Le 22 septembre 1980, l'Irak laïc du dictateur Saddam Hussein attaque l'Iran islamique de l'imam Khomeyni, avec les encouragements des Occidentaux, des Soviétiques et bien sûr des autres pays arabes. Les uns et les autres veulent profiter de l'affaiblissement apparent du régime khomeyniste pour lui donner le coup de grâce. L'Iran ne trouve pour seul allié que l'État d'Israël.
La guerre durera huit ans et fera plusieurs centaines de milliers de morts, essentiellement parmi les soldats. Elle aura pour principal effet de ressouder le peuple iranien autour des mollahs ainsi que de relancer le conflit pluriséculaire entre Perses et Arabes, chiites et sunnites.
De la provocation à l'agression
Le dictateur irakien accuse son voisin de diverses provocations, y compris un attentat contre son ministre des affaires étrangères, le chrétien Tarek Aziz. Il revendique aussi quelques îles dans la voie fluviale du Chat al-Arab qui débouche sur le golfe Persique. Il prétend également porter secours aux minorités arabophones de la province iranienne du Khouzistan.
Plus sérieusement, Saddam Hussein veut profiter des luttes entre factions iraniennes pour abattre le régime de Khomeyni. Il craint une contagion de l'intégrisme chez les musulmans chiites de son pays.
Son agression est discrètement approuvée par les États-Unis, mortifiés et humiliés par la prise d'otages de leur ambassade de Téhéran, par l'Europe qui craint la montée de l'islamisme à ses portes, et par l'URSS qui fait face à une rébellion islamiste en Afghanistan, ainsi que par les monarchies arabes du Golfe qui voient les Iraniens, ou Persans, comme des ennemis traditionnels.
L'Iran est soutenu en sous-main par Israël, en conflit comme lui avec les Arabes. Comme toujours en pareil cas, la guerre est prévue pour se régler en dix jours. Mais en réveillant le nationalisme persan face à l'ennemi arabe, la guerre ressoude très vite les Iraniens autour du gouvernement de Khomeyni. Dépités par l'insuccès de leur allié, les États-Unis intensifient leur soutien à l'Irak et convainquent la France de François Mitterrand d'en faire autant.
Quand Saddam Hussein recourt à des armes chimiques (gaz sarin et gaz moutarde) contre les soldats iraniens, personne ne bronche dans le camp occidental bien que ces armes soient formellement interdites par les conventions internationales (on consentira à s'en souvenir seulement quand elles seront employées en Syrie en 2013).
Le conflit va durer huit ans en faisant plusieurs centaines de milliers de morts (le chiffre officiel de 1,2 million de morts est toutefois exagéré)... Un bilan sans commune mesure avec tout autre conflit du Moyen-Orient, y compris le conflit israléo-palestinien.
La tuerie se solde au bout du compte par un retour au statu quo ante et un net durcissement de la dictature irakienne.
La République islamique d'Iran, qui s'épuisait dans les querelles intestines à la veille de la guerre, se renforce à la faveur de celle-ci, les Iraniens faisant bloc autour de leur gouvernement et de leur armée face à l'ennemi héréditaire : les Arabes sunnites. La présidence américaine de Ronald Reagan est au passage affectée par le scandale de l'Irangate, une livraison illicite d'armes à l'Iran, en dépit de l'embargo sur ce pays.
À Bagdad, Saddam Hussein, isolé par le pouvoir absolu et l'absence d'opposition internationale, dérive vers de dangereuses pratiques. Le dictateur massacre les chiites du sud irakien, favorables à leurs coreligionnaires iraniens. Il met au pas les montagnards kurdes du nord, qui n'en finissent pas de se battre entre eux ou contre leurs voisins.
Le dimanche 16 mars 1988, il emploie des gaz de combat contre ses propres sujets, dans la ville kurde de Halabja, en violation de toutes les conventions internationales. Cet acte commis avec les armes chimiques fournies par les industriels occidentaux suscite une protestation molle de la part des démocrates. Pour Saddam Hussein, l'horizon se gâte lorsqu'il entreprend l'invasion du Koweit.
Dès avant le conflit Irak-Iran, la France s'est rangée aux côtés de l'Irak. En septembre 1974, le Premier ministre Jacques Chirac rencontre Saddam Hussein, lequel fait figure de despote éclairé et modernise son pays à marches forcées en usant de colossales recettes pétrolières.
Un accord est signé le 18 novembre 1975 par lequel la France apporte à l'Irak son savoir-faire en matière nucléaire. Elle lui livre dès 1981 quatorze kilogrammes d'uranium 235 (quelques mois plus tard, les Israéliens se font un devoir de bombarder le réacteur Osirak avec lequel les Irakiens se préparaient à accéder au statut de puissance nucléaire !).
Dans les années 1980, sous la présidence de François Mitterrand, elle continue plus que jamais d'alimenter l'Irak en armements lourds, notamment des avions Super Etendard et des missiles Exocet utilisés contre un terminal pétrolier iranien. Cet engagement lui vaut d'être meurtrie par une vague d'attentats auxquels sont associés les services secrets iraniens (assassinat de l'ambassadeur Delamare et explosion de l'immeuble « Drakkar » à Beyrouth, attentats de la rue Copernic, du magasin Tati, de la rue des Rosiers... à Paris).
Vos réactions à cet article
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LEVY (19-09-2021 15:35:13)
Irak de Saddam Hussein
Etat d'une laïcité un peu particulière
Saddam a fait ajouter un verset en arabe à son drapeau
qui connaît sa signification?
GALLET (22-09-2016 17:50:13)
La photo des 4 Sadam Hussein est-elle un gag?