13 avril 1975

Début de la guerre civile au Liban

Le 13 avril 1975 débute la guerre civile au Liban. En une quinzaine d'années, elle va complètement transformer la physionomie de ce pays, seul pays arabe qui fut démocratique et à majorité chrétienne, qualifié non sans raison de « Suisse du Proche-Orient ».

Bien que locale, cette guerre apparaît a posteriori comme le chaînon qui relie le conflit israélo-arabe à l'émergence de l'islamisme (Téhéran, 1978) et à la relance du conflit entre musulmans sunnites et chiites (Irak-Iran, 1980).

André Larané

Perte de souveraineté

Le drame libanais est venu en effet de l'installation de plusieurs centaines de milliers de réfugiés palestiniens au sud du pays et dans les camps de la banlieue de Beyrouth. Leur arrivée a bousculé les équilibres démographiques entre les communautés libanaises au détriment des chrétiens maronites, jusque-là clairement majoritaires.

Dans les mois qui suivent la guerre des Six Jours de juin 1967 et l'arrivée en nombre de nouveaux réfugiés au Liban, des combattants palestiniens ou fedayine investissent bruyamment les rues de Beyrouth, arme au poing.

Le gouvernement du général Chéhab n'ose pas les désarmer comme le fera dans une situation similaire le roi Hussein de Jordanie en septembre 1970. Au contraire, par un accord signé en novembre 1969 au Caire, sous l'égide du président Nasser, il place les camps de réfugiés sous l'autorité de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et autorise les mouvements armés palestiniens à se déplacer dans le pays et même lancer à partir du Liban des attaques contre Israël.

De lassitude, le Parlement libanais valide l'accord sans en connaître les clauses secrètes. Par ce renoncement, l'État libanais sacrifie sa souveraineté et ouvre la voie à la guerre civile. Celle-ci ne va pas tarder d'autant que l'accord du Caire encourage les fedayine de Jordanie, chassés par le roi Hussein, à se replier sur le Liban et renforcer le poids militaire de l'OLP...

Les chrétiens à l'épreuve

Pierre Gemayel, fondateur des Phalanges libanaises (6 novembre 1905 ; 29 août 1984, Bikfaya, Liban)Le matin du 13 avril 1975, à Beyrouth, dans le quartier de Aïn el-Remmaneh, on consacre la nouvelle église Notre-Dame de la Délivrance, en présence de Pierre Gemayel, chef des Kataëb (le parti chrétien des Phalanges libanaises).

C'est alors qu'au moment où les fidèles sortent de l’église, une voiture force le cordon de gendarmerie et ses quatre occupants tirent sur la foule en criant : « Nous sommes des combattants palestiniens ».

Ils tuent quatre personnes, dont un garde du corps de Pierre Gemayel, et en blessent sept.

En début d'après-midi, par inadvertance ou provocation, un autobus chargé de fedayine palestiniens passe par Aïn el-Remmaneh.

De retour d'une parade militaire à Sabra, il ramène ses passagers au camp de Tal-Zaatar. Il est aussitôt pris sous le feu des phalangistes et vingt-sept Palestiniens sont tués.

Le quartier chrétien d'Aïn el-Remaneh (Beyrouth) sous les bombes (avril 1975)Peu après, les fedayine répliquent en envoyant des obus sur le quartier d'Aïn el-Remmaneh.

Il s'ensuit une guérilla urbaine. Elle dégénère en guerre civile après le massacre des chrétiens de Damou en janvier 1976, les milices phalangistes chrétiennes affrontant les milices palestiennes établies dans le pays puis les milices chiites. Au total, en une quinzaine d'années, elle va faire 200 000 morts et accélérer l'exode des chrétiens vers des cieux plus cléments.

Interventions étrangères

Les désordres civils, qui s'accompagnent de bombardements sur le nord d'Israël, entraînent l'intervention de l'État hébreu dans le cadre de l'opération « Paix pour la Galilée » déclenchée le 6 juin 1982.

Bachir Gemayel, qui a succédé à son père à la tête des Phalanges libanaises, est élu à la présidence de la République avec l'intention de faire la paix avec Israël et tisser un compromis avec les Palestiniens.

Mais les Syriens, qui suivent également de très près les affaires libanaises, ne lui en laissent pas le temps et le font assassiner le 14 septembre 1982. En guise de représailles, ses partisans massacrent les Palestiniens des camps de Sabra et Chatila dans la nuit du 17 au 18 septembre 1982 sans que les troupes israéliennes les en empêchent.

Après quatre décennies de guerres civiles, d'interventions étrangères, d'afflux de réfugiés (Palestine, Syrie) et d'émigration, les chrétiens sont devenus minoritaires et ne représentent plus qu'à peine un quart de la population libanaise. Ils voient leur prééminence contestée par les autres communautés et en particulier les musulmans chiites du Hezbollah, (en arabe, le « Parti de Dieu »), un parti affidé à l'Iran.

Les chiites endurent quant à eux la pression des sunnites et notamment des islamistes de l'État islamique et d'al-Qaida (41 morts dans l'attentat qui a frappé un quartier chiite de Beyrouth le 12 novembre 2015).

Publié ou mis à jour le : 2019-05-28 12:44:18

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