Par les accords d'Évian et le « cessez-le-feu » du 19 mars 1962, le gouvernement français et ses adversaires du FLN (Front de Libération Nationale) ont mis fin à la guerre d'Algérie, non sans susciter un grand trouble dans la population « européenne » d'Algérie.
Celle-ci s'indigne de ce que le gouvernement ait cédé alors que l'armée avait gagné la guerre sur le terrain en anéantissant les troupes de l'ALN (Armée de Libération Nationale), branche armée du FLN dont les chefs étaient restés à l'abri des combats au Maroc ou en Tunisie.
Contrairement à ce que l'on pouvait espérer, les combats redoublent d'intensité avec un nouvel acteur, l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète).
Cette organisation terroriste créée le 11 février 1961 rassemble des activistes pieds-noirs et militaires qui, au nom de l'« Algérie française », veulent contraindre l'armée à rompre le cessez-le-feu. Appliquant la politique de terreur qui a si bien réussi au FLN, elle s'en prend à la troupe elle-même, considérée comme une « armée d'occupation ».
C'est ainsi que le 22 mars 1962, trois jours après le « cessez-le-feu », onze soldats sont tués dans un attentat de l'OAS. L'armée attaque aussitôt à l'arme lourde le quartier de Bab el-Oued où se sont repliés les activistes, faisant plusieurs dizaines de victimes.
Le drame
Le 26 mars 1962, en guise de protestation, une foule pacifique d'Européens, y compris des femmes et des enfants, se rend en cortège vers le quartier de Bab el-Oued pour protester contre son bouclage par l'armée française.
Dans la rue d'Isly, devant la grande Poste, un détachement de tirailleurs algériens de l'armée française, sous le commandement d'un jeune lieutenant kabyle, Ouchène Daoud, fait face aux manifestants. Ce sont des hommes habitués au combat dans le bled, pas au maintien de l'ordre en ville. Conscient de leurs limites, le général Ailleret, commandant de l'armée en Algérie, a donné l'ordre par écrit qu'ils ne soient pas engagés à Alger mais l'ordre n'a pas été transmis...
Épuisés et ne sachant plus trop à quel drapeau obéir, ces hommes sont nerveux et prêts à en découdre.
La tension est à son comble quand soudain un tirailleur lâche une première rafale. Pendant 12 minutes, c'est le carnage. Un homme supplie : « Halte au feu, mon lieutenant un peu d’énergie, halte au feu… Mon lieutenant, criez je vous en prie ! ». Les cris redoublent : « Halte au feu ! ». Mais rien n'y fait.
On relèvera officiellement plus de cinquante morts, dont deux fillettes de dix ans, et deux cents blessés.
Le soir même, s'exprimant à la télévision, le général de Gaulle n'aura pas un mot pour les victimes de ce drame, bien que leur devant son retour au pouvoir. La presse s'abstiendra également d'en faire état sans qu'il soit nécessaire de le lui demander.
Pour les uns et les autres, il est clair que l'Algérie est une affaire classée... Ce déni malheureux fait que la guerre d'Algérie est encore, plus d'un demi-siècle après, une plaie ouverte au flanc de la nation française.
Bouleversés par ce qu'ils considèrent comme une trahison de la France à leur égard, les Algériens de souche européenne ou israélite, au nombre d'un million (10% de la population), prennent alors la résolution de fuir le pays sans attendre le référendum qui doit avaliser les accords.
Les départs vont s'accélérer après le massacre d'Oran, le 5 juillet 1962.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
Lobigu (27-03-2019 12:07:58)
Algériens de souche européenne ou israélites?? pourquoi ne pas dire plutôt les français d'Algérie, en majorité le petit peuple français d'Algérie, a beaucoup souffert du reniement de beaucoup... Lire la suite
lezin (02-07-2006 15:51:43)
Encore un nostalgique de la periode coloniale. Tu devrais remonter aux guerres napoleoniennes pour te desoler de la perte d'influence de la France qui est due uniquement a ses propres turpitudes inter... Lire la suite
Cyrille (13-06-2006 15:26:58)
L'Algérie, la France l'a perdu en 1918 en refusant la nationalité aux combattants coloniaux. On peut gloser maintenant sur la décision de de Gaule, qui est surtout celle de 90% des français de l'Ã... Lire la suite