15-18 août 1969

Le festival de Woodstock

Du 15 au 18 août 1969 se tient dans une prairie de l'État de New York un festival de musique plus ou moins improvisé. Il  réunit près de 500 000 jeunes Américains, dix fois plus qu'attendu. Ces jeunes gens issus des classes moyennes se qualifient d'hippies. Désireux de se libérer des codes sociaux et de vivre leurs rêves, ils sont à la pointe du combat pacifiste contre l'intervention américaine au Vietnam. Leur mot d'ordre, plein de naïve fraîcheur, a été inventé dès 1963 : Make love, not war (« Faites l'amour, pas la guerre »).

Trois semaines après l'exploit lunaire de Neil Armstrong et Edwin Aldrin, ce festival dit « de Woodstock » clôt sur des rythmes rock, folk, soul ou blues la période la plus faste des États-Unis...

Fabienne Manière

John Sebastian à Woostock (New York) en 1969

Une révolution des mœurs portée par la jeunesse

Au départ, les jeunes organisateurs de ce festival souhaitaient réunir les vedettes de la chanson pour une manifestation non-violente et joyeuse contre le président Richard Nixon et la guerre... Ils ne se doutaient sans doute pas que le président des États-Unis avait déjà engagé la désescalade et se disposait à retirer dès que possible ses troupes du Vietnam.

Les organisateurs Michael Lang et Artie Kornfeld espèrent donc accueillir jusqu'à cinquante mille personnes en un lieu dénommé Woodstock, dans les collines des Catskills, près de New-York, pour écouter. Mais quelques semaines avant l'événement, les riverains, effrayés, multiplient les pétitions et s'opposent au festival...

En catastrophe, les organisateurs arrivent à louer une prairie de 300 hectares appartenant au fermier Max Yasgur, sur  la commune de Bethel, à une centaine de kilomètres de Woodstock, pour la somme conséquente de 50 000 dollars. C'est donc là que se tiendra en définitive le festival. 

La publicité promet : « Trois jours de paix et de musique. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire l'air pur ». Elle va tenir ses promesses et plus encore, à quelques détails près. Côté air pur, celui-ci aura des parfum vaporeux et troubles, car les marchands seront aussi au rendez-vous et, en toute impunité, écouleront leurs drogues, de la plus commune, la marijuana, à la plus en vogue, le LSD inventé par le chimiste Albert Hofmann et promu par Timothy Leary. Il sera difficile par ailleurs de se faire bronzer car la pluie va très vite s'inviter au festival et ne plus le quitter, jusqu'à transformer la prairie en mare boueuse.

Le festival de Woodstock, 15-18 août 1969À l'approche du jour fatidique, l'affluence grandit aux entrées du terrain et l'on compte bientôt près de cinquante kilomètres d'embouteillages. Un record ! Certains festivaliers abandonnent leur véhicule sur place et gagne à pied la terre promise. Tout cela dans une ambiance bon enfant. Les organisateurs, débordés, ne peuvent bientôt plus contenir la foule et renoncent à vendre et contrôler les tickets d'entrée (7 dollars par festivalier). La foule envahit donc le terrain sans payer, ce qui va se traduire par un trou béant dans les comptes du festival. Les musiciens eux-mêmes ayant des difficultés à atteindre la scène, l'ouverture du festival doit être retardée de plusieurs heures...

Les uns et les autres, garçons et filles, vont dormir sur place, dans la boue, et semble-t-il, beaucoup ne vont pas seulement se contenter de dormir... Faute de ravitaillement en quantité suffisante, l'armée américaine va être appelée à la rescousse par les gentils pacifistes et opposants à la guerre. Des hélicoptères vont ainsi larguer sur la foule des caisses de sandwiches pendant ces trois jours de folie. Aucun drame à déplorer, si ce n'est deux décès par overdose. À côté de cela, on enregistrera deux naissances.

Au final, la scène, très correctement sonorisée, va voir se succéder trente-deux groupes réunissant tout ce que l'Amérique compte de chanteurs et musiciens pop. Les plus grands ont répondu présent : Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joan Baez, Joe Cocker, les Who, Carlos Santana ou encore Sly and the Family Stone... Le mieux payé est Jimmy Hendricks avec un cachet de 18 000 dollars, tandis que Carlos Santana se satisfait de 750 dollars. Quelques absents de marque : Jimmy Morrison n'a pas pu venir car il est interdit de séjour aux États-Unis. Les Rolling Stones n'ont pas été invités car jugés trop violents ! Enfin, Bob Dylan, le « pape » de la pop, s'est décommandé par crainte d'un attentat...

Le spectacle, aux dires des survivants, aura été des plus réussis. Il reste unique en son genre et dans son époque. Tant en 1994 qu'en 2019, les tentatives de rééditer Woodstock ont échoué, les jeunes Américains ayant désormais la tête non plus dans les étoiles mais ailleurs.

Source INA

Publié ou mis à jour le : 2021-06-19 17:52:26

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