18 août 1966 - 27 janvier 1968

Révolution culturelle en Chine populaire

Le 18 août 1966 débute la Révolution culturelle prolétarienne. Planifiée par Mao Zedong (73 ans), fondateur du régime communiste et de la Chine dite populaire, elle vise à restaurer son autorité sur le Parti communiste chinois (PCC) après l'échec dramatique du « Grand Bond en avant » (1958-1961).  

Alban Dignat

Vive la révolution permanente !

Scène de la révolution culturelle (1966-1976)Mao, qui est toujours le président du Parti, mobilise la jeunesse lycéenne de Pékin et Shangai contre le président de la République Liu Shaoqi et Deng Xiaoping. Officiellement, il s'agit de s'opposer à la routine bureaucratique du Parti et aux nouvelles inégalités : c'est l'idée de « révolution permanente ».

C'est l'aide droite du bureau du PCC qui est mise en accusation. Elle est accusée de « révisionnisme » et se voit reprocher de sacrifier l'idéologie aux impératifs du redressement économique. Deng Xiaoping est soumis à une rééducation forcée et Liu Shaoqi meurt en prison.

Emportés par leur élan, les jeunes de toutes conditions sociales se rassemblent sous l'étiquette de « Gardes rouges ». Cultivant avec délectation le culte de la personnalité, ils brandissent à tout va le portrait de Mao et le Petit livre rouge des Pensées du président Mao, un recueil de formules prudhommesques paru en 1964 que tout bon révolutionnaire se doit d'apprendre par coeur et répéter à tout propos.

Ils multiplient les réunions politiques et les rassemblements de masse, s'expriment par dazibaos (affiches manuscrites) et bousculent au sens propre et au sens figuré les institutions du pays.

Dans les deux années qui suivent, ils lynchent à mort leurs maîtres et les supposés « représentants de la bourgeoisie ». Ils saccagent aussi les temples, les monuments patrimoniaux ou encore les magasins en relation avec l'ordre ancien. Ils brûlent des livres anciens.

Humilié, le grand écrivain Lao She choisit de se suicider plutôt que de se rendre à une convocation de la police.

Fiasco meurtrier

La Révolution culturelle se solde par plusieurs millions de victimes.  Le 27 janvier 1968, Mao décide enfin de mettre fin à ses turbulences. Sur son ordre, le chef de l'armée Lin Biao expédie dix-sept millions de jeunes « Gardes rouges » dans les campagnes et les confie aux mauvais soins des paysans. Beaucoup deviendront du coup des opposants déterminés au maoïsme...

En septembre 1971, Lin Biao, connu comme l'auteur du Petit Livre Rouge et le dauphin de Mao, est, bien que malade, soupçonné par ce dernier de vouloir le renverser. Il s'écrase en avion en tentant de s'enfuir en URSS.

La mort de Lin Biao entraîne l'éviction des militaires du Parti. Mao se rallie à la ligne pragmatique incarnée par son Premier ministre Zhou Enlai et reçoit même le président américain Richard Nixon en février 1972. En août 1973, le Xe Congrès du PCC rappelle que « le Parti commande aux fusils ». Dans la foulée, l'ancien conseiller de Zhou Enlai, Deng Xiaoping, retrouve sa place de vice-Premier ministre.

Les troubles ne s'arrêtent pas pour autant. Ils se prolongent jusqu'à la mort de Mao, le 9 septembre 1976, du fait du conflit entre sa femme Jiang Qing, qui tente de relancer la Révolution culturelle, et le Premier ministre Zhou Enlai.

Aveuglement occidental

Malgré un bilan accablant et un profond recul de la Chine, qui ne pèse plus que 3 à 4% de l'économie mondiale dans les années 1970, la Révolution culturelle a durablement séduit une frange de la jeunesse estudiantine (et bourgeoise) d'Occident. Les « maoïstes » sont omniprésents par exemple dans les événements de Mai-68 à Paris.
Les représentants des droites européennes, comme Alain Peyrefitte et même Valéry Giscard d'Estaing, n'échappent pas à la « maolâtrie » ambiante ! Le premier publiera en 1973 un livre à succès en 1973 qui fait la part belle à Mao : Quand la  Chine s'éveillera, le monde tremblera... Et à la mort de Mao, le président Giscard déclarera qu’« avec la mort du président Mao Tsé-toung s’éteint un phare de la pensée mondiale ».

Publié ou mis à jour le : 2022-08-17 11:03:14
Le migou (17-08-2022 11:58:50)

Que des banalités. On voit que vous n'avez pas lu Simon Leys!!

Nuremberg (17-08-2022 11:38:57)

Et toujours pas de Nuremberg du communisme. Pour nos "élites" il y a toujours une bonne et une mauvaise dictature. La bonne est issue du communisme, la mauvaise affectée du vocable ductile de "fasciste" (supposément de droite).

jmrostand (04-04-2018 10:21:25)

La Vérité et l'objectivité sont en Histoire comme dans le journalisme au mieux des illusions au pire des falsifications, produites par ceux qui les assènent. Seuls la profondeur de la recherche s... Lire la suite

pierre (23-08-2016 18:03:34)

J'ai 87 ans et me souviens avoir tenu,par hasard!,entre mes mains le fameux petit livre rouge si prisé à l'époque et l'ai considéré comme un canular insipide...Hélas! je me trompais...Mon bon se... Lire la suite

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