9 novembre 1970

Mort du général de Gaulle

Le 9 novembre 1970, à 19h15, Charles de Gaulle meurt paisiblement dans sa maison de La Boisserie, à Colombey-les-deux-Églises (Haute-Marne). Il est pris d'un malaise en faisant une réussite aux cartes.

Dignité

L'ancien président de la République était né près de 80 ans plus tôt, le 22 novembre 1890, à Lille. Il s'était retiré avec panache de la vie politique le 28 avril 1969, à la suite d'un référendum perdu.

Renonçant à son traitement en qualité de membre du Conseil constitutionnel, il avait alors pris le temps de découvrir l'Irlande, la terre de ses arrière-grands-parents. Il avait aussi rencontré l'Irlandais Eamon de Valera et l'Espagnol Francisco Franco, survivants de la Seconde Guerre mondiale.

Conformément à sa volonté, il est inhumé le 12 novembre dans le cimetière de Colombey, auprès de sa chère fille Anne (1928-1948). Son cercueil est porté par des jeunes villageois au milieu d'une foule immense et recueillie mais en l'absence de tout officiel.

À Notre-Dame-de-Paris a lieu au même moment une grande cérémonie de recueillement où se pressent des chefs d'État et de gouvernement venus du monde entier en plus grand nombre que jamais.

Deux ans après la mort du général de Gaulle, le 18 juin 1972, une Croix de Lorraine monumentale a été érigée au-dessus du village de Colombey. À son pied, un passionnant Mémorial accueille les touristes et pèlerins depuis 2008.

Colombey-les-Deux-Églises 

En 1934, le lieutenant-colonel Charles de Gaulle achète en viager la Boisserie. C'est une grosse maison en assez mauvais état à la sortie du village de Colombey-les-Deux-Églises (500 habitants), entre Saint-Dizier et Chaumont (Haute-Marne), à mi-chemin entre Paris et Strasbourg, avec un parc de 2,5 hectares.

En ce lieu calme, au plus près de ses affectations à venir, il espère que sa fille trisomique Anne, née en 1928 et lourdement handicapée, y trouvera le bon air nécessaire à son bien-être.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la maison est occupée et pillée par les troupes allemandes.

La Boisserie, maison du général de Gaulle, à Colombey-les-Deux-Églises, avec à l'arrière-plan, le Mémorial et la Croix de Lorraine (Haute-Marne), photo : André Larané, 2011

Après la guerre, en mai 1946, la Boisserie devient la résidence principale de la famille de Gaulle qui lui ajoute une petite tour d'angle. Dans ce refuge paisible, le général peut se consacrer à la lecture, sa distraction favorite, et à la rédaction de ses Mémoires de guerre. C'est là aussi qu'il se retire après sa démission, le 28 avril 1969... et entame la rédaction de ses Mémoires d'espoir.

Le bureau du général de Gaulle à La Boisserie (Colombey-les-deux-Églises), photo : Mémorial De GaulleLa maison est toujours la propriété de la famille mais le rez-de-chaussée est ouvert à la visite et permet de découvrir le cadre de vie du général, la salle à manger ainsi que le bureau, avec sa vue splendide sur la campagne champenoise, ses prairies et ses bois.

Parmi les souvenirs personnels qui sont exposés, le plus émouvant est une Pieta offerte à Yvonne de Gaulle par Konrad Adenauer lors d'une visite les 14-15 septembre 1958, quelques semaines tout juste après l'accession du général de Gaulle à la tête du gouvernement. 

Le chancelier allemand fut le seul chef d'État reçu à la Boisserie. Le cadeau à son hôtesse signifiait qu'il était temps que Français et Allemands se reçoivent les uns chez les autres en amis. Yvonne de Gaulle s'était prêtée au jeu à contrecoeur : « En tout cas, on ne change rien au menu ; et on mangera dans la vaisselle detous les jours. »

Notons que la Boisserie n'est pas classée monument historique et ne reçoit aucune subvention publique.

Scandale 

Quelques jours avant le décès de Charles de Gaulle, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970, un terrible incendie avait ravagé un dancing, le Cinq-Sept, à Saint-Laurent-du-Pont, dans l'Isère, faisant 146 victimes.

L'émotion soulevée par ce drame immense retombe brutalement à l'annonce de la mort du Général, ce qui vaut au magazine satirique L'hebdo Hara Kiri d'être condamné pour avoir fait sa couverture avec ce titre sacrilège : Bal tragique à Colombey : 1 mort.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2019-12-20 14:19:25

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