Le 4 novembre 1979, en pleine révolution islamique, près de 400 étudiants iraniens se dirigent vers l'ambassade américaine de Téhéran. Ils réclament l'extradition du chah, qui a fui aux États-Unis près d'un an plus tôt.
Quelques diplomates parviennent à s'enfuir mais 52 ressortissants américains sont pris en otage dans leur ambassade et vont le rester pendant 444 jours.
Quelques mois après le renversement du régime monarchique et la fuite du chah Mohammad Reza Pahlavi aux États-Unis le 16 janvier 1979, l'ayatollah Khomeini proclame l'avènement de la République islamique d'Iran. Fervent détracteur des États-Unis, il exhorte son peuple à manifester contre ce pays qu'il surnomme le « Grand Satan ». L'anti-américanisme imprègne tous ses discours. Le 2 novembre 1979, il déclare que les États-Unis sont un « ennemi de l'islam ».
Dimanche 4 novembre 1979, le temps est maussade sur la capitale iranienne. Près de 400 jeunes étudiants islamistes se réunissent vers 10h. Ils marchent vers l'ambassade américaine tout en réclamant l'extradition du chah, qu'ils veulent condamner à mort.
Les marines qui protègent l'ambassade ne font pas le poids face à la foule qui, après deux heures de siège, parvient à franchir le mur d'enceinte du bâtiment. Le drapeau américain est remplacé par l'étendard de l'islam.
Certains diplomates parviennent à s'enfuir, mais 52 Américains restent pris au piège. Le président américain Jimmy Carter ne réagit qu'en imposant des sanctions économiques à l'Iran. Rien ne se passe. Cinq mois plus tard, le 24 avril 1980, il lance l'opération Eagle Claw en vue de délivrer ses ressortissants par la force.
C'est un fiasco total. Parmi les hélicoptères engagés, plusieurs tombent en panne dans le désert. Huit militaires trouvent la mort dans une évacuation précipitée. Humiliés et mortifiés, les gouvernants américains ne vont dès lors avoir de cesse de combattre la République islamique, jusqu'à encourager le dictateur irakien Saddam Hussein à attaquer l'Iran en septembre 1980.
Par une ultime provocation, les otages seront en définitive libérés par la voie diplomatique le 20 janvier 1981, le jour même de l'accession à la présidence des États-Unis de Ronald Reagan.
Hormis les militaires tués dans l'opération commando, la prise d'otages n'aura fait aucune victime américaine. Cette humiliation va néanmoins entretenir jusqu'à nos jours, un vif désir de revanche dans l'opinion publique américaine. Grâce à quoi le gouvernement de Washington pourra multiplier les gestes hostiles à l'égard de Téhéran, en parfaite collusion avec l'Arabie séoudite...
Dans son film Argo (2012), le réalisateur américain Ben Affleck raconte une petite partie de l'histoire de la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran. Il a choisi de faire un focus sur l'extradition de six diplomates ce 4 novembre 1979, qui ont pu gagner l'ambassade du Canada.
C'est parce qu'une histoire vraie, rocambolesque, a attiré son attention. Pour parvenir à exfiltrer les six diplomates d'Iran, la CIA les a fait passer pour l'équipe d'un film de science-fiction, Argo, venue sur les lieux en repérage.
Mais l'ambassade du Canada a mal reçu le film qui, selon elle, déforme la réalité historique en accordant tout le mérite de ce sauvetage, auquel elle a activement participé, à un agent de la CIA (Antonio Mendez, joué par Ben Affleck).
La critique, par contre, a elle très bien reçu le film. L'année de sa sortie, Argo a rafflé trois Oscars dont celui de meilleur film.
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