Le climat est devenu en ce XXIe siècle le principal enjeu politique et le seul qui mobilise tous les pays du monde. Le mot vient du grec klima, « inclinaison », et fait référence à la hauteur du Soleil, qui varie selon les saisons et la latitude.
Dès les prémices de la révolution industrielle, en Europe occidentale à la fin du XVIIIe siècle, les savants ont pressenti que l'activité humaine pouvait influer sur l’environnement et le climat (et réciproquement), avec des conséquences parfois drastiques sur nos conditions de vie. Ces supputations sont peu à peu devenues certitudes.
Dans le même temps, la révolution industrielle et l'american way of life ont conduit à l'exploitation de plus en plus intensive des ressources naturelles. C'est ainsi que la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) en est venue à modifier la composition de l'atmosphère et le climat par « effet de serre ».
Par son ampleur et sa vitesse, ce dérèglement climatique n'a pas de précédent depuis l'apparition d'Homo sapiens il y deux cents à trois cent mille ans. Quant aux niveaux de CO2 dans l'atmosphère, ils n'ont jamais été aussi élevés depuis deux millions d'années.
Se pourrait-il que le climat change ?...
D’Aristote à Montesquieu, philosophes et scientifiques ont longtemps pensé que le climat pouvait influer sur la nature humaine et la dynamique des sociétés. De fait, dans une humanité étroitement dépendante des récoltes, les accidents climatiques pouvaient avoir des conséquences dramatiques (sécheresses, inondations, refroissement...) et parfois bénéfiques comme le redoux climatique enregistré au Moyen Âge.
Les chroniqueurs ont parfois aussi cru observer que l’activité humaine pouvait agir sur le climat. C'est le cas par exemple avec la déforestation...
Mais c’est seulement au XIXe siècle que l’on a compris que le climat de la Terre avait évolué au cours des millénaires.
Tout commence à Neuchâtel le 24 juillet 1837. Ce jour-là, Louis Agassiz (30 ans), président de la société suisse des sciences naturelles, fait une communication historique au congrès de sa société. Il montre que les rochers striés que l’on rencontre dans le Jura et sur le plateau suisse sont les vestiges d’un « âge glaciaire » antérieur ! À une époque où l’on prend encore à la lettre la description biblique de la création du monde, l’affaire fait grand bruit dans le Landerneau scientifique.
Cinq ans plus tard, le mathématicien français Joseph Adhémar établit avec brio l’origine de cet « âge glaciaire ». Il montre qu’il est dû à la « précession des équinoxes ». Simple ! Tout en tournant autour du Soleil, la Terre oscille elle-même très légèrement autour de son axe sur un cycle de 22 000 ans environ.
Il s’ensuit qu’une fois par cycle, chaque hémisphère est tour à tour plus incliné à rebours du Soleil et donc plus froid. C’est aujourd’hui le cas de l’hémisphère Sud qui subit un « âge glaciaire ». De fait, dans l’Antarctique, les glaces remontent jusqu'au cercle polaire, ce qui est loin d’être le cas au Nord. La situation devrait s’inverser dans 11 000 ans...
En 1875, l'Écossais James Croll arrive à expliquer les variations naturelles du climat par ces différentes interactions très complexes :
• Excentricité de l'orbite terrestre,
• Précession des équinoxes,
• Obliquité de l'axe de rotation de la Terre,
• Effet albédo (réfléchissement de la lumière du Soleil par les surfaces neigeuses et les nuages).
Ces phénomènes cycliques vont faire l'objet en 1940 de calculs détaillés par le géophysicien serbe Milutin Milankovitch (ou Milankovic) qui va leur donner son nom : les « cycles de Milankovitch ».
Dans le même temps, le géographe allemand Albrecht Penck identifie non pas un mais quatre âges glaciaires au cours de l’ère quaternaire. Dans un ouvrage publié en 1909 (Die Alpen im Eiszeitalter), il leur donne le nom de quatre vallées alpines : Würm, de 80 000 à 18 000 ans avant nous, Riess, entre 300 000 et 100 000 ans, Mindel, de 600 000 à 400 000 ans, et Guntz, entre 1,2 million d’années et 700 000.
Ainsi, il y a 300 000 ans, l’Europe du nord était sous les glaces cependant que le continent africain était couvert de végétation... et propice à l’expansion de l’Homo sapiens.
Archéologie de l'« effet de serre »
Le phénomène appelé « effet de serre », par lequel l'atmosphère retient une partie du rayonnement solaire et permet à la Terre de se réchauffer, a été entrevu et ainsi dénommé dès 1824 par le physicien et mathématien français Joseph Fourier (1768-1830). L'expression lui a été inspirée par un dispositif expérimental du savant genevois Horace-Benedict de Saussure, constitué d'un emboîtement de cinq caisses en verre.
C'est à la fin du XXe siècle que l’on commence à analyser les conséquences de nos activités et en particulier de la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) sur le climat.
En 1860, le physicien irlandais John Tyndall prolonge les observations de Fourier et Saussure sur l'effet de serre. Il note que la température de la Terre varie en fonction des composants de l'atmosphère (oxygène, azote, gaz carbonique...).
En 1896 enfin, le physicien suédois Svante Arrhenius, Prix Nobel 1903, avance l'idée que l'activité industrielle, en augmentant la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère, pourrait contribuer à réchauffer la planète.
Pour lui, le réchauffement généré par cette combustion devient le gage d’une sécurité future ! Il donne à la Terre l’assurance de repousser une hypothétique nouvelle ère glaciaire et à ses habitants la promesse d’un avenir radieux. Il ne se doute pas de l'intensité que pourrait prendre ce réchauffement un siècle plus tard...
