas nous tromper en accueillant des "Européens" avides de paix et de vraie démocratie.

Cyrille (16-06-2006 14:35:07)

Vous ne parlez pas des premiers bombardements des Occidentaux en 1995 ou 1996, sous l'insistance de la France et de son président Jacques Chirac. Est ce un évènement mineur ?

Kae (30-05-2006 11:04:15)

Cet article, qui est honnête, comporte cependant quelques inexactitudes :

- s'il est vrai que le Président Tudjman a bien dû rencontrer quelques anciens Oustachis parmi les opposants de la diaspora à partir du moment où il a été chassé de l'armée en 1968 pour avoir mis en cause l'exagération officielle de leurs crimes, c'est en tant que Partisan, c'est-à-dire comme leur ennemi victorieux, qu'il avait fait sa carrière de général.

- La plupart des observateurs, y compris le Président croate actuel Stipe Mesic, pensent que Tudjman était à partir du 25 mars 1991 le complice de Milosevic pour partager la Bosnie-Herzégovine. L'armée croate y est intervenue pour annexer l'Herzégovine occidentale à la Croatie, politique qui n'a pris fin qu'après la mort de Tudjman en 1999. Celui-ci ne s'est allié au gouvernement légal de Sarajevo qu'en mars 1994 sous la pression des Américains, et pour reconquérir les parties de la Croatie occupées par les Serbes.

- Aucun événement de cette guerre n'a été mieux élucidé que le massacre de Racak : c'en était bien un. Mais il n'y a aucune raison de parler de victimes "musulmanes" : du côté des Albanais, le combat est national, et non religieux Les 10 % d'Albanais catholiques (ce qui en fait aujourd'hui la plus grande communauté chrétienne, avant les "orthodoxes" serbes) y jouent le même rôle que les "musulmans" et ont subi les mêmes violences.

- Les Albanais du Kosovo demandaient l'indépendance depuis 1991 : ils l'avaient déjà votée par référendum à la fin septembre 1991, et proclamée en octobre de la même année ; ils espéraient seulement une solution pacifique à cette question après la guerre en Bosnie. Milosevic a déclenché la guerre fin à la fin de février 1998, parce que ses déboires électoraux l'avaient convaincu qu'il avait besoin d'une nouvelle guerre pour rester au pouvoir. L'UCK a commencé à faire parler d'elle par des attentats dès 1997. En 1998, la guerre a fait 2 000 morts parmi les Albanais – et 10 000 en 1999.

- Les premiers actes de violence des Serbes contre la République de Croatie ne datent pas de 1991, mais du 17 août 1990, avec l'insurrection de Knin et la prétendue "révolution des troncs d'arbre".

- La "Krajina" était le nom de l'ancienne frontière militaire des Habsbourg, abolie en 1881, à la suite de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine. Knin, qui se trouve en Dalmatie du Nord, n'en a jamais fait partie. L'appellation contemporaine de "Krajina" incluant cette région est donc une invention des Serbes en 1990.

- La Croatie était en train de gagner la guerre contre l'envahisseur à la fin de 1991, lorsque l'Union Européenne a reconnu son indépendance.

- Et cette reconnaissance des indépendances impliquait aussi que l'ancienne Yougoslavie était dissoute. L'indépendance de la Bosnie-Herzégovine n'avait donc pas pour solution alternative son maintien dans l'ancienne fédération, mais son adhésion à une nouvelle, dominée par la Serbie, et qui sera finalement formée en avril 1992 avec le seul Monténégro.

- Le nombre de victimes de la guerre en Bosnie-Herzégovine a été récemment révisé à la baisse : on parle maintenant de 70 000 morts et non plus de 200 000.

- Le Monténégro a participé à l'offensive militaire et aux pillages de 1991, dans la région de Dubrovnik. Le Premier ministre actuel, Milo Djukanovic, était déjà Premier ministre, et il a organisé cette expédition. C'est seulement à partir de 1997, tirant les leçons des élections municipales de novembre 1996, qu'il s'est retourné contre Milosevic, son ancien patron.

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