10 mai 1981

Mitterrand président de la République

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu à la présidence de la République.

Laminée 23 ans plus tôt par le retour de Charles de Gaulle au pouvoir, la gauche française accède aux responsabilités gouvernementales. Après deux années d'apprentissage difficile, les socialistes vont se débarrasser de leurs archaïsmes. Le Parti communiste français, incapable de s'adapter à l'évolution des techniques et des moeurs, devient marginal.

Le marathonien de la politique

Entré dans les cabinets ministériels à la Libération, à moins de 30 ans, François Mitterrand a évolué de la droite bon teint à la gauche socialiste avant de se poser en 1971 en rénovateur du parti socialiste moribond. Il a déjà tenté deux fois d'accéder à la présidence de la République, en 1965 face au général de Gaulle et en 1974 face à Valéry Giscard d'Estaing.

Donné une nouvelle fois perdant en décembre 1980, à la veille de la campagne électorale, il remporte cette fois la mise en tirant parti de l'impopularité du président sortant, lui-même lâché par Jacques Chirac, le chef du parti néogaulliste.

Un règne à éclipses

La présidence s'ouvre dans la liesse, sur une fête semi-improvisée à la Bastille le soir du 10 mai.

Porté par un « état de grâce », selon ses propres termes, François Mitterrand entame un « règne » de 14 ans, comparable par sa durée à ceux de Henri IV, de Louis-Philippe et de... Napoléon 1er.

De cette très longue présidence, curieusement, l'opinion ne retient de positif que l'abolition de la peine de mort en octobre 1981 !

– Débuts euphoriques (1981-1983)

Le premier gouvernement, dirigé par Pierre Mauroy, maire de Lille, rompt résolument avec la politique de rigueur de Raymond Barre, Premier ministre de 1976-1981. Il renoue avec la politique volontariste de Jacques Chirac (1974-1976) : embauches dans la fonction publique, contrôle des changes, nationalisations...

Quatre communistes font leur entrée au gouvernement au grand scandale de l'opposition. Dans les faits, le parti communiste, en déclin, ne va guère avoir de prise sur le gouvernement et le président.

Les réformes s'enchaînent à la volée, conformément aux « 110 propositions » du candidat Mitterrand (semaine de 39 heures, nationalisations, décentralisation, retraite à 60 ans...). Mais en matière internationale, après un discours tiers-mondiste prononcé à Mexico, François Mitterrand plaide devant le Bundestag allemand, le 20 janvier 1983, pour la fermeté face aux Soviétiques qui installent des missiles SS20 dirigés vers l'Europe occidentale : « Les fusées sont à l'est, les pacifistes à l'ouest !... ».

Au Moyen-Orient, il prend parti pour Saddam Hussein dans le conflit qui l'oppose à l'Iran, d'où une vague d'attentats organisés en sous-main par les services secrets iraniens.

– Le choc des réalités (1983-1986)

Affaiblie par une augmentation brutale des dépenses publiques de 25%, l'économie montre très vite des signes de faiblesse. L'état de grâce appartient au passé...

Le 22 mars 1983, le président impose un changement de cap radical et, l'année suivante, le 17 juillet 1984, confie la direction du gouvernement à Laurent Fabius (38 ans), plus jeune Premier ministre depuis Decazes, sous le règne de Louis XVIII.

 

La progression du chômage, la spéculation financière, les attentats pro-palestiniens, l'agitation indépendantiste en Nouvelle-Calédonie et les scandales (affaire Rainbow Warrior) entraînent un net retournement de l'opinion. À la veille des élections législatives de 1986, la défaite de la gauche paraît inéluctable et les affiches du parti socialiste avertissent : « Au secours, la droite revient ! »

A Verdun, en 1984, François Mitterrand et Helmut KohlFrançois Mitterrand limite les dégâts en poussant sur le devant de la scène un meneur d'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen. Par ailleurs, en quête d'un électorat de rechange, il fait le choix de courtiser la jeunesse déracinée des quartiers ethniques.

Ainsi est créée l'association SOS Racisme, avec un slogan attachant mais pernicieux : « Touche pas à mon pote ! ». En prônant la solidarité de clan à rebours des principes démocratiques (tous les citoyens sont égaux devant la loi), ce slogan préfigure le repli communautaire et la ségrégation raciale du XXIe siècle.

