Le 1er octobre 1968, le corps de Stephan Markovic, ancien garde du corps de l'acteur Alain Delon, est découvert enfoui dans une décharge publique à Elancourt (Yvelines). Dans une lettre envoyée quelques jours avant sa disparition, il écrivait : « S'il m'arrive quelque chose, il faut chercher du côté d'Alain Delon et de François Marcantoni, un vrai gangster ».
Rapidement, l'enquête dévie et s'intéresse aux soirées très chaudes qu'organisait Stephan (ou Stevan) Markovic à Saint-Tropez. Le journal d'extrême-droite Minute avance que le truand négociait très cher des photos compromettantes de ses invité(e)s, y compris la femme d'un homme politique de premier plan. Le nom de Claude Pompidou, épouse aimante du Premier ministre, est jeté en pâture avec même une photo à l'appui qui la montre en compagnie de Markovic et de calls-girls...
Georges Pompidou, tardivement informé, prend conscience d'une manipulation montée contre lui par ses rivaux du parti présidentiel qui affûtent leurs couteaux en vue de la succession du président Charles de Gaulle. Il en est profondément affecté, cela d'autant plus que le général de Gaulle semble lui-même prêter l'oreille à la rumeur. En 1969, quand il accède enfin à la présidence, il obtient le départ sur-le-champ de Jean-Charles Marchiani, agent secret dont il pense (à tort) qu'il est à l'origine de la photo truquée de sa femme.
La Brigade mondaine (aujourd'hui Brigade de répression du proxénétisme) découvrira que la photo venait d'une revue pornographique suédoise sur laquelle on avait collé le visage de Madame Pompidou. Le dossier, lourd de 60 000 pages, se dégonfle très vite et en 1976, un arrêt de la chambre d'accusation conclut qu'« aurait fallu chercher ailleurs. » Trop tard pour Pompidou, mort le 2 avril 1974 d'une longue maladie dont il est certain qu'elle a été aggravée par les tourments liés à cette affaire...
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