Sans conteste, les Jeux de Melbourne, du 22 novembre au 8 décembre, garderont toujours une saveur particulière pour la France.
Personne ne peut oublier l’image d’Alain Mimoun (35 ans). Le 1er décembre, parti avec le maillot 13, il remporte le marathon sous une chaleur caniculaire, en 2h25. Lorsqu’il entre dans le stade olympique, les 120 000 spectateurs se mettent à hurler.
42 km et le bonheur
Sur la ligne d'arrivée, Alain Mimoun devance son ami et rival de toujours, le Tchécoslovaque Emil Zatopek, qui ne terminera que sixième mais viendra le féliciter chaleureusement après la course : « Je suis content pour toi, Alain ».
C’est une première pour le caporal-chef Mimoun né près d'Oran, en Algérie. Il s'initia à la course dans les tirailleurs algériens mais faillit perdre une jambe pendant la bataille du Monte Cassino, en 1944. Il ne dut qu'à l'attention d'un chirurgien de ne pas être amputé.
Déjà médaillé aux Jeux de Londres et d’Helsinki, mais sur d’autres distances, il n’avait jamais couru un marathon. La veille de son triomphe, au comble du bonheur, il avait appris que son épouse venait d'accoucher.
C’est la quatrième médaille d’or française, après celle de Christian d’Oriola au fleuret individuel, de Michel Rousseau en cyclisme sur piste (épreuve de vitesse) et de l’équipe de France de cyclisme sur route.
Avec ses quatre titres, la France termine à la onzième place.
Des boycotts en veux-tu, en voilà
Ces Jeux de la XVIème Olympiade voient la domination de l’URSS toutes disciplines confondues, et des États-Unis en athlétisme. Ils consacrent de grands talents comme l’Américaine Pat Mac Cormick qui remporte les deux compétitions de plongeon, comme à Helsinki, ou le gymnaste ukrainien Viktor Chukarin qui s’attribue 5 médailles, dont trois d’or, portant son palmarès à 11 médailles, dont 7 d’or. C'est aussi l’apparition de véritables phénomènes, telle la sprinteuse australienne Elizabeth “Betty” Cuthbert qui gagne trois médailles d’or (100 et 200 mètres et le relais 4 x 100 mètres) ou d’un autre Australien, le nageur Murray Rose qui, à 17 ans, s’adjuge trois titres olympiques.
Melbourne est également synonyme de nouveautés technologiques avec, pour l’escrime, la mise en place du fleuret électrique et, pour la natation, l’arrivée d’un appareil de chronométrage semi-automatique à affichage numérique.
Des Jeux à part
Décidément, ces Jeux sont des premières à bien des égards. C’est la première fois qu’ils se déroulent dans l’hémisphère sud, en Océanie. C’est aussi la première fois (et la seule à ce jour) que des Jeux d’été sont scindés : en raison d’une quarantaine très stricte interdisant quasiment aux chevaux d’entrer sur le territoire australien, les épreuves équestres se sont déroulés à Stockholm du 10 au 17 juin, alors que Melbourne accueille les autres sports à la fin de l’automne.
Autre « première » de ces jeux : lors de la cérémonie de clôture, les athlètes de tous les pays défilent ensemble. Une manière sans doute de faire oublier le boycottage de certains pays. En raison de l’ intervention franco-britannique sur le canal de Suez, l’Égypte, le Liban et l’Irak ont refusé d’y participer. Et, pour protester contre l’intervention soviétique à Budapest, l’Espagne, la Suisse et les Pays-bas n’ont pas envoyé d’athlètes à Melbourne. Sans oublier la République populaire de Chine qui s’abstient elle aussi en raison de la présence de Taïwan.
Vos réactions à cet article
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Gugu (29-06-2013 11:55:34)
N'oubliez pas le précédent français vainqueur du marathon olympique en 1928, un certain Boughera El Ouafi, également originaire d'Algérie. Une émission de France Culture assez émouvante lui était consacrée le 2 avril dernier (La fabrique de l'histoire, série Colonisation comparée sur cette semaine du 2 avril).
Hugues Gosset (29-06-2013 11:55:14)
Bonjour, j'avais 13 ans, mais ça ne s'oublie pas!