30 juin 1960

Indépendance douloureuse du Congo belge

Le Congo, de son nom officiel République démocratique du Congo, est quatre fois plus vaste que la France et bien plus peuplé (100 millions d'habitants en 2020). Il bénéficie de ressources naturelles exceptionnelles, avec des terres fertiles et des pluies abondantes ainsi qu'un sous-sol truffé de diamants, d'or, de cuivre, de cobalt etc. C'est un « scandale géologique » de l'avis des experts. Mais ses habitants sont parmi les plus démunis de la terre et l'Histoire n'a pas été bienveillante pour ce très ancien pays.

Lorsqu'en 1958, la France décida de donner l'indépendance à ses colonies africaines, des manifestants réclamèrent la même chose à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), capitale du Congo belge. Les Belges ne se firent pas prier et accédèrent à leur demande sans ménager de transition. Joseph Kasavubu devint président de la République et son rival Patrice Lumumba chef du gouvernement.

Le climat se dégrade très vite en raison du manque d'élites et des dissensions entre les populations de cet immense pays. Dans les rues, les soldats s'en prennent à leurs officiers européens et aux colons. C'est le début des désordres. Ils feront au total quelques 500 000 victimes chez les Congolais et les Européens.

André Larané

Arrivée du roi des Belges, Baudouin, le 29 juin 1960, à Léopoldville, pour la célébration de l'Indépendance du Congo. Il est accueilli à l’aérodrome de Ndjili par Joseph Kasavubu, président de la république du Congo indépendant et Patrice Lumumba, Premier ministre. En agrandissement : festivités lors de l'indépendance du Congo Belge le 30 juin 1960.

Sécession au Katanga

L'immensité du pays rend toute forme de centralisation illusoire. Dans la province du Katanga, où se situent les mines de cuivre et de cobalt qui font la fortune du pays, Moïse Tshombé fait sécession avec le soutien actif de la compagnie qui exploite le cuivre et l'appui de mercenaires européens. Patrice Lumumba en appelle à l'ONU, qui envoie rapidement des « Casques bleus ». Mais ceux-ci se gardent bien de s'immiscer dans les affaires intérieures du pays (un demi-siècle après, ils sont toujours sur place et ne montrent guère plus d'efficacité).

En désespoir de cause, le Premier ministre Lumumba se tourne vers les capitales européennes et en vient à faire appel à Moscou. L'URSS bénéficie d'un préjugé très favorable dans les élites du tiers-monde comme d'ailleurs chez les intellectuels européens mais son intervention directe dans la guerre civile du Congo affole les chancelleries occidentales.

Le 4 septembre 1960, Lumumba est révoqué par le président Kasavubu et se voit interdire l'accès à la radio nationale. La paix civile ne se rétablit pas pour autant...

Le colonel Joseph Mobutu, un ancien sergent propulsé chef d'état-major et secrétaire d'État, commet un premier coup d'État le 14 janvier 1960. Il arrête Lumumba et le livre à Tshombé qui le fait exécuter. Le gouvernement belge et la CIA américaine sont très vite suspectés d'avoir trempé dans l'élimination du leader congolais, jugé trop « progressiste », trop véhément, trop conciliant aussi avec l'Union soviétique.

De nombreuses séditions éclatent dans le pays à l'initiative des nostalgiques de Lumumba, avec le soutien des Soviétiques et des Cubains, y compris même le révolutionnaire castriste Che Guevara. Le futur dictateur Laurent Kabila est de la partie. Quelques mois après l'indépendance, le Congo est au bord de l'éclatement. Mobutu restitue le pouvoir à Kasavubu et tous les deux tentent de rétablir leur autorité sur le pays.

De difficiles négociations s'ensuivent avec le Katanga, virtuellement indépendant. Le secrétaire général de l'ONU, le Norvégien Dag Hammarskjöld, très impliqué dans ces négociations, trouve la mort dans un bizarre accident d'avion (18 septembre 1961).

Sous la pression des « Casques bleus », Tshombé rend enfin les armes et met fin à la sécession en janvier 1963. Il se rapproche de son ancien ennemi, le président Kasavubu, et prend la tête du gouvernement. Mais il est haï par l'Afrique « progressiste » et Kasavubu doit le renvoyer le 13 octobre 1965. Lui-même est à son tour renversé un mois plus tard par son chef d'état-major.

Une dictature ubuesque

Le 24 novembre 1965, Mobutu devient chef de l'État à l'occasion d'un nouveau putsch. C'est la fin de la première guerre civile et le début d'une longue dictature.

La corruption commune à tous les nouveaux États africains dépasse ici les bornes. Les énormes revenus miniers sont dilapidés par le petit cercle dirigeant. Les gouvernements occidentaux ferment les yeux car, guerre froide oblige, ils craignent que le régime ne bascule dans le camp soviétique.

Sous prétexte d'effacer les traces de la colonisation, Mobutu change le nom du pays en Zaïre et procède à une « zaïrianisation » des prénoms, des vêtements (le dictateur impose l'« abacost » - à bas le costume -, une veste mao à sa façon)... mais aussi des entreprises. Celles-ci sont accaparées par les proches du pouvoir, lesquels les mènent à la ruine en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. La production de cuivre chute de 500 000 tonnes en 1987 à 25.000 en 1995.

Le chef de l'État n'a bientôt plus qu'une autorité formelle sur le pays. Tandis que sa soldatesque, faute d'être payée, met régulièrement au pillage la capitale, Mobutu se calfeutre sur son yacht ou dans son luxueux palais de la forêt, à Gbadolite, sur les rives de l'Oubangui.

Vieilli et malade, il est chassé en 1997 par des envahisseurs venus des pays voisins, le Rwanda, l'Ouganda, le Zimbabwe et l'Angola. Les nouveaux venus installent Kabila à la tête de l'État ou du moins de ce qu'il en reste après le partage de facto des principales provinces minières entre les envahisseurs, le Kivu, le Shaba (ex-Katanga) etc.

Le pays reprend son ancienne appellation et devient la République Démocratique du Congo pour se distinguer du Congo ex-français (sa capitale, Brazzaville, n'est séparée de Kinshasa que par la largeur du fleuve Congo, soit tout de même 4 kilomètres).

Publié ou mis à jour le : 2023-09-06 08:01:03

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