21 avril 1961

Putsch d'Alger

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français tentent de soulever les militaires stationnés en Algérie et les Pieds-noirs dans un effort désespéré pour maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française. C'est le putsch d'Alger. Il va piteusement échouer en quatre jours.

Un sauveur ?

Trois ans plus tôt, en mai 1958, le général Charles de Gaulle a été ramené au pouvoir à la faveur d'un vrai-faux coup d'État provoqué par ses fidèles, alliés pour la circonstance avec les partisans du maintien de l'Algérie dans la République française.

Mais le 16 septembre 1959, dans une déclaration télévisée à grand retentissement, de Gaulle évoque pour la première fois le « droit des Algériens à l'autodétermination » ! Les militants de l'Algérie française s'estiment trahis. Le général doit sévir. Il limoge le général Massu. Les Pieds-noirs, dépités, s'insurgent à Alger au cours d'une meurtrière « Semaine des Barricades », du 24 janvier au 1er février.

Le 8 janvier 1961, le peuple français approuve par référendum le principe de l'autodétermination des Algériens de toutes conditions. Enfin, dans une conférence de presse, le 11 avril 1961, de Gaulle parle de l'Algérie comme d'un « État souverain ». L'opinion publique, en métropole, a hâte d'en finir avec une guerre de sept ans où de nombreux jeunes gens ont déjà perdu leur vie ou leur honneur.

L'amertume des militaires

En Algérie, beaucoup de militaires s'indignent d'avoir vaincu pour rien l'ennemi sur le terrain.

Le général d'aviation Maurice Challe (55 ans) est à l'origine de cette victoire incontestable incontestable sur le FLN. Il est sollicité par un petit groupe de colonels. Ces militaires d'active, qui ont été défaits en Indochine, ne supportent pas de perdre l'Algérie sans avoir été, cette fois, battus.

Après la conférence de presse présidentielle du 11 avril 1961, Challe se décide à franchir le Rubicon. Il convainc l'ancien général d'aviation Edmond Jouhaud (55 ans) et le général d'artillerie André Zeller (63 ans) de le rejoindre dans une nouvelle « Révolution ». Il s'agit de réitérer le coup du 13 mai 1958, cette fois contre le général de Gaulle.

Le 20 avril 1961, au soir, Challe reçoit discrètement à Alger le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, chef par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (la Légion étrangère). Ses hommes prennent le contrôle d'Alger dans la nuit du 21 au 22 avril.

Putsch d'opérette

À l'aube du samedi 22 avril, à 8h45, le général Challe s'exprime sur Radio-Alger : « Officiers, sous-officiers, gendarmes, marins, soldats et aviateurs : je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud et en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment : garder l'Algérie ».

Mais dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le gouvernement fait arrêter à Paris les sympathisants des putschistes. Tout est fini à six heures du matin.

En Algérie même, Challe se contente d'arrêter les représentants du gouvernement. Il se refuse à armer les Pieds-noirs qui le soutiennent. Il a la satisfaction d'être rejoint par le prestigieux général Raoul Salan (62 ans). Les quatre généraux forment un « Conseil supérieur de l'Algérie ». Mais ils n'arrivent pas à rallier les officiers de haut rang et se heurtent surtout à l'hostilité des jeunes appelés du contingent, indifférents pour la plupart à ces querelles sur l'avenir de l'Algérie.

Contre-attaque verbale

Charles de Gaulle laisse les généraux factieux s'enferrer, avec le secret dessein de dramatiser la situation pour resserrer les citoyens autour de lui et des nouvelles institutions de la Ve République, encore très fragiles.

Le dimanche soir 23 avril, il apparaît en uniforme à la télévision et lance des mots qui font mouche : « Un pouvoir insurrectionnel s'est installé en Algérie par un pronunciamiento militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite... Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer la route de ces hommes-là... J'interdis à tout Français et d'abord à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres... ». C'est fini.

Publié ou mis à jour le : 2019-08-29 16:59:20
Claude Edouard (22-04-2024 14:12:34)

C'est bien beau de taper sur l'OAS, mais pas un seul mot dans cet article sur celui qui a déclaré que la France ne quitterait jamais l'Algérie et a envoyé ên Algérie le contingent dont je faisais partie. Il a d'ailleurs grâcié et réintégré les putchistes. Qui était cet homme qui a régné pendant quatorze ans sur la France?

PITTA (21-04-2024 19:53:37)

MASSU n'a pas été limogé !! Il a été mis en disponibilité avec l'obligation de résider en France, avec solde complète !! le 13 Mai DE GAULLE s'est rendu à Alger où avait été créé un Comité de Salut Public dans lequel figurait MASSU, DE GAULLE en arrivant a salué MASSU en lui disant "alors MASSU toujours aussi con ..." et MASSU lui a répondu "toujours gaulliste mon général" ... MASSU, Compagnon de la Libération était très apprécié de DE GAULLE qui d'ailleurs lui a confié le commandement en chef des troupes françaises en Allemagne et c'est vers lui qu'il est allé chercher du réconfort lors des évènements de Mai 68 ...

Pierre de LACROIX (20-03-2016 14:31:02)

Ayant vécu de près l'insurrection d'Alger (en Avignon, nous recevions très bien France V émetteur d'Alger!...) et ayant fréquenté de nombreux pieds noirs et militaires ayant servi en Algérie, je peux dire que je comprends les rancœurs vis à vis du Général de Gaulle qui s'est servi du problème algérien pour revenir aux affaires et en suite s'est défaussé des illusions qu'il a laissé naître chez les militaires et les pieds noirs de l'arrimage de l'Algérie à la France. Je comprends parfaitement son cheminement intellectuel qui l'a amené à la conviction qu'il était impossible de conserver l'Algérie au sein de la France, mais le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne s'est pas empressé de demander un nouveau mandat aux électeurs pour conduire cette séparation de l'Algérie alors qu'il avait été appelé et élu pour conserver l'Algérie à la France. Ce fut un cas de conscience pour beaucoup de militaires qui ont dû tenir un double langage devant les algériens qu'ils protégeaient, les assurant que la France ne les abandonnerait jamais, alors qu'ils sentaient bien que le pouvoir politique était en train de basculer vers l'abandon. De Gaulle pensait que l'armée n'était faite que pour obéir aux ordres sans état d'âme, mais que certains aient pu se rebeller comme lui l'avait fait le 18 juin 1940 lui était inadmissible! D'ailleurs le pouvoir politique a fini par réintégrer les militaires putschistes dans leurs grades et distinctions plusieurs années après, ce qui est un aveu de leur part!

cch (12-10-2006 09:22:24)

"sinistre OAS"
Dommage, dans un exposé assez objectif, de brusquement prendre parti par cet adjectif péjoratif. Qui est "sinistre" l'institution? Ses objectifs? Les hommes qui la composent?

Remarquons que vous ne parlez pas des causes qui ont poussé au Putch ou à l'entrée dans l'OAS (pourtant essentielles pour comprendre l'histoire), par exemple, vous ne parlez pas des crimes du FLN (crimes que vous ne qualifeiez jamais de "sinistres")pour expliquer l'entrée dans l'OAS. Evoquer l'un sans l'autre fait perdre le sens de tout cela.

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