Le 4 septembre 1970, le socialiste Salvador Allende est élu président de la République du Chili. Il n'obtient cependant que 37% des voix avec une coalition fragile qui va du centre à l'extrême-gauche maoïste. Le reste des voix se partage entre ses deux adversaires de droite.
L'hostilité de l'opposition au président ne cessera de se renforcer jusqu'à sa mort tragique, trois ans plus tard…
De la droite réformiste à la gauche révolutionnaire
Le 26 février 1964, Eduardo Frei, candidat démocrate-chrétien, est élu à la présidence de la République sur un programme réformiste qui a les faveurs de l'Église (partage des terres, nationalisation des mines de cuivre qui font la richesse du pays...). Il établit aussi des relations diplomatiques avec Fidel Castro.
Ses réformes entraînent une surenchère à gauche où se développent des mouvements révolutionnaires violents d'inspiration guévariste, trotskyste ou maoïste, tel le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire).
Salvador Allende prend la tête d'une coalition de gauche, l'Unité populaire (UP), qui va du parti radical (centre réformiste) à cette extrême gauche révolutionnaire en passant par les communistes. Le parti socialiste de Salvador Allende se situe lui-même plus à gauche que le parti communiste et aspire à rien moins qu'à la rupture avec le capitalisme.
Le 4 septembre 1970, il est élu à la présidence de la République avec 36,3% des suffrages, face à deux candidats de droite : le candidat du Parti national (35% des suffrages) et le démocrate-chrétien (27,8% des suffrages), lâché par le patronat et les États-Unis qu'ont irrités les réformes d'Eduardo Frei.
En l'absence de majorité absolue, la Constitution confie au Sénat le soin d'arbitrer l'élection. C'est ainsi que les sénateurs démocrates-chrétiens joignent leur voix à la gauche pour valider l'élection de Salvador Allende. Ils espèrent la poursuite des réformes d'Eduardo Frei dans le respect des règles démocratiques.
Pour la première fois, un marxiste accède par les urnes à la tête d'un pays d'Amérique latine. C'est un électrochoc dans l'opinion internationale et en particulier dans la gauche française, où l'on se prend à rêver à l'impensable : l'établissement d'une société communiste par la voie constitutionnelle.
En dépit d'un électorat minoritaire et d'une coalition hétérogène, les premiers mois du nouveau président sont euphoriques. La nationalisation des mines de cuivre, engagée par le précédent président, est votée à l'unanimité. Considérant les profits exorbitants réalisés par les anciens propriétaires, les parlementaires s'abstiennent de les indemniser. Les autres grandes entreprises du pays sont également nationalisées. La réforme agraire est menée à son terme. Les salaires sont augmentés et les prix bloqués.
Ces mesures sociales de Salvador Allende sont toutefois jugées trop modérées par l'extrême-gauche révolutionnaire (MIR), qui s'engage dans l'action violente...

Vos réactions à cet article
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Erik (06-09-2016 08:35:02)
Il est tout-à-fait révélateur des basculements d'opinion que de lire et relire les commentaires de lecteurs de 2006 et ceux de 2013, à peine 7 ans plus tard. Nul doute que ceux d'aujourd'hui en 2016 s... Lire la suite
GALLET (05-09-2016 18:03:02)
Excellent résumé de ce qu'on peut maintenant appeler l'aventure Allende. Quelques erreurs de date dans le commentaire des deux premières photos.
dIogenes (12-11-2013 13:14:56)
Malgré le dégout qu'i,spire Pinochet et sa clique, peut-on réellement plaindre Allende? Son parti-pris gauchiste de fils de riche riche vieux briscard du "politique" en révolte adolescente ... Lire la suite
Philippe Marquette (19-09-2013 09:47:55)
C'est compliqué de mesurer ce qui se passe dans un pays comme le Chili avec une sensibilité française pétrie depuis la plus tendre enfance par l'idéologie que l'on sait. Castro et surtout Guevara figu... Lire la suite
Marc Mayer (14-09-2013 21:54:24)
En mai 1974 j'ai fait un séjour d'environ une semaine au Chili, c'est-à-dire environ 8 mois après le putsch et le sentiment de délivrance. de fin d'un cauchemar était encore palpable dans la rue. J'ai... Lire la suite
Piloulechat (12-09-2013 14:26:41)
Encore bravo à Hérodote pour cette excellente synthèse. Pion de la CIA contre pion du KGB, chacun choisit ce qui lui semble le moindre mal, puisqu'il n'y a presque jamais de "meilleure" sol... Lire la suite
philippe (12-09-2013 09:13:17)
Bonjour Je peux entendre "une longue nuit" a propos de la période Pinochet, mais comme pour le général Franco et l'espagne en 36 il ne faut pas oublier que ce qu'ils ont évité à leur pays n... Lire la suite
Diogenes (11-09-2013 20:16:11)
Une longue Nuit SANS Maoïste et autres Sentiers Lumineux au pouvoir....! Ils n'auraient pas laissé longtemps le pouvoir aux modérés réformistes et auraient comme PARTOUT ailleurs copié la révolution ... Lire la suite
JDOURI (29-09-2006 12:19:29)
Je voudrais rejoindre Pauline dans sa remarque , car effectivement , les mége-puissances de ce triste bas-monde ont une facheuse tendance a occulter des parties de l'histoire telle que celle du regret... Lire la suite
pauline (12-09-2006 12:56:35)
Les médias européens (et pas seulement les médias d'ailleurs) relayent effectivement un peu trop ce tragique événement du 11 septembre 2001. Cependant hier soir sur Arte était diffusée une série de courts métrages assez bien faits : l'un d'entre eux parlait du 11 septembre 1973 et dénonçait, comme vous le fait, l'oubli dans lequel on a tendance à le mettre... maigre consolation certes mais c'est déjà ça...
philippe (11-09-2006 07:02:21)
Je me souviens, comme si c'était hier, de la mort tragique survenue le 11 septembre 1973 au Chili où un grand défenseur des libertés démocratiques a été assassiné avec la connivence des Services des r... Lire la suite