Le 21 janvier 1968, au plus fort de la guerre du Vietnam, l'armée nord-vietnamienne lance un brutal assaut contre la base américaine de Khé Sanh, près de la piste Hô Chi Minh et de la frontière laotienne. Les Américains craignent que leurs adversaires ne veuillent rééditer l'exploit de Diên Biên Phu et dépêchent sur place des renforts terrestres et aériens. Ce faisant, ils dégarnissent le reste du pays...
C'était l'effet recherché par les Nord-Vietnamiens et les Vietcongs (communistes du Sud-Vietnam).
Dix jours plus tard, dans la nuit du 30 au 31 janvier 1968, ils profitent des festivités du Têt (fête du Nouvel An vietnamien) pour lancer une offensive générale.
Une centaine de villes sont simultanément assaillies par plusieurs centaines de milliers de combattants. À Saigon, aujourd'hui Ho-Chi-Minh-Ville, des commandos tentent de s'emparer de la radio et du palais présidentiel. L'ambassade américaine est elle-même assaillie. Hué, la capitale historique de l'Annam, tombe aux mains des Nord-Vietnamiens qui liquident pas moins de 3000 fonctionnaires et commerçants soupçonnés de collaboration avec le gouvernement de Saigon.
Mais les Sud-Vietnamiens et leurs alliés américains se ressaisissent rapidement. L'ancienne capitale impériale Hué doit en particulier être reconquise mètre par mètre. Elle est détruite en presque totalité. Au total, les Américains et leurs alliés sud-vietnamiens perdent quelques centaines d'hommes, beaucoup moins que les assaillants.
Échec militaire, l'offensive du Têt, menée en direct sous les caméras des journalistes occidentaux, n'en constitue pas moins pour les communistes un succès médiatique. Elle va relancer en effet dans tous les campus d'Occident les manifestations contre l'intervention des États-Unis dans cette guerre.
Une photo d'Eddie Adams (Prix Pulitzer 1966) va bouleverser l'opinion occidentale. Prise devant l'hôtel du photographe le 1er février 1968, elle montre le chef de la police de Saigon (Nguyễn Ngọc Loan) abattant un captif vietcong. C'est à première vue une illustration du caractère brutal de la guerre menée par les Sud-Vietnamiens et leurs alliés américains.
Mais le photographe lui-même révélera plus tard que la victime avait participé au massacre de plusieurs familles de policiers saigonnais, enfants compris. Il avait lui-même tué la propre fille du chef de la police... Rien n'est simple.
C'est un tournant dans la guerre.
Le président Johnson, discrédité et impopulaire, annonce le 31 mars qu'il ouvrira les négociations avec l'ennemi, qu'il suspend d'ores et déjà les bombardements et qu'il ne se représentera pas aux élections à venir, en novembre.
Richard Milhous Nixon, élu président des États-Unis dix mois plus tard, va amorcer la « désescalade » (retrait progressif des troupes américaines) et ouvrir à Paris des négociations de paix.
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Erik (20-05-2018 08:23:08)
Comme quoi, la stupidité estudiantine est un boulet qu'il nous faut subir depuis les philosophes.