Au début des années 1980, tandis que les Soviétiques déployaient des fusées nucléaires pointées vers l'Ouest, personne n'aurait parié sur la révolution globalement pacifique qui allait survenir quelques années plus tard.
Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev (54 ans) succède à Constantin Tchernenko (73 ans) à la tête de l'Union soviétique, cinq heures seulement après l'annonce de la mort de ce dernier.
L'arrivée de ce réformateur relativement jeune au Secrétariat général du Parti communiste soviétique, après une succession de vieillards valétudinaires (Brejnev, Andropov, Tchernenko), cause la surprise.
De fait, elle s'accompagne d'une vaste tentative de modernisation de l'économie et des institutions. Les mots « perestroika » (réforme ou restructuration) et « glasnost » (transparence) résonnent dans le monde entier. L'opinion publique occidentale, séduite, est prise de « gorbymania ».
Mais il est trop tard pour une réforme en douceur du communisme. La catastrophe nucléaire de Tchernobyl (26 avril 1986), le défi d'un Cessna sur la Place Rouge et l'embourbement de l'Armée rouge en Afghanistan révèlent les failles béantes du régime. Quand surviennent les premières révoltes, Gorbatchev s'abstient sauf exception (Vilnius) de faire tirer la troupe.
La fin de l'utopie communiste
Tout s'accélère en 1989. Début mai, les dirigeants hongrois annoncent leur intention d'ouvrir leur frontière avec l'Autriche. Des milliers d'Allemands de l'Est se précipitent pour profiter de l'aubaine et passer à l'Ouest. En Allemagne de l'Est, les pasteurs luthériens et leurs fidèles n'hésitent plus à manifester leur opposition.
Le 9 novembre 1989, enfin, de premiers coups de pioche sont donnés au Mur de la Honte qui coupe Berlin en deux. Les gardes demeurent l'arme au pied. La liesse est générale dans toute l'Europe. Des deux côtés de l'ex-« rideau de fer » hérité de la guerre froide, on se prend à rêver d'une « Maison commune » européenne, de l'Atlantique à l'Oural et au-delà...
Confronté aux rébellions des vassaux de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev assure les dirigeants occidentaux qu'il n'utilisera pas la force pour les réprimer. En contrepartie, ces derniers lui promettent de ne jamais étendre l'alliance de l'OTAN vers l'Europe centrale, ce qui pourrait être perçu comme une provocation en URSS. À vrai dire, ils ne feront aucun cas de cette promesse, jusqu'à proposer à la lointaine Géorgie d'entrer dans l'alliance militaire en 2008.
Gorbatchev éprouve une ultime désillusion quand, déstabilisé par la crise économique, il se rend auprès des dirigeants occidentaux réunis à Londres du 15 au 17 juillet 1991 (G7) et sollicite le soutien financier qui pourrait encore lui sauver la mise. Ces derniers, trop heureux d'abaisser définitivement l'URSS, lui opposent une fin de non-recevoir.
Le mois suivant, le 19 août 1991, pendant que Gorbatchev prend du repos en Crimée, un quarteron de hiérarques présidé par Guennadi Ianaïev commet un coup d'État au Kremlin. Il échoue au bout de trois jours grâce à l'audace d'un nouveau-venu, Boris Eltsine (60 ans), président du Parlement de la Russie, la principale des quinze républiques fédératives de l'URSS.
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