Comme prévu, les élections législatives du 16 mars 1986 se soldent par une victoire de la droite.

Jacques Chirac devient le Premier ministre de François Mitterrand. C'est la première cohabitation de la Ve République entre un président et un Premier ministre de bords opposés.

D'emblée, le président affirme son ascendant sur le Premier ministre imposé par la droite, Jacques Chirac. Les maladresses de celui-ci entraînent deux ans plus tard, en 1988, sa réélection triomphale.

Sous la pression de l'opinion, François Mitterrand appelle son ennemi intime, Michel Rocard, à la tête du gouvernement et promet un semblant d'ouverture au centre.

Malgré une majorité relative au Parlement et la mauvaise volonté du président, le Premier ministre mène au pas de charge les principales réformes de l'ère Mitterrand. Il pacifie la Nouvelle-Calédonie. Il instaure la CSG, un impôt sur l'ensemble des revenus, et le RMI, une allocation de survie destinée aux « nouveaux pauvres », victimes de la crise des années 80.

François Mitterrand, prenant acte de la chute du mur de Berlin, accepte la réunification des deux Allemagnes sous réserve de la reconnaissance officielle par les Allemands des frontières héritées de 1945 et du sacrifice du deutsche Mark au profit d'une monnaie européenne commune. C'est ainsi qu'est signé le traité de Maastricht le 7 février 1992.

En 1993, première année de récession depuis la Libération, la gauche subit une défaite écrasante aux élections législatives. La droite revient au pouvoir avec, cette fois, Édouard Balladur à l'hôtel Matignon (résidence du Premier ministre). Bénéficiant d'une popularité inattendue, le gouvernement modernise à tour de bras l'économie et accélère les privatisations. Il intervient aussi contre les Serbes de Milosevic qui oppriment la Bosnie-Herzégovine.

Au bilan, le deuxième septennat est marqué par la réorientation du projet européen vers des objectifs économiques : marché unique des marchandises et des capitaux, monnaie unique. Il est surtout affecté par des bouleversements géopolitiques (chute du mur de Berlin, guerres en Yougoslavie) et l'effondrement de l'Afrique post-coloniale (génocide au Rwanda).

La présidence de François Mitterrand se termine dans un climat maussade tissé de désillusions, entre une gauche qui a perdu ses repères idéologiques et moraux et une droite minée par le combat des chefs.

À gauche comme à droite, son départ est accueilli avec soulagement... Une décennie plus tard, l'opinion publique, confrontée au bilan piteux de son successeur Jacques Chirac et oublieuse du passé, n'en hissera pas moins l'ancien président sur le podium de ses personnalités préférées !

Publié ou mis à jour le : 2021-05-10 13:33:28
Bernard (10-05-2021 08:28:02)

Le bilan des deux présidences Mitterrand est terrible : dilution de la France dans un vaste ensemble européen sur lequel les Français n’ont pratiquement plus aucune prise (Maastricht), généralisation de la corruption à tout le territoire grâce à la décentralisation (Urba), mise en cause de valeurs sociétales séculaires (mariage, liberté d’enseignement), attaques contre des libertés publiques fondamentales (permis à points), immigration galopante et explosion concomitante de l’insécurité, islamisation de la société, destruction de l’homogénéité ethnique et culturelle de la population, ferment de guerre civile, gestion déplorable de la réunification allemande, nationalisations ruineuses (à 100%), déplacement (et non comme on le dit souvent suppression) de la peine de mort avec dislocation de l’échelle des peines, endettement colossal et durable du pays, dislocation de l’esprit de la Vème république (instauration de la proportionnelle, cohabitation), retraite à 60 ans financée par la dette, etc. On n’en finirait pas d’égrener les points négatifs, certains irréversibles. En face, les aspects positifs sont bien minces : une certaine libération des ondes et de la TV, la 5ème semaine de congés payés (non financée), les 39 heures (idem), le Grand Louvre et une gestion correcte de la première guerre du Golfe. C’est tout, et bien peu pour justifier les centaines d’avenues et de places à son nom dans tout le pays et le culte dont il fait l’objet.

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