Le 11 février 1961, à Madrid, Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde fondent l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), une organisation clandestine destinée à maintenir coûte que coûte l'Algérie dans le giron de la République française.
Comme beaucoup de pieds-noirs (dico) et de militaires, ces deux activistes s'indignent du revirement du général de Gaulle qu'ils ont porté au pouvoir le 13 mai 1958 au nom de l'Algérie française... Ils prennent le parti de combattre l'armée française en appliquant les méthodes terroristes qui ont si bien réussi aux indépendantistes algériens du FLN.
Dès le 31 mars 1961, l'OAS commet un premier acte terroriste en assassinant Camille Blanc, le maire de la ville d'Évian, où viennent de s'ouvrir les pourparlers de paix entre Français et Algériens.
L'OAS multiplie ensuite les attentats à l'explosif, en Algérie comme en métropole, contre les meublés et les cafés qui abritent des travailleurs algériens. Une quinzaine ont lieu rien que dans la nuit du 24 août 1961, faisant des blessés.
Le 8 septembre 1961, une poignée d'anciens militaires organise un attentat contre le président de la République lui-même, alors qu'il se rend avec son épouse à Colombey-les-Deux-Églises. La voiture du général de Gaulle est secouée par une charge de plastic tandis qu'elle traverse le village de Pont-sur-Seine (Aube), heureusement sans dommage corporel grâce au savoir-faire du chauffeur Francis Marroux. Les organisateurs de l'attentat seront jugés à Troyes et condamnés à des peines de prison.
Mais c'est surtout après le drame du 7 février 1962 que l'opinion métropolitaine se retourne contre l'OAS, lorsqu'une bombe déposée au domicile du ministre André Malraux, à Boulogne-sur-Seine, blesse au visage une fillette, Delphine Renard.
Cette « bavure » suscite le lendemain une manifestation de masse à l'est de Paris. Suite à une charge violente de la police, huit manifestants meurent étouffés devant les grilles du métro Charonne.
Le général de Gaulle engage la répression contre l'OAS. Mais jusqu'à la signature des accords d'Évian, il se garde d'utiliser l'armée contre elle, sachant que de nombreux officiers lui sont favorables. Il préfère mobiliser la police et des officines occultes, les « barbouzes ».
Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, l'OAS se lance dans une fuite en avant meurtrière et désespérée.
Multipliant les attentats aveugles, ses commandos Delta se rendent responsables d'environ 2 400 assassinats de Français et surtout d'Algériens. Ils bénéficient du soutien de nombreux pieds-noirs et militaires, parmi lesquels les généraux Raoul Salan et Edmond Jouhaud. Ces putschistes rentrés dans la clandestinité prennent la tête de l'organisation.
Leur mot d'ordre, sur les murs et les chaussées : « L'OAS frappe où elle veut, quand elle veut »
En métropole même, sous la direction du capitaine Pierre Sergent, l'OAS poursuit les attentats contre les personnalités et assassine un total de 71 personnes au cours de ces « nuits bleues ».
Mais l'armée, les « barbouzes » et la police ne restent pas inactifs avec un total de dix mille personnes arrêtées et plus de trois mille condamnées. Le 25 mars 1962, le général Jouhaud est arrêté à Oran, de même que l'officier de marine Pierre Guillaume, surnommé le « Crabe-tambour » (il inspirera un livre et un film à Pierre Schœndœrffer). Le 7 avril 1962, c'est le tour du lieutenant Roger Degueldre, fondateur des commandos Delta. Il sera fusillé le 6 juillet 1962 au fort d'Ivry. Le général Salan est également arrêté le 20 avril 1962.
Décapitée, l'organisation poursuit néanmoins assassinats et destructions. Le 7 juin, la bibliothèque universitaire d'Alger est incendiée cependant qu'à Oran sont détruites la mairie, la bibliothèque municipale et quatre écoles. Les violences de l'OAS - comme du FLN - se poursuivront jusqu'au départ en catastrophe des derniers Européens.
Le 22 août 1962, l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle en personne met un point final à la tragédie algérienne (il semblerait que l'instigateur de cet attentat, le colonel Bastien-Thiry, ait été aussi à l'origine du précédent attentat contre le président, le 8 septembre 1961).
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