Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1967, une greffe du cœur est effectuée pour la première fois au monde. L'événement se produit à l'hôpital Groote Schur du Cap (Afrique du Sud).
Du jour au lendemain, le professeur Christiaan Barnard (45 ans) devient mondialement célèbre. Ce chirurgien brillant, qui bénéficie au surplus d'un belle gueule d'acteur, s'est formé aux États-Unis avant de rentrer exercer dans son pays.
Son patient est un épicier juif lithuanien de 54 ans, Louis Washkansky, arrivé en Afrique du Sud en 1922. Il reçoit le cœur d'une jeune femme de 25 ans, Denise Darvall, en état de mort cérébrale après avoir été renversée par un camion.
Les reins de la jeune femme sont greffés à un garçon de dix ans. L'affaire suscite une controverse en Afrique du Sud, encore sous le régime de l'apartheid, car l'enfant est métis (coloured) et la donneuse blanche !
Louis Washkansky ne survit que 18 jours à l'opération. Il succombe à une simple infection pulmonaire suite à l'affaiblissement de ses défenses immunitaires.
Sans se décourager, le professeur renouvelle la tentative un mois plus tard sur un nouveau patient, le dentiste Philip Blaiberg. Celui-ci survit 18 mois ! On peut dès lors parler d'un incontestable succès.
Christiaan Barnard et son équipe ont bénéficié de ce que la législation sud-africaine était l'une des rares dans le monde qui reconnaissait la mort cérébrale. Ils ont pu ainsi prendre de vitesse l'Américain Norman Shumway qui avait déjà effectué des greffes sur des animaux et attendait en vain un donneur dont le coeur se serait arrêté de battre. Par décence, le professeur Barnard a toutefois attendu que le coeur de sa donneuse ait arrêté de battre pour le transplanter. Il a suffi de cinq heures avant qu'il recommence à battre dans la poitrine du receveur.
Toutes les équipes de chirurgie cardiaque du monde entier se sont engouffrées dans la voie ouverte par le Sud-Africain. Trois jours après la première greffe, le professeur Adrian Kandrowitz, au Maimonides Medical Center de Brooklin (New York), greffe un cœur sur... un bébé de 19 jours !
En France, la première greffe du cœur est effectuée le 27 avril 1968 par le professeur Christian Cabrol mais le patient ne survit que deux jours.
Très vite, grâce à une plus grande maîtrise technique et surtout à de meilleurs médicaments anti-rejets (comme la cyclosporine), les nouveaux greffés gagnent en délai de survie.
Le record a été d'abord détenu par un Français, Emmanuel Vitria, opéré le 27 novembre 1968 par le professeur Edmond Henri et décédé près de 20 ans plus tard. Il s'est offert le luxe de survivre à son chirurgien ! Il appartient pour l'heure à un Anglais, John Mc Cafferty, opéré en 1982 à 39 ans et décédé 33 ans plus tard, en 2016.
On compte déjà au début du XXIe siècle plusieurs dizaines de milliers de transplantations cardiaques.
Le professeur Chris Barnard, auréolé par son succès, est mort en septembre 2001 des suites d'une crise d'asthme, après avoir pris la nationalité grecque et changé deux fois d'épouse. Christian Cabrol est quant à lui mort le 16 juin 2017 à 91 ans...
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Yves (20-06-2017 19:14:11)
I.e. père Boulogne à été opéré par le prof Charles dubost à Broussais
siska (03-12-2014 21:53:48)
Jeune élève infirmière à l'hopital Saint Joseph de Paris, je peux vous dire que nous avons vibré de joie et d'émotion quand nous avons appris la nouvelle de la greffe de coeur effectuée par le professeur Cabrol.Il me semble qu'il s'agissait du Père Boulogne. Que de progrès depuis mais que de merveilleux souvenirs.
Merci de ces évocations qui font renaître d'agréables souvenirs.