Il fait vraiment plus chaud !
Le lien entre le développement industriel et le réchauffement climatique est confirmé dans la première moitié du XXe siècle par l’Anglais George Stewart Callendar.
Des années 1950 à la fin des années 1970, c’est davantage d’un retour du froid que s'inquiètent les médias américains ou européens en écho aux théories du géophysicien croate Milutin Milankovitch et à une légère baisse des températures entre 1940 et la fin des années 1970. Le magazine Time titre à plusieurs reprises sur « The Big Freeze ». En 1974, Newsweek n’est pas en reste dans un article de 1975 intitulé « The cooling world » : « Après trois quarts de siècle de conditions extrêmement douces, le climat de la Terre semble se refroidir ».
Il n'empêche que la grande majorité des articles scientifiques publiés entre 1965 et 1979 font état d'un réchauffement de l'atmosphère ! Des chercheurs comme le Suédois Bert Bollin, commencent à alerter sur les dangers potentiels des émanations de gaz carbonique. Commandé par le président Jimmy carter en 1979, le Rapport Charney conclut enfin à la réalité d’un changement induit par les activités humaines et la hausse du CO2 (note).
Reste que ces scientifiques, lucides sur le phénomène en cours, sont en peine d'en expliquer les modalités... Il appartiendra à James Hansen d'en faire la démonstration.
Le 23 juin 1988, une commission du Sénat américain convoque différents scientifiques pour tenter de comprendre les raisons de la vague de chaleur exceptionnelle qui sévit sur le pays. Une grande partie de Yellowstone Park est en feu et, dans la Corn Belt, les céréaliers désespèrent de récolter quoi que ce soit.
James Hansen, climatologue en chef de la NASA, fait sensation en assurant que le phénomène traduit le fait que l'atmosphère terrestre est en train de se réchauffer. Il l'explique par l'amplification de l'« effet de serre » naturel depuis les débuts de la révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle, du fait des émissions de gaz carbonique liées à la combustion du charbon, du gaz et du pétrole.
Un an plus tard, la revue Science publie un article intitulé : « Effet de serre : Hansen contre le reste du monde » (note).
Dans la décennie à venir, les observations, études et modélisations climatiques vont tendre à confirmer la thèse de James Hansen et lui rallier l'immense majorité des scientifiques en rapport avec le climat.
Une réalité qui dérange
Le rayonnement solaire, lorsqu'il atteint la surface de la Terre, est en partie réfléchi sous forme de rayonnement infrarouge mais ce rayonnement est partiellement piégé par l'atmosphère au lieu de se dissiper dans l'espace. Cet « effet de serre » assure à notre planète une température moyenne de +14°C au lieu de -20°C en son absence.
En novembre 1988, deux organismes de l'ONU en charge du climat et de l'environnement décident de créer un centre d'expertise destiné à collecter toute la littérature scientifique sur les changements climatiques en vue d'éclairer les responsables politiques. C'est le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC, en anglais : Intergovernmental Panel on Climate Change, IPCC).
Depuis lors, basé à Genève, avec une dizaine de salariés seulement, cet organisme international, soumis à la surveillance d'États aussi différents que les États-Unis, l'Arabie séoudite, la Russie, la Chine et les États européens, met à contribution les meilleurs scientifiques pour la rédaction d'un rapport périodique. En un millier de pages, ce rapport fait l'état des connaissances dans des domaines aussi variés que la chimie atmosphérique, l'océanographie physique, la dendrochronologie, la glaciologie, la thermodynamique...
Le premier rapport s'en est tenu à l'hypothèse que le réchauffement climatique d'environ 0,5°C observé au cours du XXe siècle pouvait être dû en partie à des causes naturelles, en partie anthropique. Mais par la suite, hélas, de rapport en rapport, le GIEC a confirmé la réalité d'un réchauffement climatique global et de son origine essentiellement anthropique (les émissions de gaz à effet de serre du fait des activités humaines)
Il se trouve toutefois encore des scientifiques en mal de notoriété qui ne nient pas le réchauffement mais contestent son origine anthropique (note). Ils invoquent d'autres causes possibles, d'ordre astronomique (précession des équinoxes, tâches solaires, etc.) et rappellent que le climat a toujours fluctué au fil des siècles et des millénaires. Tout cela est bien sûr exact mais l'ampleur et le rythme de ces fluctuations sont bien moindres que ce que l'on observe aujourd'hui, depuis plusieurs décennies.
Les conséquences du réchauffement climatique actuel pourraient s'avérer gravissimes à moins d'une remise en cause majeure du mode de vie et de consommation inspiré par l'american way of life (énergie trop bon marché, éclatement des villes, généralisation de l'automobile, mondialisation des échanges...).
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Voir les 13 commentaires sur cet article
Bernard Génin (21-11-2024 11:44:48)
Cet article est très intéressant, mais il est dommage qu'il ignore les travaux de Milutin Milankovic (voir sur Wikipedia avec ce nom) qui a mis en évidence les durées des périodes glaciaires et ... Lire la suite
Gilbert (25-06-2023 16:16:15)
Si vous voulez des études scientifiques très documentées qui contredisent les thèses alarmistes, je vous conseille de lire le livre du Pr Gervais " L'urgence climatique est un leurre". On y appren... Lire la suite
Trisolini (10-08-2018 21:23:23)
L'Homme est bien prétentieux pour croire qu'il peut avoir un impact significatif sur le climat sur terre. Le cosmos se moque éperdument de ce microbe insignifiant perdu au fin fond de l'univers...